Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers de Benjamin Alire Saenz

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Ari, quinze ans, est un adolescent en colère, silencieux, dont le frère est en prison. Dante, lui, est un garçon expansif, drôle, sûr de lui. Ils n'ont a priori rien en commun. Pourtant ils nouent une profonde amitié, une de ces relations qui changent la vie à jamais... C'est donc l'un avec l'autre, et l'un pour l'autre, que les deux garçons vont partir en quête de leur identité et découvrir les secrets de l'univers.

Attirée par les nombreuses éloges récoltées par ce roman sur la toile et surtout par les noms des deux personnages principaux, je me suis lancée dans la lecture de ce roman jeunesse avec une certaine impatience et une grande attente. Qu'allait donc me réserver cette lecture? Au fil des pages, ce sentiment d'impatience s'est dissous car le roman n'a pas du tout répondu à mes attentes et sans doute que l'histoire n'était pas celle que j'imaginais. Je crois que c'est un des livres que je vais m'empresser de donner/de vendre lorsque je ferais un petit tri dans ma bibliothèque avant la fin de l'année.

L'histoire est racontée du point de vue de Ari alias Aristote, un adolescent mexicain solitaire et n'ayant aucun ami qui va petit à petit s'ouvrir au monde grâce à Dante, fils unique, fils de professeur de littéraire et donc qui connaît de nombreuses choses. Dante est lui aussi mexicain. Je croyais que les deux personnages (surtout que l'histoire se passe à la fin des 80's) allaient nous plonger au coeur de cette communauté, parfois mal considérée aux Etats-Unis. Et bien...non. Le personnage fait allusion une fois, deux fois à ses origines et puis c'est tout. C'est dommage car il aurait été intéressant d'avoir une vision de la communauté mexicaine car c'est un sujet encore actuel....

Ensuite, je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages: le mal-être d'Aristote m'a inspiré peu de compassion (alors que je m'étais de suite attachée à Charlie, dans Le Monde de Charlie), son copain Dante passe beaucoup trop à pleurer, c'est pénible et surtout

Spoiler:

. La relation qui se développe entre les deux garçons va un peu trop rapidement à mon goût: ils se rencontrent à la piscine et deviennent de suite amis? Ari se décrivant comme un solitaire, j'ai un peu de mal à le voir se lier d'amitié en une journée avec quiconque. Leur relation devient par la suite plus "trouble" mais cette évolution, là encore, se fait trop rapidement et ne montre pas suffisamment les petits changements d'attitude qui s'opèrent lorsqu'une amitié laisse place à un sentiment beaucoup plus profond: je ne dis pas qu'ils doivent se sauter dessus et s'entre-dévorer façon Ana/Mr Grey, loin de moi cette idée, mais avant d'arriver à "je te sauve la vie" (ce que fait Ari), il y avait des petits détails, des petits faits à montrer par petites touches: un regard qui s'attarde, une main qui se frôle, un sourire qui s'épanouit...

Les événements s'enchaînent sans que l'on puisse s'attacher trop rapidement aux personnages, il y a des personnages qui apparaissent, possédant  du potentiel (la tante d'Ari, le collègue de Dante, les deux camarades d'Ari)  mais qui se contentent d'un petit tour et puis s'en vont. Je déplore également la répétition de certaines actions: Ari a un accident, rendez-vous à l'hôpital. Dante a un accident, rendez-vous à l'hôpital. Je peux comprendre que certains lecteurs considèrent cela comme une symbolique (non, mais tu ne comprends pas? Ils sont des âmes soeurs, leurs destinées sont parallèles   ), moi j'ai surtout lu cela comme une ficelle narrative répétitive et paresseuse.

Il est également question de relation parents-adolescents et à ma lecture, j'ai une impression de faux: tout sonne faux dans la relation entretenue entre Ari et ses parents: je peux comprendre et concevoir que certains pères soient traumatisés par certains événements: le père d'Ari a fait le Viêt Nam et en est revenu changé mais c'est dommage que là encore, cette thématique ne soit pas davantage exploitée. Quant au grand frère d'Ari, son histoire est trop rapidement esquissée et c'est regrettable car les actes de ce frère aîné ont des répercussions sur la famille et surtout sur Ari.

Au final, ce roman avait du potentiel et évoquait des sujets difficiles: le mal-être adolescent, la confusion des sentiments, l'acceptation de soi, les relations adolescents-parents, les non-dit...mais ne creusent pas suffisamment les thèmes évoqués, se contentant de les esquisser, d'où mon impression d'un roman un peu creux, manquant d'âme.

Je me tâte beaucoup pour lire ce livre, et j'attends sa sortie en poche. J'ai remarqué qu'au début tout le monde l'adorait, et plus le temps passe, plus je tombe sur des avis ou déçus ou plus nuancés.

J'aurais un avis beaucoup plus positif que Seirên, même si je n'ai pas autant été emballée que certaines lectrices dont j'ai pu lire les avis sur le net.
Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers rentre clairement dans la catégorie des romans initiatiques : en gros, on suit deux ados que tout oppose durant une année, année qui va être essentielle pour eux car ils vont faire des expériences, des choix qui les font passer de l'adolescence à l'âge adulte. Le roman aborde de nombreux thèmes typiques de l'adolescence et va même au-delà (notamment les traumatismes de la guerre du Vietnam ou la difficulté d'être Mexicain aux Etats-Unis), c'est un aspect que j'ai trouvé très intéressant même si je déplore comme Seirên que certains n'aient pas été plus fouillés (il y avait du potentiel en plus).
Je n'ai pas trop accroché au personnage d'Aristote (trop agressif, trop méprisant à mon goût), beaucoup plus à celui de Dante et aux personnages secondaires.
Cependant, l'attrait principal de ce roman pour moi réside dans le style de Benjamin Alire Saenz : je trouve qu'il a une écriture très poétique, certaines réflexions de ses héros, certaines descriptions de leurs émotions sont vraiment très belles et touchantes. J'ai aussi aimé le fait que l'intrigue soit découpé en plusieurs grandes parties, chacune divisée en chapitres très courts : même si le rythme est assez lent, ces chapitres très courts créent une certaine fluidité, on dévore les pages sans même sans rendre compte.

En bref, un roman que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire et que je considère comme une jolie découverte mais on est passé à côté du coup de coeur à cause de deux-trois petites choses qui auraient gagnées à être développées.