Anna Karénine, de Tolstoï - Première Partie

Je déclare la lecture de groupe officiellement ouverte.

Première étape : la Russie, avec Anna Karénine !

Cette semaine, nous allons essentiellement nous intéresser sur les chapitres 1 à 18, qui font à peu près une centaine de pages, puis nous enchaînerons la semaine suivante sur les chapitres 19 à 34, qui constituent la fin de la Première Partie.

Spoiler:

Le roman de Tolstoï s'ouvre sur une querelle entre les époux Oblonski ; Stepane Arcadievitch a en effet trompé son épouse Daria Alexandrovna avec la gouvernante française. Les chapitres suivants nous permettent de faire la connaissance de ce personnage jouisseur et bon vivant. Fonctionnaire au tribunal, il reçoit Levine, l'un des protagonistes essentiels du roman. Celui-ci est amoureux de Kitty Chtcherbatski, une jeune et charmante jeune fille qu'on découvre faire du patin à glace au Jardin zoologique. Mais Kitty est amoureuse de Vronski, un séduisant officier qui n'a toujours pas demandé sa main, ce qui inquiète sa famille. Lévine se décide lui à demander la main de Kitty, mais celle-ci le refuse. Vronski, cependant, n'est pas amoureux de Kitty ; il aime simplement s'amuser avec elle. Un jour, il se rend à la gare pour aller chercher sa mère ; Stepane Arcadievitch s'y rend également pour aller chercher sa soeur Anna Karénine, qui rencontre Vronski dans un wagon. Mais cette rencontre est marquée par un incident dramatique : un homme est écrasé par un train...

Contrairement à ce que le titre du roman pourrait nous faire croire, Anna Karénine n'est pas le personnage principal du livre. Elle est néanmoins un personnage important, dont l'entrée en scène survient relativement tard...

Tolstoï a l'art de rendre extrêmement vivants la société et les personnages qu'il décrit ; son art évoque celui d'un peintre qui donne vie à l'inanimé.

Quelques questions pour guider votre lecture :

Quelles sont les scènes qui vous ont le plus marqué ?

Quels sont vos personnages préférés ? Ceux qui ne vous inspirent aucune sympathie ?

Que pensez-vous de la scène où Anna et Vronski se rencontrent pour la première fois ?

N'hésitez pas à citer une phrase ou un passage qui vous aurait particulièrement séduit, ou à mentionner les difficultés que peut poser ce texte où les personnages sont foisonnants.

Merci Popila pour cette présentation, qui donne envie de se plonger dans le roman!

Hop, je me lance !!
J’ai terminé la lecture des 18 premiers chapitres de la première partie d’Anna Karénine ce matin , donc je vais vous poster mes premières impressions :
La lecture est plaisante, agréable et pour l’instant, j’accroche bien aux situations et aux différents personnages : il y a une toute petite difficulté non insurmontable, c’est que les différents protagonistes ont plusieurs noms, surnoms et Tolstoï les nomme tour à tour par leurs deux prénoms, puis par leur nom de famille, voire leur surnom. On s’habitue.

Ce que je trouve intéressant dans cette première partie, c’est l’enchaînement des personnages, des lieux et des situations, la manière dont Tolstoï nous les présente, en passant de l’un à l’autre, au fil de la journée , puis du lendemain :
J’ai apprécié d’être guidée d’un personnage à un autre, que ce soit dans ses pensées ou ses actions, ses déambulations dans Moscou pour nous présenter à un nouveau personnage, comme si je les suivais.

Alors, concernant les scènes qui m’ont marquées, je citerais la scène d’ouverture du roman, dans la famille Oblonski où nous est exposé la situation de crise du couple, suite à l’infidélité de Stéphane Arcadièvitch Oblonski .La scène m’est apparue tragi-comique, comme un espèce de vaudeville ,notamment avec le réveil du mari sur son divan, dans son cabinet de travail ( assez classique) à l’épouse qui, dans sa chambre, tente vainement pour la dixième fois de faire sa valise mais qui ne s’y résout pas vraiment: je me suis sentie partagée entre la colère, l'indignation de l'épouse bafouée au rire par rapport aux attitudes de l'époux qui , même s'il tire une petite larme , retrouve une certaine désinvolture par la suite; J'ai noté cette réflexion du mari quand sa femme a tourné les talons :

Citation :

« Ah !quelle horreur ! Et quelles façons vulgaires elle a vraiment, se disait-il en se rappelant son cri ainsi que les mots « infamie » et « maîtresse ».Pourvu que les petites n’aient rien entendu! … »

ce qui m'a aussi marqué , c’est la demande en mariage de Lévine à Kitty dans le salon des Stcherbatskis . J’ai presque éprouvée de la pitié pour lui quand, suite au refus de la jeune fille, il tente de partir mais pas avant d’avoir subit des piques de la part de la Comtesse Nordston et de voir Kitty subjuguée par Vronski.D'ailleurs, quand on connaît mieux les intentions de ce dernier et que le mariage n'est pas à son programme , on peut éprouver bien plus de peine pour Levine.

Et puis la première rencontre entre Anna et Vronski est délicieuse ; se croisant à l'entrée du wagon, ils se retournent tous deux pour regarder l'autre, comme s'ils se reconnaissaient. Là encore, on pourrait y voir la scène classique du premier regard mais j'avoue que c'est assez plaisant.

Je n'ai pas encore de grands avis sur les personnages, j'attends d'être un peu plus loin dans le roman, mais j'ai déjà de la sympathie pour Oblonski et Levine qui représentent deux facettes bien distinctes, des contraires: le premier est un oisif, arrivé à un haut poste grâce à son caractère hâbleur et je l'ai perçue comme un jouisseur de tout ce que peut offrir une grande ville à un homme dans sa position.Il est drôle et parfois agaçant. A la différence, Lenine est timide, en retrait; il fuit la ville et ses excès ( sa réflexion sur les ongles et manches des collègues d'Oblonski le perturbent) pour une vie à la campagne, où le travail a toute son importance. Même si c'est un propriétaire terrien, je ne l'ai pas senti lourdaud.Il m'a paru raisonnable, réfléchi, sérieux.
Concernant Alexis Vronski, il a tout pour plaire, surtout pour la gente féminine et on ne doit pas s'étonner que Kitty soit éblouie par sa belle figure, sa prestance et son assurance mais j'attends d'en lire plus sur son compte , tout comme Anna karénine qui n'apparait qu'à partir de ce chapitre 18.
Comme personnage antipathique, la comtesse Nordston se défend bien et j'espère qu'on va la retrouver un peu plus loin dans le roman

Je l'ai dit plus haut, la rencontre d'Anna et Alexis est charmante, principalement ce regard échangé . Ils ont besoin de se retourner pour se regarder. On peut penser qu'Anna la reconnut comme étant le fils de sa voisine de wagon. D'ailleurs elle reviendra pour saluer la mère de Vronski et échanger quelques mots. On sent qu'Alexis est attiré par cette jolie femme, pleine d'élégance , il est heureux de serrer sa main, il la suit des yeux quand elle rejoint son frère.Il y a une attirance évidente, surtout de son côté mais je n'irais pas jusqu'au coup de foudre. Du moins, c'est ma première impression.
Ce qui m'a le plus frappé, c'est plutôt l'accident qui fait suite à cette rencontre, quand un homme est écrasé par un train. Anna y voit un présage funeste et cette réflexion m'a troublée. J'ai senti que cette rencontre ne se présentait pas sous de bons augures et qu'il est bien possible que tout ceci finisse par un drame . D'ailleurs, la reflexion d'anna m'a fait penser ce matin, à un fait historique , survenue bien après la publication du roman en Russie : lors du couronnement du Tsar Nicolas II, une bousculade dans la foule a provoqué des morts et des blessés et la population y a vu un présage funeste pour le couple ... Concernant Anna, seule la lecture m'en donnera confirmation (ou pas ) .

Voilà ce que j'ai retenu de ma lecture, c'est mon premier compte rendu ( depuis le lycée) et j'espère ne pas être trop confuse, en plus d'avoir fait un long post ...
en tous les cas, je compte mieux développer mes impressions par la suite et attends de connaître les vôtres
Et maintenant, attaquons le chapitre 19

Eh bien ma foi, Miss Gally, c'est un premier post extrêmement riche et intéressant que tu nous donnes à lire là ; je partage ton avis concernant beaucoup de points, en particulier l'analyse du caractère d'Oblonski et celui de Lévine.

Je suis déjà rendue au chapitre 22 tellement j'aime ce livre. Je m'attendais à des passages descriptifs +++ où je risquerai de m'endormir et je suis surprise qu'il n'y est pas une phrase de trop !
C'est un roman très riche !

La scène qui m'a marquée et je ne sais pas pourquoi d'ailleurs c'est la patinoire. Peut être la tendresse qu'ils ressentent l'un pour l'autre et la gêne de Kitty. Elle a l'air d'être charmante et je comprends qu'elle soit "éblouie" par l'attention que lui porte Vronski alors qu'elle ressent de l'amour Lénine.
J'ai beaucoup aimé la première phrase de l'oeuvre « Toutes les familles heureuses se ressemblent. Chaque famille malheureuse, au contraire, l’est à sa façon. ».
La rencontre entre Anna et Vronski me fait penser à la rencontre de deux personnes n'étant pas bien dans leur vie qui se reconnaissent. D'où le sentiment de malaise.
Oblonski me parait être un homme assez "niais" au contraire de Lenine qui lui aurait tendance à trop "conceptualiser". Leur amitié est assez surprenante du reste car les sujets de conversation ne doivent pas être évidents.

Je suis très heureuse que ce roman déclenche l'enthousiasme de ses lectrices dès les premières pages !

patacaisse a écrit:

La scène qui m'a marquée et je ne sais pas pourquoi d'ailleurs c'est la patinoire. Peut être la tendresse qu'ils ressentent l'un pour l'autre et la gêne de Kitty. Elle a l'air d'être charmante et je comprends qu'elle soit "éblouie" par l'attention que lui porte Vronski alors qu'elle ressent de l'amour Lénine.

J'aime beaucoup la scène de la patinoire également ; je la trouve très "vivante" - on s'y croirait.

Citation :

J'ai beaucoup aimé la première phrase de l'oeuvre « Toutes les familles heureuses se ressemblent. Chaque famille malheureuse, au contraire, l’est à sa façon. »

C'est une très belle phrase, qu'un livre assez récent (L'élégance du hérisson de Muriel Barbery) met à juste titre en avant.

Citation :

La rencontre entre Anna et Vronski me fait penser à la rencontre de deux personnes n'étant pas bien dans leur vie qui se reconnaissent. D'où le sentiment de malaise.

C'est une remarque intéressante, je n'y avais jamais songé.

Citation :

Oblonski me parait être un homme assez "niais" au contraire de Lenine qui lui aurait tendance à trop "conceptualiser". Leur amitié est assez surprenante du reste car les sujets de conversation ne doivent pas être évidents.

Oui, c'est assez vrai. Et pourtant, ils ont l'air de bien s'entendre. Oblonski est quelqu'un de tellement chaleureux qu'il fait fondre ses interlocuteurs, qui en oublient son absence de principes moraux bien clairs. La façon dont est décrit le fonctionnement de l'administration de la Russie est par ailleurs assez édifiante... J'aime bien la scène du restaurant, où ils mangent des huîtres.

Moi aussi. Je m'imagine très bien la scène également. Un lieu où il a ses repères en habitué et Levine qui ne sait pas où se mettre.

J'ai devoré les 18 premiers chapitres ce week end
J'ai été agréablement surprise, je m'attendais à une lecture plus fastidieuse que ça. L'une des raisons pour lesquelles ce genre de gros roman me fait peur, c'est justement parce qu'il parfois de très (trop ) longs passages descriptifs.
Mais avec Anna Karénine, on plonge directement dans le vif du sujet et en lieu de description, on a le droit à la présentation d'une galerie de personnages plus intéressant et intriguant les uns que les autres.
J'aime la façon superbement habile dont les scènes s'enchainent sans efforts, sans que cela semble être le moins du monde laborieux. C'est juste naturel et efficace, très bien écrit.
L'écriture , justement, était une autre chose qui me faisait peur, mais je trouve le style simple, compréhensible, entrainant, pas ampoulé et lourd comme je le craignais.
Je suis vraiment contente de m'y être mise
Une scène qui m'a marquée c'est celle où Lenin attend Oblonsky pendant qu'il discute avec un personnage assez cultivé,un professeur me semble t'il. Lenin semble avoir des idées assez interessantes et directes, mais sa manière de penser ne semble pas convenir au professeur qui semble mépriser le fait que Lenin ait ne serait ce qu'une opinion sur le sujet. C'est la première fois que j'ai eu un vrai sens des classes dans ce livre, Oblonsky semblant être un homme qui ne se trouble pas de ce genre de choses, je m'étais à peine aperçue que Lenin était de classe inférieure aux autres.
Ce qui explique que la mère de Kitty ne soit pas favorable à une éventuelle union... Mais cette mère est un personnage que je n'aime guère J'ai une vraie préférence pour les personnages masculins pour le moment, Oblonsky surtout, mais je crois qu'il peut rapidement m'agacer.
Côté personnages féminins, j'aime beaucoup Kitty et j'ai hâte de voir comment sa personnalité (et ses amours ) vont évolué.
Pour ce qui est de la rencontre ente Anna Karénine et Vronsky, je n'en pense vraiment pas grand chose J'ai beau connaitre un peu l'avenir de ce "couple", cette rencontre n'avait, à mes yeux, vraiment rien de particulier.

En tout cas c'est une lecture que j'apprécie beaucoup et je suis vraiment heureuse d'avoir franchi le pas grâce à cette lecture de groupe.

Merci pour ton avis, Bagatelle ; contente que cette lecture te plaise. Pour la scène de la rencontre entre Anna et Vronski, peut-être que cet élément prendra du sens plus tard. Sinon, c'est intéressant, ce que tu dis de Lévine et de son sentiment d'infériorité, je pense que nous serons amenés à en reparler.

J'enchaîne avec la présentation de la fin de la Première Partie :

Anna Karénine se rend chez Dolly Oblonski et réussit à réconcilier les deux époux. Anna lie également connaissance avec Kitty, qui est subjuguée par le charme de sa nouvelle amie. Anna et Kitty se rendent au bal, où Anna, en dansant avec Vronski, chagrine Kitty, car elle sent bien que Vronski est davantage attiré par sa nouvelle amie que par elle. Parallèlement, on retrouve Lévine qui rend visite à son frère Nicolas, et qui retourne dans sa propriété pour songer au mariage. Anna repart pour Saint Petersbourg et rencontre Vronski au cours du voyage ; son mari vient la chercher à la gare. Anna et Vronski commencent à être sérieusement troublés l'un par l'autre. Nous découvrons alors leur univers personnel : Anna est extrêmement attachée à son fils Serioja et mène une vie plutôt mondaine et superficielle ; on sent qu'elle n'est affectivement pas très attachée à son époux. Vronski mène lui la vie typique des militaires russes de cette époque.

Quelques questions pour vous guider :

Comment vous apparaît le couple des Oblonski ? Que pensez-vous de cette réconciliation ? Vous paraît-elle fondée sur des bases solides ?

Quelle image avez-vous d'Anna ? Bon ange, ou coquette superficielle et sans coeur ?

Comment vous apparaît Kitty ?

Que pensez-vous du mari d'Anna ? De Vronski ?

N'hésitez pas à faire des remarques complémentaires sur les passages qui vous auraient semblé ennuyeux, ou qui au contraire ont retenu votre attention.

Oops! Je me rends compte que j'ai fait une boulette avec le nom de l'un des personnages Je vais tacher de faire attention la prochaine fois

Oui, Lévine est souvent devenu Lénine, au fil de nos échanges.

corrigé lol

Alors déjà cette deuxième partie de lecture m'a plus ennuyée que la première (surtout le voyage d'Anna et Vronski en train : je baillais).

La vie de couple des Oblonski me parait d'une linéarité qui restera à vie. Elle ne peut pas quitter un homme tel que lui car de toute façon elle sait qu'elle sera seule avec ses enfants et ne trouvera pas mieux. Lui a trouvé un équilibre à avoir sa femme à la maison et une maîtresse à l'extérieur. C'est un équilibre de couple qui ne donne pas envie mais qui leur réussit.

J'aime beaucoup le personnage d'Anna et ça m'étonnerai qu'elle ne reste pas pour moi l'Héroïne. C'est une femme d'une grande bonté mais qui est "coincée" dans une vie qu'elle n'aime pas. Je la sens à l'étroit dans sa vie, engoncée dans une société qui ne lui convient pas.


Le personnage de Kitty est un personnage attendrissant, cela m'a fait mal pour elle qu'elle voit d'une manière aussi flagrante la préference qu'à Vronski pour Anna. Je suis curieuse de savoir ce qu'il va devenir d'elle.

Le mari d'Anna me parait un homme imbu de lui même, ennuyeux comme la pluie, qui n'a pas l'air d'avoir de grandes considérations pour les pensées et les réflexions de sa femme. Antipathique au possible;

Vronski m'énerve car il parait prétentieux, arrogant.

Mon sentiment sur les 18 premiers chapitres (très occupées ce w-e, pas pu poster !). Il es tard, je serai donc brève :p

J'apprécie la lecture, je m'attendais à qqch de lourd... et, finalement, mes a priori étaient infondés.
En ce qui concerne les personnages, j'aime beaucoup Lévine, la façon dont il s'oppose à une société qui ne lui convient pas, quel que soit l'image que l'on puisse avoir de lui. J'aime les personnages (tant littéraires que réel d'ailleurs) qui ont le cran de s'écouter et de vivre la vie qu'il souhaite sans se préoccuper de ce que la Société voudrait imposer.
Je suis dans l'expectative concernant certains personnages (Kitty, Vronski, Anna) : je verrai en avançant dans le roman.
En revanche, je n'ai aucune sympathie pour Oblonsky comme certaines d'entre vous : il m'horripile et m'ennuie ni pour la mère de Kitty.

Le passage qui a le plus retenu mon attention est celui où les parents de Kitty discutent des prétendants de leur fille et où le père de Kitty exprime sa sympathie envers Lévine et sa désapprobation concernant Vronsky dont il a bien jugé le caractère insouciant et désinvolte. Il est tellement rare que la clairvoyance soit attribuée aux hommes !

Personnellement, le personnage qui m'agace le plus dans le livre, c'est Vronski ; je le trouve fade et suffisant. Il a des bons côtés, mais le fait qu'il s'agisse d'un joli garçon sans véritables principes à qui tout réussit ou presque parce qu'il est séduisant m'irrite au plus haut point.

Anna est un personnage complexe, que par moments j'ai du mal à aimer, mais qui est très intéressante quand même. Elle est véritablement fascinante.

Kitty est très naïve, mais elle me touche beaucoup ; elle est très jeune, très sensible, et son chagrin d'amour va la faire beaucoup souffrir.

Oblonski et Dolly forment un couple très imparfait, mais aussi très humain.

Lévine est un personnage qu'on pourrait à juste titre considérer comme trop intellectuel et ennuyeux, mais sa recherche d'une vie en conformité avec ses principes me le rend très proche. J'ai le sentiment que Tolstoï a mis beaucoup de lui-même dans ce personnage, de même que dans Guerre et Paix, il est difficile de ne pas reconnaître un peu de Tolstoï derrière le personnage de Pierre.

Tous ces couples fonctionnent de manière assez différente et Tolstoï nous offre un belle palette de specimens !

Je trouve les personnages de Tolstoï assez modernes : ils ont beau être des bourgeois russes du XIXème siècle, je trouve qu'ils ont quelque chose d'universel. Kitty, Anna, Lévine sont très différents de nous, mais ils ont tous des aspects qui nous poussent à nous reconnaître en eux, au moins à un moment de notre vie, ou qui nous font penser à des personnes plus ou moins proches de notre entourage.

La vision qui nous est donnée de la société russe est intéressante,elle aussi, en particulier la peinture des fonctionnaires, des militaires, et du rôle de l'épouse dans un couple.

je te rejoins sur ce point, Popila ; Vronski est un personnage qui m'agace aussi avec son manque de principes mais comme il est militaire, je pense qu'il est habitué à la notion de "vaincre" et que rien ne peut lui resister, surtout s'il compte sur son charme comme une arme . Il me fait penser à Franck Churchill ( Emma) par moment.

J'ai senti que le personnage d'Anna était beaucoup plus complexe à la lecture de la deuxième partie. C'est une femme que je sens "piégée" par son milieu devenu étriqué, elle s'ennuie et n'a plus d'estime, d'amour pour son mari. Je crois que c'est l'attirance pour Vronski qui va le lui révéler ( ou confirmer), en venant à Moscou . J'en viens même à penser qu'elle a volontairement fait exprès de "faire de l'ombre " à Kitty , lor du bal, alors qu'elle savait que la soirée était importante pour la jeune fille. Elle est tour à tour un "bon ange" puis une "garce" presque . Je ne sais pas si elle est bien sincère quand elle a un entretien avec Dolly, le lendemain du bal... Par moment, j'ai dû mal à l'apprécier et la comprendre dans ses actions, ses réactions mais c'est un personnage très intéressant.

Concernant le couple Oblonski, je schématise mais j'ai trouvé là le type même du couple bourgeois du 19ème siècle ; l'époux trouve un équilibre entre son foyer et ses maîtresses, quand à l'épouse, elle doit assurer la descendance. Leur réconciliation est dans l'ordre des choses pour maintenir les apparences, le foyer, les convenances mais tout va continuer comme avant.

Le personnage de Kitty nous montre une jeune fille naïve, qui fait son entrée dans le monde et elle est confrontée très tôt à la déconvenue, à son premier gros chagrin d'amour, et pour ça, elle est touchante, attendrissante. Je l'aime bien mais son sort m'inquiète .

Citation :

le père de Kitty exprime sa sympathie envers Lévine et sa désapprobation concernant Vronsky dont il a bien jugé le caractère insouciant et désinvolte. Il est tellement rare que la clairvoyance soit attribuée aux hommes !

Pareil, j'ai été agréablement surprise du point de vue du père de Kitty. ça a le mérite d'être noté. Il a ma sympathie, ce qui ne peut être le cas du mari d'Annane qui ne peut pas en inspiré , de la sympathie; il est sec, raide et fait d'autosatisfaction.

Citation :

La vision qui nous est donnée de la société russe est intéressante,elle aussi, en particulier la peinture des fonctionnaires, des militaires, et du rôle de l'épouse dans un couple.

Cette haute société russe reste proche des autres sociètés européennes ,surtout grâce à son cosmopolitisme.

Je viens de lire tous les posts et j'ai bien ri de la confusion Lenine Lévine.

Bon, je vais faire simple, c'est vrai que la narration est plaisante car les chapitres sont courts, et le cheminement facile on passe de personnages en personnages, ce qui permet de bien comprendre les liens de parentés. J'aime beaucoup aussi la manière dont Tolstoi dévoile les pensées intimes des personnages, ce qui ne se dit pas.

Pour ma part, je n'éprouve pas de sympathie pour l'un des personnages c'est juste le commencement, je les trouve tous tres sérieux et engoncés dans le carcan des conventions. Le passage qui évoque la manière de trouver un mari pour une jeune fille en est le reflet

Citation :

Alors comment faire pour se marier aujourd'hui? Nul ne le savait ...De nos jours il est temps d'abandonner la veille coutume....dès lors, il vaut mieux laisser ses enfants s'arranger comme ils l'entendent....Parler ainsi était commode pour ceux qui n'avaient pas de filles, mais la Princesse se disait qu'ainsi sa fille pouvait devenir amoureuse d'un homme qui ne voudrait pas d'elle, ou qui serait indigne d'être son mari

Oblonsky ne me plait pas du tout, je le trouve assez opportuniste, déja de part son mariage, de part son attitude vis à vis de Dolly et de la compétition entre Lévine et Vronsky pour la demande en mariage de Kitty, qu'il induit lors du repas avec Lévine. C'est lui qui presse Lévine de faire sa demande à Kitty.

Vronsky aussi me semble opportuniste à la différence d'Oblonsky, il est jeune. Lorsqu'il attend sa mère à la gare, ses pensées sont dévoilés...

Citation :

Au fond il ne respectait pas sa mère; et bien qu'il ne s'en rendît pas compte, il ne l'aimait pas. Cependant selon les usages de son milieu et par suite de son éducation, il ne serait pas permis de lui manquer de respect, ni de soumission; plus il se montrait soumis et respectueux extérieurement envers la vieille dame, moins il l'aimait et le repectait en lui même.

Là aussi ca me fait froid dans le dos!

La rencontre entre Vronsky et Anna Karénine n'a rien d'un hasard, vu qu'ils se connaissent de vue sans avoir été présentés officiellement. Cela implique que l'un et l'autre ont déja une première impression. De plus Anna à voyagé en la compagnie de La Comtesse Vronsky et elles ont échangés sur leurs fils, d'ou leur complicité en gare de Moscou.

Le passage que j'ai apprécié, se situe chez les Scherbatzki au moment de l'arrivée des invités pour la soirée. Lorsque Lévine décide de faire la connaissance de Vronsky et la discussion qui s'ensuit sur les tables tournantes, je le trouve assez courageux de rester alors qu'il vient d'essuyer le refus de Kitty, n'importe qui se serait enfuit pour éviter la honte; mais lui fait front, discute avec La Comtesse Nordston et défend son point de vue rationnel face au phénomène, puis face aux mépris de La Comtesse vis à vis des paysans.

Citation :

Les tables tournantes prouvent que la société soi disant instruite n'est pas supérieure aux moujiks? Ceux ci croient aux sorts, au maubais oeil, aux métamorphoses et vous...

J'ai bien aimé le menu lors du repas d'Oblonsky avec Lévine. Trop copieux!

Bon merci pour les illustrations Popila, tu aimes les peintures d'Orsay.

Constance a écrit:

Merci pour les illustrations Popila, tu aimes les peintures d'Orsay.

Je m'efforce de choisir des tableaux en rapport avec l'atmosphère du roman ; c'est un "hasard" si beaucoup se trouvent au musée d'Orsay.

Un an après, je commence ma lecture d'Anna Karénine . Je suis le programme de la lecture de groupe qui avait été faite pour me donner du courage. Je n'ai pas lu vos commentaires pour que mon avis soit plus objectif.

Tout d'abord, contrairement à mon appréhension, ce roman n'est pas "difficile" à lire, je m'attendais à des descriptions longues et des chapitres de 30 pages, et je suis agréablement surprise : les chapitres sont courts, et on a du mal à arrêter la lecture, tellement le récit est prenant!

Les scènes qui m'ont le plus marquée sont : la scène de la patinoire, la scène du bal et l'accident de train (qui semble prémonitoire).

Les personnages qui me semblent les plus sympathiques sont Kitty et Lévine, ce dernier me fait penser au Pierre Bezoukhov de Guerre et paix. Pour Anna, je ne sais pas encore, je ressens une sorte d'indifférence à son encontre pour l'instant.

Le personnage que j'aime le moins c'est Vronski qui me semble un peu fat, inconséquent.

Je trouve la scène de la rencontre très belle : ce jeu des regards est très subtil.

Je me réjouis de lire tes avis, Miss Virginia.

Me voici pour la lecture de Anna Karenine  

La lecture me plait beaucoup, j'ai terminé la 1ère partie hier et les pages filent entre mes doigts !
J'avais lu Guerre et Paix il y a quelques années et j'avais beaucoup aimé.

Donc un réel plaisir à retrouver ce cher Léon  

POur le moment j'aime beaucoup Lévine, il est intelligent, sensible et semble se sous-estimer... j'espère qu'il va prendre son envol !
Quelle scène que celle où sa demande est rejetée, son malaise, c'est très émouvant.

S'agissant de Anna, elle est mariée avec un homme qu'elle n'aime plus, elle est mère... sa vie semble toute tracée... et pourtant elle plait toujours et lorsque Vronski est ainsi troublée par sa vue, je peux comprendre que Anna se laisse prendre "au jeu"... même si ce jeu est dangereux... la jeune Kitty en fait les frais.
D'ailleurs dans quelle mesure Kitty ne va pas devenir une ennemie pour Anna, je me le demande....

Anna est aussi manipulatrice tut de même... la scène avec Dolly m'a fait grincer des dents...
Par contre j'ai adoré la scène dans laquelle Anna rentre chez elle et croise Vronski à la gare, un passage sublime :

"A cet instant précis, le vent, comme s'il avait vaincu tous les obstacles, balaya la neige du toit des wagons, faisant vibrer au passage une plaque de tôle arrachée. Plus loin le sifflet de la locomotive lançait son appel plaintif. Toute l'horreur de la tempête parut en cet instant à Anna plus belle que jamais. Il lui disait précisément les mots que désirait son âme mais que redoutait sa raison. Elle ne répondit pas et il voyait sur son visage la lutte qu'elle avait à soutenir."

   

Bonne lecture pour la suite Miss Woodhouse, l'un de mes collègues fait partie d'un club de théatre amateur et ils jouent A Karénine cette année, il doit jouer Karénine, le pauvre, il était trop âgé pour jouer Vronsky.

J'espère un de ces quatre m'attaquer à Guerre et Paix.