Becoming Dickens de Robert Douglas-Fairhurst

Cet essai n’est pas exactement une biogrpahie au sens strict du terme. Il s’agit plutôt d’une étude, principalement littéraire, de ce qui a amené Dickens à devenir l’écrivain qu’il était. Le mot becoming du titre est très important : c’est un processus, progressif et en constante évolution.

Le livre se concentre donc sur les jeunes années de la vie de Dickens. Mais dès le départ, on ne se rertrouve pas devant une exposition factuelle de sa vie : Robert Douglas-Fairhurst ouvre un dialogue riche et fascinant entre les éléments purement biographiques et les écrits de Dickens. On découvre par exemple l’impact durable qu’à eu sur lui son expérience dans l’usine de cirage à travers les échos prolongés qui continuent de résonner lugubrement (et parfois avec humour) dans les nouvelles et les romans de Dickens.

Les allers-retours entre la vie réelle de l’auteur et son univers fictif, les échanges et l’influence qu’ont ces deux mondes l’un sur l’autre, sont au centre de la dynamique de ce livre. Et les thèmes abordés sont nombreux : comment sa passion pour le théâtre se ressent dans la création de ses personnages et dans son processus d’écriture (il prenait lui-même des voix différentes, se regardait dans un miroir, etc. interprétant les rôles qu’il était entrain de créer), comment son grand cœur et un certain côté enfantin côtoient une vision beaucoup plus sombre et pessimiste (notamment dans sa vision chaleureuse et idéalisée de la maison, home, mais qui se révèle d’une extrême fragilité pour certains de ses personnages), comment sa propre identité se cache derrière de nombreux personnages…

Et c’est aussi la réalité dans le sens du contexte socio-historique dans lequel il existait, qui entre dans le dialogue. Le monde de l’édition, les idéaux d’une société en mouvement, la dureté d’un système où l’échelle sociale ne se grimpait pas si facilement…  Et de nouveau, il ne s’agit pas d’un lien de causalité à sens unique, mais bien d’un échange mutuel. Par exemple, si Dickens a su dépeindre le Londres Victorien avec autant de relief et de couleurs, il a à son tour contribué à cette image qui reste gravée (mêmes deux siècles plus tard) dans l’esprit de ses lecteur, et qui porte souvent l’adjectif dickensian.

J’ai personnellement beaucoup apprécié cette façon de découvrir Dickens, qui informe non seulement sur sa vie, mais sur son œuvre et sur sa façon d’écrire. C’est un peu comme entrevoir les coulisses des écrits de Dickens, ou comme l’arrière d’une scène de théâtre où on découvre toute la machinerie qui met l’univers fictif en mouvement.

Merci pour ta présentation de cet ouvrage que je ne connaissais pas.

J'y jetterai un oeil.

Ce sont surtout les aspects du contexte qui m'intéressent, car pour les interactions entre sa vie et son oeuvre, je connais assez bien. Mais il y a tellement de choses à dire sur le contexte que cela peut être intéressant.

Comme Shelbylee, je connais déjà pas mal de choses sur l'interaction entre Dickens et son oeuvre. Mais j'aime toujours lire des ouvrages sur mes auteurs préférés. Je me le note !