Joyce Carol Oates

Un corps magnifique mais malmené, des cheveux blonds platine mais trop souvent décolorés, un sourire ravageur mais forcé, voilà ce qu'était Marilyn Monroe. Norma Jeane, prisonnière de cette enveloppe, n'arrive pas à lutter ni à s'affirmer face à toutes les attentes. Joyce Carol Oates gratte le vernis, retire les paillettes et abat les mensonges et les fantasmes pour nous permettre d’apercevoir la femme derrière le mythe. Plumée, broyée, moquée par un patriarcat hollywoodien tout puissant, par des amants peu regardants et par des profiteurs de tout poil, la réalité n'est pas reluisante et fait mal à lire.

Il n'y a pas une mais des narrations. Joyce Carol Oates joue avec les styles. Pas une seule seconde d'ennui au cœur des mille pages que contiennent ce livre, le sujet est tellement passionnant et fascinant. La romancière américaine nous propose une fine analyse psychologique faite d'une lente descente aux enfers et de traumatismes jamais soignés. Les pages défilent et le sort réservé à Norma Jeane n'en est que plus terrible. L'impuissance face aux situations traversées est implacable. Comment cette femme si solaire, si intelligente, si drôle, si férue de théâtre et de littérature a pu être si seule et si dénuée d'un entourage de confiance ? Un vrai crève-cœur.

Blonde est un coup de cœur parmi les coups de cœur. A tel point, que j'ai eu l'impression de tuer une seconde fois Norma Jeane en tournant la dernière page. A travers ce portrait, Joyce Carol Oates s'engage et critique un système. Magistral !