Raison & Sentiments : lecture commune (mai 2023)

J'ai créé un sous-forum consacré à notre lecture commune de Raison & Sentiments dans la partie Club de lecture. C'est ce que nous avions fait pour nos LC précédentes. Cela me semble plus clair surtout si nous sommes amenés à créer d'autres topics de discussions.
Je déplacerai l'ensemble des topics dans la partie Jane Austen une fois la LC terminée si nécessaire.

J'ai avancé j'en suis au livre 3, chapitre 39 et franchement, je ne me souvenais plus qu'une si grande partie de l'intrigue se déroulait

Spoiler:

Je me suis fait la même réflexion. D'ailleurs, parmi les 6 romans de Jane Austen, R&S n'est il pas justement celui qui se passe le plus longtemps à Londres ?
En tous cas, je suis d'accord, on ne peut pas dire que les héroïnes s'imprègnent beaucoup de l'atmosphère de la capitale. A part faire des visites chez les uns et les autres, on ne peut pas dire qu'elles profitent beaucoup de tout ce que peut proposer la ville en matière de loisirs et de distractions. Bon, elles sont très préoccupées mais quand même 
Bath est beaucoup mieux décrit dans Northanger Abbey et Persuasion mais c'est sûrement parce que c'est une ville où Jane Austen a habité.

Et Londres est un petit village anglais, c'est bien connu. 

Quelle bonne idée de lecture vous avez eu

Je m'étais suis justement mise à le relire il y a plusieurs semaines, mais comme j'ai choisi de le faire en VO (une grande première pour moi), je n'avance pas vite, j'en suis au chapitre 26...

Je n'ai jamais participé à une LC mais j'aimerais bien essayer (en tout cas je suivrai avec attention vos commentaires et analyses) !

Et bien sûr il n'en faut pas beaucoup pour me convaincre de revoir une énième fois les adaptations

C'est aussi prévu pour les adaptations

J'ai remonté des topics sur les personnages dans le sous forum sur la LC car je trouve intéressant d'en discuter.

Par contre, je vous conseille de les lire uniquement quand vous aurez fini, parce qu'ils révèlent l'ensemble de l'intrigue, étant donné que le but est de discuter autour d'eux.

Je pense que des topics sur nos héroïnes et sur Willoughby viendront s'ajouter.

Pour ma part, j'ai terminé ma relecture et j'ai des choses à dire (sans doute dans un topic avis final pour ne pas spoiler celles qui en sont beaucoup moins loin).

Emjy a écrit:

Mais avec le talent qu'on lui connaît, la romancière brosse des portraits vifs et contrastés. Marianne a sans le moindre doute hérité de sa mère sa personnalité entière et son caractère passionné. Elinor est la plus mâture de la famille. Quant à Margaret, on sent très clairement qu'elle n'intéresse pas beaucoup la romancière. Quelques lignes suffisent à la décrire brièvement et le chapitre est clos ! Je crois que de manière générale, Jane Austen n'accorde que peu d'importance aux enfants 

Et je ne me souvenais pas qu'Edward apparaissait si tôt dans le récit. Quelle rapidité et quelle efficacité, une fois encore. Parfois j'ai l'impression que Jane Austen avait une écriture cinématographique avant l'heure ...

Oui, c'est fou ! Je viens de finir la fin du 1er volume, et je suis bluffée par les dialogues et la manière dont ce sont eux qui font avancer le récit. La manière aussi dont les scènes s'enchaînent, comme dans un film. C'est efficace, les intrigues avancent.
Toutefois, à la fin du 1er tome, si je ne connaissais pas déjà la fin, je me demanderais où elle veut nous emmener ! Edward est fiancé, Willoughby disparaît du paysage sans explication (alors qu'il semble avoir plutôt bonne réputation, même si dans son comportement, il dépasse les limites de la bienséance sans se soucier de l'impact que ça peut avoir sur Marianne notamment...).

Les personnages sont tous croqués avec beaucoup d'ironie et presque tous les personnages secondaires y passent On a le couple le plus mal assorti qui soit avec les Palmer (je me rends compte à quel point Hugh Laurie l'a rendu sympathique en ajoutant de la douceur là où je le sens plus premier degré dans le livre), et ne parlons pas des demoiselles Steele. Anne n'a rien pour la racheter, quant à Lucy, elle aurait pu être une héroïne mais il lui manque des qualités fondamentales. Pour Brandon, j'ai toujours du mal à cerner le personnage au début, car il est très peu présent dans ce premier tiers.

En tout cas, le suspens est à son comble : Marianne et Elinor sont toutes les deux malheureuses, et on ne sait pas du tout comment tout ça va se terminer... D'ailleurs, la dernière phrase du volume 1 m'a assez marquée (pour le contexte, elle répond à une question de Lucy qui vient de tout lui révéler) :

Vol.1, chp 22, traduction de Pierre Goubert a écrit:

- Oui, dit Elinor, d'une voix qu'elle réussit à rendre assurée, mais qui dissimulait un trouble et une détresse au-delà de tout ce qu'elle avait jamais connu auparavant. Elle était humiliée, abasourdie, stupéfiée. Par bonheur pour elle, elles étaient maintenant arrivées à la chaumière et la conversation ne pouvait se prolonger. Après s'être assises quelques minutes en leur compagnie, les demoiselles Steele retournèrent au Parc, et Elinor eut ensuite tout loisir de réfléchir et d'être malheureuse.

J'ai l'impression qu'un des points les plus importants du livre est ainsi de mettre en regard deux manières quasi opposées de réagir devant des situations finalement très similaires : Marianne et Elinor tombent amoureuses toutes les deux de deux gentlemen, chacune à leur manière, et doivent faire face à une grande déception...

Shelbylee a écrit:

J'ai remonté des topics sur les personnages dans le sous forum sur la LC car je trouve intéressant d'en discuter.

Par contre, je vous conseille de les lire uniquement quand vous aurez fini, parce qu'ils révèlent l'ensemble de l'intrigue, étant donné que le but est de discuter autour d'eux.

Je pense que des topics sur nos héroïnes et sur Willoughby viendront s'ajouter.

Pour ma part, j'ai terminé ma relecture et j'ai des choses à dire (sans doute dans un topic avis final pour ne pas spoiler celles qui en sont beaucoup moins loin).

Super, merci Austen, je me rends compte que c'est avant tout des romans à personnages (je ne sais pas si je suis claire     ), c'est vraiment passionnant d'observer leurs comportements, leurs choix, leurs réactions, leurs personnalités...

Miss Artemis Holmes a écrit:

Oui, c'est fou ! Je viens de finir la fin du 1er volume, et je suis bluffée par les dialogues et la manière dont ce sont eux qui font avancer le récit. La manière aussi dont les scènes s'enchaînent, comme dans un film. C'est efficace, les intrigues avancent.
Toutefois, à la fin du 1er tome, si je ne connaissais pas déjà la fin, je me demanderais où elle veut nous emmener ! Edward est fiancé, Willoughby disparaît du paysage sans explication (alors qu'il semble avoir plutôt bonne réputation, même si dans son comportement, il dépasse les limites de la bienséance sans se soucier de l'impact que ça peut avoir sur Marianne notamment...).

Je reviens déjà sur cela et effectivement, même en connaissant la fin, je me disais mais comment on y arrive en fait

J'avais oublié certains aspects. Comme tu le dis, en fait Edward et Willoughby sont au final peut présents et à tour de rôle et je pense que les adaptations jouent un rôle dans le fait qu'on l'ait oublié.

Citation :

Je pense que des topics sur nos héroïnes et sur Willoughby viendront s'ajouter.

Ah oui, un topic sur Willoughby, ce serait super. Il y a beaucoup à dire à son sujet, sur la manière dont le personnage est vu par les Dashwood et traité par Jane Austen, notamment.

Je trouve que malgré sa bonne réputation et ses manières séduisantes, il se révèle assez insupportable très vite. Son comportement moqueur envers Brandon particulièrement antipathique. On dirait un lycéen qui se moque d'un camarade de classe moins populaire et plus taciturne que lui. Avec Marianne, ils se montrent très immatures.

Je suis d'accord avec vous au sujet des héros. J'ai été surprise de les trouver si peu présents au cours de l'intrigue, c'est à se demander comment les liens amoureux peuvent se tisser ...
Je crois d'ailleurs que c'est la première fois que j'ai cette impression en lisant un roman de Jane Austen.

Je donne mes impression sur la suite de ma lecture, n'hésitez pas à me dire s'il faut que j'ajoute des balises spoilers à certains endroits...

J'ai lu d'une traite le volume 2. D'ailleurs, c'est la 1re fois que je m'arrête au découpage en 3 parties, bien marqué dans l'édition Tibert (trad. Pierre Goubert) que je lis et je trouve ça assez intéressant d'un point de vue narratif. J'ai eu l'impression que ce 2e tiers allait beaucoup plus vite, probablement parce qu'on est sur un temps plus court et que, maintenant que les intrigues et les protagonistes ont été présentés, ça avance.  
D'ailleurs, je parlais du parallèle entre les situations d'Elinor et de Marian dans le 1er volume, on a encore ici un parallèle entre Willoughby et Edward (j'avoue que j'avais complètement oublié que Mrs Ferrars mère essayait d'organiser le mariage d'Edward avec une héritière, Miss Morton).

Comme on parle des Ferrars, je me souvenais bien à quel point Mrs John Dashwood était imbuvable, mais j'avais oublié que John Dashwood (sûrement à cause du film d'Ang Lee) était tout aussi odieux. Au départ, je me disais qu'il avait plutôt bon fond et qu'il se laissait influencer par facilité et lâcheté, mais en fait, il est tout aussi désagréable que sa femme ! Lorsqu'il se plaint qu'il n'est pas riche, qu'il ne peut pas faire de dépense inconsidérée (juste parce qu'il n'a pas envie de dépenser un centime pour ses soeurs, mais sa manière de chercher à se justifier est lunaire). J'étais bouche bée devant ce que lui fait dire Austen   , et on sent qu'il ne se rend même pas compte de ce qu'il dit (il parle des Middleton) :

Vol 2, chap 11 a écrit:

- Je suis ravi de l'entendre, je vous assure. Particulièrement ravi. Mais ce n'est pas surprenant. Ce sont des gens qui sont très fortunés, ils sont vos parents. Marques de politesse, petits services, tout ce qui est de nature à vous rendre la vie agréable, vous pouvez raisonnablement l'escompter de leur part. (...)
Einor eut un peu honte de son frère.

La manière également dont il cherche à la marier à Brandon de manière pas du tout subtile est très lourde et pénible. Sans parler de ses petites phrases condescendantes, notamment sur la beauté fanée de Marian. Quel odieux personnage ! Il y a vraiment un concours dans cette famille. D'ailleurs, plutôt que sa femme qui rejoint le clan Dashwood, on a plutôt l'impression que c'est lui, John Dashwood, qui rejoint le clan Ferrars et s'y sent comme un poisson dans l'eau   Entre la méchanceté de sa belle-mère et de sa femme, et la vanité du petit frère, on se demande comme Edward peut être aussi gentil !
J'adore comme Elinor observe l'ironie de la situation lorsque Mrs Ferrars et Mrs John Dashwood, la considérant comme une menace et pour l'insulter, valorisent Lucy. Et comment Lucy prend tout au premier degré, comme si c'était elle qui méritait tous ces hommages...
Ah tiens, Lucy... Qu'est-ce qu'elle est insupportable ! Et sa soeur, d'une bêtise... (son obsession des "gandins"   )

Concernant Elinor, on voit à quel point elle prend sur elle. On est loin de la jeune femme qui accepte tout passivement. On la sent profondément touchée par ce que lui a dit Lucy, elle essaie de comprendre, de se mettre à la place d'Edward, elle essaie aussi de faire en sorte de tenir, de ne pas s'effondrer, parce qu'elle sait que sa soeur a besoin d'elle.
D'ailleurs, tout au long de cette partie, j'entendais Kate Winslet dans ma tête à la lecture des dialogues de Marian. Je trouve que dans cette adaptation, le personnage correspond vraiment à l'énergie et la personnalité décrite par Austen. C'est dur ensuite d'imaginer une autre interprétation, mais je trouve que celle de Kate Winslet colle admirablement  

Pour parler un peu de messieurs, je suis sous le choc d'un passage que j'avais complètement oublié (dialogue entre Brandon et Elinor, lorsqu'il lui révèle son histoire et comment elle croise celle de Willoughby) :

Vol 2, chp 254 a écrit:

(...) Avez-vous jamais revu M. Willoughby, reprit-elle après un court silence, depuis que vous l'avez quitté à Barton ?
- Oui, répondit-il avec gravité. Une fois. Une rencontre, et une seule, ne pouvait être évitée.
Elinor, frappée par le ton de sa voix, lui jeta un regard anxieux et dit : "comment ? L'auriez-vous rencontré pour...
- Ce ne pouvait être d'aucune autre façon. Eliza m'avait avoué, bien qu'avec une extrême réticence, le nom de son amant. Lorsqu'il retourna à Londres, moins de quinze jours après mois, nous convînmes d'un lieu et d'une heure, lui pour défendre, moi pour châtier sa conduite. Aucun des deux ne fut blessé et nul, en conséquence, n'entendit parler de cette rencontre."

Il y a un duel dans Jane Austen Certains protestent de la scène d'ouverture de l'adaptation d'Andrew Davies, mais même si Austen ne présente pas ce genre de scène directement, c'est bien là entre les lignes ("Dès qu'elle se rétablit de ses couches, car la délivrance était proche lorsque je la trouvai, je les fis transporter, elle et son enfant, à la campagne.") (même si, concernant Andrew Davies, c'est aussi le point de vue qu'il adopte et l'utilité de cette scène précisément qui peuvent être discutées). Lorsqu'on lit le récit de Brandon d'Eliza mère et Eliza fille, Austen nous montre le sort des femmes, et avec beaucoup de bienveillance je trouve (elle ne les condamne pas, mais plutôt met en avant la manière dont des hommes les ont maltraitées, trahies, bafouées...).
Dans ce volume, Willoughby apparaît vraiment comme un abject séducteur. Son attitude et sa lettre sont horribles après le comportement plus qu'insouciant qu'il avait à Barton (ils sont quand même allés visiter seuls sa maison, il a demandé une mèche à Marian...). Et quand on rajoute la couche d'Eliza qu'il a séduit et abandonné peu de temps avant de rencontrer les Dashwoods... Mais on pourra en discuter plus en détails dans le topic qui le concerne.

De même pour Edward, je ne vais pas trop m'étendre ici puisqu'il a son propre topic. Il se retrouve dans une situation inextricable, ce qu'Elinor comprend bien d'ailleurs et elle loue son intégrité (à l'opposé de Willoughby). La scène où tous les trois se retrouvent dans la même pièce avec Lucy (puis Marian) est très bien écrite. Là encore, Ang Lee n'était pas loin, je voyais Hugh Grant et ses hésitations en lisant :

Vol 2 chap 13 a écrit:

Ce fut un moment fort embarrassant, et cela se lut sur le visage de chacun. Tout le monde eut l'air particulièrement sot. Edward parut tout aussi désireux de rebrousser chemin que de s'avancer.

A la fin du volume 2, on ne sait toujours pas comment tout ça va finir, mais ça a quand même bien avancé. On comprend maintenant les motivations de chacun et cela éclaire leurs comportements. La question est désormais : quels choix vont faire les personnages ? Comment vont-ils réagir maintenant que presque toutes les cartes sont sur la table...? Ca me rappelle cette phrase qu'on dit souvent à propos d'Austen, que c'est toujours sur la toute fin que se produisent les happy end. Mais si on les enlève, on a une vision assez réaliste des femmes de cette classe à son époque, et ce n'est pas très réjouissant... (mais ceci est sûrement un autre sujet également !)

J'arrête là ces impressions pêle-mêle, mais je me rends compte qu'on pourrait presque discuter chapitre à chapitre sur les personnages, les intrigues, le style, etc. ! Ah, Austen...

Miss Artemis Holmes a écrit:

Les personnages sont tous croqués avec beaucoup d'ironie et presque tous les personnages secondaires y passent On a le couple le plus mal assorti qui soit avec les Palmer (je me rends compte à quel point Hugh Laurie l'a rendu sympathique en ajoutant de la douceur là où je le sens plus premier degré dans le livre), et ne parlons pas des demoiselles Steele. Anne n'a rien pour la racheter, quant à Lucy, elle aurait pu être une héroïne mais il lui manque des qualités fondamentales.

Austen, je me rends compte que c'est avant tout des romans à personnages (je ne sais pas si je suis claire     ), c'est vraiment passionnant d'observer leurs comportements, leurs choix, leurs réactions, leurs personnalités...

Désolée, j'en suis encore à répondre à ton premier topic

Alors pour ma part, je trouve que Hugh Laurie et sa version papier écrite par Emma Thompson correspondent au final bien au personnage, on en reparlera plus tard peut être

Et comme tu l'écris, ce sont des romans à personnages et notamment, à personnages secondaires très réussis. Certes, Miss Steele n'a pas grand chose pour la racheter, mais quel personnage formidablement caractérisé dans son côté déplacé.
Tu en parles un peu plus loin, certes, il est détestable, John Dashwood, mais de même, je les trouve extrêmement bien croqué avec sa femme. La première scène sur l'héritage où ils le réduisent à peau de chagrin est vraiment une des meilleures du livre.

Pour Hugh Laurie, oui, on en reparlera ! Je le trouve brillant et le rôle superbement imaginé dans l'adaptation, c'est juste que j'avais l'impression qu'il était un peu plus cassant / 1er degré sur les toutes premières rencontres, mais c'est un des personnages qui m'a vraiment marquée alors qu'il est secondaire (grâce à l'adaptation je veux dire).

Oh oui, tout est magnifiquement écrit Justement, c'est ce que j'adore chez Austen, à quel point tous les personnages sont incroyablement vivants, qu'on les apprécie / déteste / admire / qu'ils nous dérangent, ils ne nous laissent pas juste indifférents. Et c'est via ces personnages et cette étude de caractères, en quelque sorte, que les intrigues avancent, car elles dépendent avant tout de chaque personnalité. Les personnages antipathiques d'ailleurs me semblent toujours très réussis (je pense notamment à Mrs Norris ou à l'insupportable mais hilarante Mrs Elton). Concernant John Dashwood, j'avançais tout à l'heure sur le début du volume 3, et qu'est-ce qu'il est absurde Cette maîtrise des dialogues par Austen est un délice   Miss Steele est incroyable parce qu'on l'imagine très bien, on se dit qu'on pourrait la croiser. Et malgré son ridicule, Austen arrive à la rendre humaine, elle n'est pas méchante d'ailleurs (contrairement à une Mrs John Dashwood).

Bon, je craque   , je vous rejoins pour cette LC (alors que j’ai lu le livre fin 2021, encore assez frais mais pas assez!) car je viens de lire ce topic plus attentivement et je viens aussi de finir d’écouter la video de Miranda Mills ! Trop intéressant, je vais donc recommencer, en faisant les choses à l’envers 

Aaaah super, Barbara ! Contente que tu te joignes à nous 

@ Artemis : Plein de choses à répondre à ton post, j'organise un peu mes idées et je m'y mets 

Je prends le train en marche et vous rejoins pour cette lecture ; je n'ai pas lu Raison & Sentiments depuis des années, ça fera une occasion de me replonger dedans

Bienvenue!

Alors, où en êtes-vous ?

Moi j'ai terminé ma lecture il y a un petit moment déjà et même si j'ai pris un grand plaisir à cette relecture, Raison & Sentiments reste le 5ème de mon classement austenien (juste devant Mansfield Park  ).

Il y a certains points de l'intrigue que j'avais oubliés. Il faut dire que j'ai davantage gardé en mémoire le film d'Ang Lee. J'ai donc été ravie de profiter de cette relecture pour me rafraîchir un peu la mémoire ! 

Tu fais bien de rappeler la présence du duel dans le roman, Miss Artemis ! Andrew Davies a effectivement fait le choix de l'inclure dans le scénario de sa mini-série, ce qui est guère surprenant vu la manière dont il met en scène ses héros masculins (ils sont "glamourisées" à outrance, ce qui rend certains séquences un peu ridicules pour moi).
Jane Austen fait finalement peu de cas de ce duel dans son roman, ce qui explique très bien le choix d'Emma Thompson de ne pas l'inclure dans son propre scénario. Il n'apporte pas grand chose au récit finalement.

Les personnages secondaires sont divinement croqués une fois encore. J'ai été surprise de retrouver un Mr Palmer plus proche de celui campé par Hugh Laurie que dans mon souvenir. L'acteur a du beaucoup s'amuser en l'interprétant.

Miss Steele (acier en anglais) est retorse à souhait.  C'est sans doute un des personnages les plus sournois de Jane Austen.  Elle manie la ruse avec une finesse tortueuse, même si évidemment, l'intelligente Elinor voit clair dans son jeu (et c'est apparemment la seule). Sa soeur est quant à elle un vraie modèle de bêtise. Je l'avais oubliée car elle n'apparaît pas dans la version d'Ang Lee.

Sinon, que pensez-vous d'Edward et de Brandon ? J'ai été surprise de les voir finalement peu présents au cours du récit. Ils se sont révélés pour moi moins consistants que certains autres héros d'Austen (Darcy, Wentworth et Knightley en tête)

J'ai aussi fini cette (re)lecture il y a une bonne dizaine de jours .
Je n'ai pas particulièrement remarqué que Brandon et Edward étaient moins présents que dans d'autres romans   . Mais après tout... ce sont les seuls personnages masculins qui bossent    (dixit la video de Miranda Mills   )
Mais je trouve toujours que :

Spoiler:

J'ai particulièrement "aimé détester" Lucy Steele   ; les scènes où Elinor et elle s'affrontent à couteaux tirés sous le nez et à la barbe de tout le monde sont d'un... glacial, d'une hypocrisie! On assiste à des duels avec des pièges dans tous les coins, des croc en jambe, qu'Elinor parvient à éviter avec un calme admirable, même si ce sont des scènes de torture mentale qui doivent être épuisantes!
D'autant que Marianne la laisse seule en plan, la plupart du temps, pour affronter les Steele.
Je trouve que la traduction rend très bien l'abysse entre l'apparence très calme et maîtrisée de leur dialogue et intérieurement, la montée dans les émotions, à mesure que la discussion avance.
Elles ne s'aiment pas, le savent instinctivement, et Lucy veut faire "tomber" Elinor qui voit très très bien dans son jeu.
Cette Lucy est une vraie "méchante", que dans mon souvenir le film adoucit un peu trop, par contre (à vérifier!). Elle prend la relève de Lady Dashwood dès son arrivée dans l'histoire pour ce qui est de la fourberie.

Et la soeur de Lucy, Miss Steele, est particulièrement tarte! Même pas un peu gentille pour rattraper la sauce, non, elle est juste tout à fait irrécupérablement sotte. Elle ne s'intéresse à rien, à part la chasse au mari.
J'ai bien ri lorsque les Dashwood explosent de colère quand ils se rendent compte qu'ils se sont trompé sur les 2 soeurs, et les virent. Quel panier de crabes!
Le frère, John Dashwood, est pour moi l'un des personnages les plus gluants de Jane Austen avec Mr Collins de "P&P" et M. Elton dans "Emma": comment Elinor n'attrape pas un ulcère à écouter les horreurs qu'il balance sur la beauté soi-disant fanée de Marianne, l'argent ou les titres qui sont ses seuls filtres? Son hypocrisie est monstrueuse. Il n'y a aucune nuance dans ce personnage repoussant, content de lui, médiocre et bête.  
Le pire, c'est qu'il ne cache pas devant Elinor ses intentions de faire connaissance avec Mme Jennings ou Brandon, "fréquentables" une fois que lui ont été confirmé leurs fortunes respectives, comme si son attitude allait de soi, aucune honte! Et là, Elinor ne se laisse pas faire, même si son frère ne semble pas comprendre ce qu'elle lui réplique. Ce sont des passages hilarants.
Jane Austen résume très bien par la formule "la seule pauvreté est celle de la conversation" l'ambiance du diner (très drôle aussi) chez les John Dashwood, où les sujets de conversation sont insipides. Toute la partie sur la comparaison entre les 2 petits garçons, où chacune rivalise d'argument creux pour se faire bien voir sans faire de choix est pathétique et très drôle.
Tout cet argent et si peu de "niveau"!

J'aime assez bien le thème de l'amitié dans ce livre, amitié que l'on voit évoluer entre Elinor et Mme Jennings d'un côté, et entre Elinor et Brandon. à partir de l'affaire Willoughby.

Bien que j'éprouve de la sympathie pour ce personnage, il m'est parfois difficile de soutenir Elinor : lorsqu'elle promet à Lucy, parfaite inconnue même pas agréable de ne parler à personne de son histoire   Pourquoi tant d'abnégation?? Je comprends qu'elle fasse son devoir, que les émotions de Marianne prennent toute la place; mais ici, je trouve son oubli total d'elle-même trop extrême.
Edward est assez semblable car une parole donnée à un moment engage toute une vie.
Du coup j'apprécie d'autant plus lorsque Elinor dit ce qu'elle pense, ce qui n'arrive pas souvent; la plupart du temps, elle emploie des formules détournées, sauve la mise de Marianne qui scandalise tout le monde, cherche à arrondir les angles en mode de "survie" sociale. Quand enfin, elle s'exprime devant sa soeur, on prend la mesure de tous ses efforts pour se maitriser et de sa solitude.
J'apprécie Marianne, malgré son égoïsme, je trouve son personnages (indissociable de l'interprétation de Kate Winslet! ) attachant car très jeune, avec ce côté sans nuance, brute de décoffrage, passionnée. J'avais déjà cette impression il y a 2 ans. A la longue, elle peut agacer à quitter la scène dès que quelque chose lui déplait, et laisse sa soeur se dépêtrer mais j'aime bien sa sincérité. Miranda Mills, sur sa chaine YT, dit que contrairement à sa soeur, elle manque d'humour.

Et encore une fois dans ce livre, quel choix a la femme : manipulatrice, potiche avec dot, pauvre et sans dot... Miss Morton, l'invisible fiancée dans la collimateur de la mère d'Edward, pourrait épouser l'un ou l'autre des 2 frères. "Lui a-t-on demandé son avis", souligne Elinor?