Rosamond Lehmann

Merci Popila ! Et moi j'ai été scotché par ton billet ! Mais c'est facile de parler d'un livre qu'on a beaucoup aimé, et c'est le cas avec "Poussière". J'aimerais beaucoup découvrir "L'invitation à la Valse" maintenant ! Merci aussi à Emjy et à son challenge, sans qui je n'aurais jamais découvert cet auteur !

Mais de rien, Vilvirt ! Je suis ravie de voir que ta lecture de Poussière a été aussi enthousiasmante !
Je l'ai conseillée à une de mes collègues également. Elle l'a lu d'une traite la semaine dernière et elle l'a adoré

Vilvirt, ton avis est très intéressant et joliment écrit. Je suis d'accord avec Popila.

Merci Summerday ! J'ai lu ton avis également, et j'ai beaucoup apprécié. On a un peu la même vision sur cette lecture !... (et j'ai découvert ton blog par la même occasion !...)

Je donne enfin mon avis sur Poussière, lu dans le cadre du challenge Vintage. Et ce fut un coup de cœur. Difficile de passer après des avis aussi brillants que ceux d'Emjy, Summerday, Popila ou encore Vilvirt. Et puis, à vous quatre, vous avez su bien mieux exprimer que je n'aurais pu le faire ce que j'ai ressenti en lisant ce roman. Je dirais juste que j'ai été retourné comme une crêpe par le style absolument merveilleux de Rosamond Lehmann (là, je regrette à mort de ne pas être capable de lire l'anglais, car en VO, ça doit être un pur bonheur). C'est presque de l'orfèvrerie à ce niveau. J'ai du mal à exprimer clairement mon ressenti mais j'ai trouvé l'ensemble beau et délicat, chaque mot est indispensable et placé exactement là où il faut, ça n'est jamais lourd ou maladroit... J'ai été charmé du début à la fin de ce livre, qui m'a beaucoup rappelé deux de mes précédentes lectures, Maurice de E.M. Forster et Brideshead Revisited d'Evelyn Waugh (surtout ce dernier, les points communs sont plus nombreux). J'ai aimé l'histoire de cette jeune fille, Judith, les cousins Fyfe, des personnages envoûtants, mystérieux, insaisissables, profondément humains et passionnants à suivre. La peinture des sentiments dans ce livre est magistrale. Je me tais, je ne vais pas paraphraser tout ce que vous en avez déjà dit. C'est une bien belle lecture et la découverte d'un auteur majeur. Je suis triste qu'elle soit un peu tombé dans l'oubli aujourd'hui car je pense sincèrement qu'elle mérite sa place aux côtés des grands auteurs féminins de son époque.
Je pense que ma prochaine lecture de Rosamond sera Le jour enseveli, l'avis de Galy est positif et ton avis, Emjy, bien qu'il soit un peu plus nuancée, ne réduit en rien mon enthousiasme à l'idée de lire ce roman.

Citation :

[...]et Brideshead Revisited d'Evelyn Waugh (surtout ce dernier, les points communs sont plus nombreux).

Je pense moi aussi qu'on peut dresser un parallèle entre les deux romans. Brideshead revisited est nettement plus masculin (rien d'étonnant à cela, l'auteur et le héros sont des hommes) mais j'y ai retrouvé la même impression de mélancolie lancinante, la même nostalgie...

Citation :

Je pense que ma prochaine lecture de Rosamond sera Le jour enseveli, l'avis de Galy est positif et ton avis, Emjy, bien qu'il soit un peu plus nuancée, ne réduit en rien mon enthousiasme à l'idée de lire ce roman.

C'est une bonne chose parce que même si je suis moins enthousiaste pour Le Jour Enseveli, je lui trouve énormément de qualités. C'est vraiment un roman à lire. Sinon, il y a aussi L'Invitation à la valse qui est merveilleux

Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis sur BR, c'était mon ressenti.
Sinon, je regardais un peu les titres que propose ma bibliothèque de Rosamond et je suis tombée sur un livre intitulé : Le cygne au crépuscule. Fragments de vie intérieure. Est-ce cette autobiographie dont tu parlais quelques pages avant? Si c'est ça, j'en suis contente car je ne pensais pas du tout qu'il y avait une traduction française et je vais donc me jeter dessus dès que possible. J'ai bien envie d'en savoir plus sur cet auteur.

J'ai cette autobiographie dans ma PAL. J'ignorais qu'il existait une traduction française !

Je viens de finir Poussière, et, vous vous en doutez, j'ai adoré ... Cette nostalgie sentimentale qui imprègne toutes les pages m'a complètement emportée. Je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit sur ce roman, la finesse du style et la beauté des scènes.
En le lisant, j'ai énormément pensé à Brideshead revisited. Il y a l'aspect "Cambridge" et fonctionnement d'une université anglaise dans les années 20, mais pas seulement. Je trouve que la quête de Judith pour s'imprégner de la famille Fyfe ressemble beaucoup à celle de Charles Ryder pour s'intégrer à la famille Marchmain. Ces deux familles Fyfe et Marchmain sont insaisissables, romanesques, romantiques et profondément égoïstes l'une comme l'autre.
Et dans les deux romans, j'aime énormément la manière dont l'homosexualité est évoquée : je n'ai pas l'impression qu'il y ait de tabou (ou alors, nos esprit XXIème siècle perçoivent des insinuations que la plupart des lecteurs des années 20 ou 30 ne percevaient pas ?), et tout est décrit avec beaucoup de naturel et de tendresse.

J'ai été séduite par la poésie du style. Le côté très descriptif m'a effectivement fait penser à du Woolf ou du Proust, mais je trouve que Lehmann intellectualise beaucoup moins que les deux autres auteurs. Elle se laisse porter par ses sensations et ses sentiments, et cela me touche plus. Je trouve presque une touche de romantisme à la Lamartine dans ses descriptions de la nature et de la campagne anglaise. Elles me semblaient tellement ressembler à des auteurs de ce courant littéraire que j'étais surprise de les voir monter en auto !

Je trouve qu'elle donne une grande force à ses personnages. J'ai été très marquée par certains d'entre eux, particulièrement Jennifer, Julien et Roddy. Ce sont des êtres qui vont rester dans ma mémoire. La fascination qu'ils exercent sur Judith transparait à travers les pages et m'a aussi fascinée.

Oh c'est chouette Akina! Je suis vraiment contente que tu sois tombé sous le charme. J'approuve tout ce que tu as dit. Et je suis ravie et plus que ravie de voir que Rosamond plait tant. J'aimerais bien me lancer à nouveau dans un de ses romans mais j'hésite. C'est qu'il ne m'en reste plus tant que ça et l'idée de refermer la dernière page de son dernier livre écrit (comme pour Jane) risque d'être vraiment dur à vivre.

@ Akina : Ce que tu as écrit sur Poussière est incroyablement juste, je trouve ! C'est vrai que c'est une des plus belles oeuvres littéraires sur le sentiment de nostalgie (qui ferait d'ailleurs une bonne idée de sujet pour le sous-forum "thèmes littéraires" )

@ Séverine : Il te reste quels romans de Rosamond à lire ?

La ballade et la source, une note de musique, son autobio et le livre avec les deux sœurs dont le titre m'échappe. Ça fait peu. Il y a aussi trois autres livres qui me paraissent difficiles à trouver à vrai dire du coup, je ne les compte pas. Déjà quand je vois la galère que c'est pour moi de mettre la main sur une note de musique.

Je viens de terminer Poussière et je vais essayer de résumer mes impressions assez brièvement car je rejoins tout à fait les avis précédents.

Ce roman m'a beaucoup plu, en grande partie pour le style de l'auteur : il est très poétique, doux et rêveur ce qui correspond vraiment au sujet du roman et ne rend la lecture que d'autant plus agréable. Certains passages sont réellement d'une grande beauté, notamment pour l'évocation de la nature.
L'histoire est également très belle, et reste assez actuelle par moments : la troisième partie, qui correspond aux années d'études de Judith, m'a beaucoup fait penser à ma propre expérience surtout pour les relations entre filles (le besoin d'être aimé, de faire parti du "bon" groupe de filles...) et l'angoisse des examens.
Les personnages sont vraiment fascinants, à commencer par les Fyfe : outre l'importance qu'ils revêtent aux yeux de Judith, c'est la malédiction qui semble peser sur eux qui m'a marqué (le fait que tous soient si mélancoliques voire malheureux dans leur vie et

Spoiler:

L'auteur a également fait part d'originalité je trouve, car il est assez difficile d'imaginer le dénouement de cette histoire, notamment de savoir quel Fyfe Judith va épouser.
J'ai enfin été assez surprise de voir à quel point l'homosexualité transparaît clairement dans l'histoire, par rapport à d'autres romans de la même époque, beaucoup plus suggestifs.

Poussière est vraiment un très beau livre et il m'a donné envie de découvrir le reste des écrits de Rosamond Lehmann.

sandie a écrit:

J'ai enfin été assez surprise de voir à quel point l'homosexualité transparaît clairement dans l'histoire, par rapport à d'autres romans de la même époque, beaucoup plus suggestifs.

Oui, moi uassi, c'est un point qui m'avait surprise.

L'évocation des années d'études à l'université est également assez intéressante.

Je viens de le refermer.... "poussière" est une oeuvre.
Je pense que Judith restera longtemps dans ma mémoire.
Je rejoins les propos de Akina, l'écriture est éblouissante, magnifique.

J'ai pensé à "virgin suicides" le film de Sofia Coppola pour le côté insaisissable des "cousins" .
Que pensent-ils ? quelle place occupe Judith auprès d'eux ?
J'ai beaucoup aimé la fin sous la forme épistolaire, tout s'imbrique... c'est bouleversant.

J'ai également pensé à mon cher Stefan Zweig, le style mélancolique de Lhemann est un écho. La souffrance de trop aimer, de croire en ses illusions.
Oui j'ai beaucoup penser à Zweig en fait !
Je vous conseille de le lire si après "Poussière" vous ne savez plus trop quoi lire dans cet esprit !

Merci pour cette lecture et je pense lire d'autres livres de Rosamund, indispensable auteur c'est évident.

J'ai oublié de dire que après Judith mon personnage préféré c'est Julien. Je les trouve bien ensemble. j'aime leur discussion.
Voilà mon humble avis sur "poussière"

J'ai terminé le roman hier et ma critique rejoint un peu celle de JainaXF. Je me faisais une joie de découvrir le roman de Rosamond Lehmann. Vos critiques me donnaient vraiment envie. Et j'ai été déçue. Même si je me reconnais un peu en Judith, j'ai eu un peu de mal à supporter son attitude. J'ai également eu du mal avec les discours existentiels qui composent le roman. Un peu j'aime bien, mais souvent…
Par contre, j'ai aimé la fin. Je la trouve même parfaite. De la même façon, j'ai bien aimé le passage à Cambridge avec Jennifer. J'ai trouvé leur relation très ambigüe.

Bon, j'ai lu Poussière très récemment et j'ai été déçue, même si je suis favorable à certaines facettes de ce roman.
Je suis déçue par le caractère désuet et surtout volatile de l'écriture. C'est comme si je n'arrivais pas à m'ancrer dans le roman et que je le survolais (mais j'ai tout bien lu, hein !).

Pourtant, l'histoire a plein de choses pour me plaire. Je me reconnais aussi en Judith, qui prend tout très à coeur, remarque des choses belles à prendre chez chacun de ses cousins...et ça se sent que chaque relation donne quelque chose de différent. Une fois qu'elle a tout consommé jusqu'à la dernière goutte, elle peut enfin se tourner vers l'avenir. C'est comme ça que j'ai compris l'histoire en tout cas.

C'est vrai que le duo Judith-Julien est intéressant, y a un échange entre deux personnes très différentes qui s'intensifie à un moment opportun selon moi.

voilà voilà

Je remonte ce topic qui sommeille depuis plusieurs années!

Conseillé par Jean-Noël Liaut (avec qui j'ai eu la chance d'échanger quelques mails), l’auteur de l’excellente biographie Nancy Mitford, la dame de la rue Monsieur, je n’ai pas attendu longtemps avant de me procurer Poussière, roman assez peu connu en France. Il possède un charme particulier et suranné. D’une écriture fine et ciselée, Rosamond Lehmann décrit chaque personnage, chaque mouvement, chaque objet et chaque situation avec beaucoup de détails, de subtilité et de pertinence. Le rythme est lui aussi assez singulier. Les chapitres sont plus ou moins courts. Le temps s’étend avec indolence mais aussi une certaine intransigeance. Le tout est réussi et m’a procuré de belles heures de lecture.

Rosamond Lehmann nous dépeint l’enfance et l’adolescence de Judith. Le lecteur suit une héroïne solitaire et observatrice à travers les saisons et les années. Nous assistons à l’éveil de ses sens et du sentiment amoureux avec tâtonnement, maladresse et parfois une pointe de naïveté. Les relations entre les différents protagonistes sont complexes et parfois ambiguës. Les personnages portent d’ailleurs en eux une part de mystère et d’ombre. C’est aussi une jeunesse pleine de doute, de déception et de mélancolie dus notamment à la Première Guerre mondiale qui nous est donnée à voir. Les femmes sont au premier plan, la difficulté d’être indépendante malgré des études poussées.

Revenir à un classique de la littérature britannique m’a fait un bien fou. Il y a encore quelques semaines, Poussière m’était totalement inconnu tout comme Rosamond Lehmann. La surprise fut donc d’autant plus belle. Paru pour la première fois en 1927, ce roman est beaucoup trop méconnu. Il est sensible et plus complexe qu’il n’y parait.

Une belle lecture que je ne peux que vous conseiller!

Je suis tellement contente que tu sois tombée sous le charme de Poussière. C’est un de mes préférés.
J’espère que tu auras l’occasion de découvrir également Invitation à la valse qui est très beau (j’ai été moins séduite par les autres romans que j’ai lus d’elle)