David Copperfield de Charles Dickens

"Deviendrai-je le héros de ma propre vie, ou bien cette place sera-t-elle occupée par quelque autre ?"

J'aime le génie des premières phrases de Dickens et celle de David Copperfield ne fait pas exception.

David Copperfield naît dans le petit village de Blunderstone. Il est déjà orphelin de père avant de venir au monde. Sa mère, gentille, mais un peu faible de caractère, va se remarier avec un homme qui va battre David et le mettre à l'écart. Quand la mère de David décède, il va se retrouver quasiment seul au monde et va bien être obligé de se débrouiller. Pauvre et abandonné, il va partir à la recherche de sa tante, seule famille directe qui lui reste.

David Copperfield est l'histoire d'un homme qui nous raconte sa vie depuis sa naissance jusqu'à un âge avancé. C'est la biographie fictive d'un homme mais elle fourmille d'éléments autobiographiques, parfois à peine déguisés, ce qui fait de David Copperfield le livre que Dickens aime le mieux comme il nous l'apprend dans sa préface (parmi les siens évidemment).

David Copperfield fait 970 pages et pourtant ça se lit tout seul. Malgré les innombrables personnages du roman, on n'est jamais perdu au milieu d'eux.

Je n'aime pas trop les histoires de romans d'apprentissage et encore moins les histoires où les personnages principaux sont des enfants (ici pendant pendant un bon quart du roman) et pourtant chez Dickens je les adore que ce soit Oliver, Pip ou David, j'ai tous aimé les suivre dans leurs pérégrinations. Le petit David devient vite orphelin et il est difficile de ne pas être émue par ses malheurs, d'autant plus que c'est un enfant assez vif, qui ne s'apitoie pas sur son sort.

J'adore aussi les personnages de doux excentriques qui parsèment les récits de Dickens. Ici, je suis tombée sous le charme de Betsey Trotwood et Monsieur Dick.
Je trouve qu'il réussit aussi tout particulièrement ses personnages de gentils, de bons hommes avec des valeurs et un coeur d'or sans jamais être niais. Ici, je suis tombée sous le charme de Daniel Peggotty (une grosse pensée pour Jo des Grandes espérances).
Puis il y a aussi ces personnages un peu comiques malgré eux comme les Micawber.

J'ai aussi tout particulièrement aimé l'histoire à l'intérieur de l'histoire celle d'Emily Peggotty, jeune femme qui va être déchue et pour qui Dickens montre une grande tendresse dans ses écrits, alors que la société victorienne n'aurait pas pardonné ce genre de mésaventures. Il y a aussi une scène de naufrage remarquablement décrite.

Deux petits points un peu moins enthousiastes, les méchants qui le portent sur eux physiquement (l'un est roux et malheureusement à tous les stéréotypes négatifs liés à sa couleur de cheveux et l'autre a une cicatrice).

Je n'ai pas été totalement convaincue par le personnage de Dora non plus, même si cela fait partie de l'apprentissage de David Copperfield. Quoique  cela donne des scènes très drôles comme quand David est tellement perturbé que pour la réanimer (elle vient de tomber dans les pommes), il se trompe et prend un flacon avec des aiguilles et le renverse sur elle au lieu d'un flacon de sels.

En tout cas, comme tous les romans de Dickens, je pense que certains de ces personnages resteront encore avec moins longtemps.

Evidemment, j'ai envie d'en lire plus et je déplore tellement le fait que de nombreux livres de Dickens soient épuisés en Folio et même en pléiade car les notes explicatives sont vraiment précieuses.

Je l'ai lu il y a quelques années déjà, mais ta présentation me donne envie de relire (sans compter la nouvelle adaptation pour laquelle je me préparerais bien )

As-tu lu une biographie de la vie de Dickens ? Parce que je trouve qu'on l'apprécie encore plus quand on reconnait certains éléments de sa propre vie.

@ Shelbylee : non, je n'ai jamais lu de biographie (si ce n'est un essai qui retrace la genèse de A Christmas Carol où il était question d'une partie de la vie de Dickens). Je vais certainement suivre ton conseil

Alors je me permets de te conseiller 2 possibilités qui sont 2 coups de coeur la biographie de Marie-Aude Murail et celle de Jean-Pierre Ohl

@ Shelbylee : je prends note de tes références, mais je viens d'en commencer une en anglais (de Robert Douglas-Fairhurst). En fait, c'est peut-être idiot, mais je trouverais ça un peu bizarre de lire sur Dickens en français (la biographie que je viens de débuter contient beaucoup d'extraits de ses livres, de ses discours, ou de sa correspondance).

Je dirais qu'il peut exister de très mauvaises choses en anglais et de très bonnes en français et inversement, même si effectivement sur le forum, on lit plus en anglais.

Mais justement, il est bon aussi de souligner quand parfois il existe de bons ouvrages en français (et on évoque aussi les mauvais qui sont nombreux )

@ Shelbylee : je ne voulais pas dire qu'une biographie en français serait forcément mauvaise, loin de là. Ce n'est pas du tout que je remets la qualité en question, je redoute plutôt une impression non familière à lire sur Dickens en français, avec les titres de ses romans en français, les extraits traduits, etc. Ça sonnerait d'une façon un peu particulière, je pense. Mais je retiens les deux titres que tu recommandes, que je lirai peut-être plus tard

Je viens de relire David Copperfield, et je suis tout aussi enthousiaste que Shelbylee ! Que d'aventures et de rebondissements, de personnages attachants, de moments drôles et de passages pleins d'émotions...

Shelbylee a écrit:

J'adore aussi les personnages de doux excentriques qui parsèment les récits de Dickens. Ici, je suis tombée sous le charme de Betsey Trotwood et Monsieur Dick.

J'aime aussi ces personnages qu'on rencontre souvent chez Dickens, et qu'il dépeint avec humour et tendresse. Ici c'est Monsieur Dick en particulier qui m'a touchée. Il est plein de bonnes intentions, il a un grand cœur et tout ce qu'il fait semble empreint d'une certaine poésie (comme quand il fabrique des cerfs-volants de ses écrits pour que le vent les emporte et les répande)

Et David lui-même m'a énormément touchée. Je trouve que Dickens est bien parvenu à le faire évoluer, à montrer au lecteur quand il manque de clairvoyance (ce qui n'est pas évident, vu que le livre est narré par David à la première personne) et de l'amener progressivement à une plus grande maturité. Par exemple, dans le traitement de ses sentiments envers Dora,

Spoiler:

Shelbylee a écrit:

Deux petits points un peu moins enthousiastes, les méchants qui le portent sur eux physiquement (l'un est roux et malheureusement à tous les stéréotypes négatifs liés à sa couleur de cheveux et l'autre a une cicatrice).

C'est vrai que Uriah Heep et Rosa Dartle sont présentés avec certains clichés physiques qui les caractérisent comme étant "méchants". Mais après, je trouve néanmoins qu'ils présentent pas mal de subtilités dans leur personnalité. Rosa, particulièrement, est complexe dans ses sentiments et ses intentions. Son attitude, par exemple, envers Mrs. Steerforth est un peu ambiguë (surtout à la fin !). Quant à Uriah Heep, ce que j'ai trouvé très habile était la façon de montrer comment David le perçoit, et comment cette perception évolue : il est d'abord un peu étonné par son apparence, sans avoir rien contre lui, puis se sent de plus en plus mal à son aise en sa présence, comme s'il n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui le dérange, pour en arriver à le détester et à le lui dire ouvertement.

J'ai énormément apprécié lire ce livre, comme toujours avec Dickens !

Le roman est réédité chez Puffin le 7 mars prochain :




J'aime beaucoup la couverture, j'espère que d'autres titres suivront.

Jolie! Je compte lire « David Copperfield » en 2024, après avoir beaucoup aimé « Demon Copperhead » de Barbara Kingsolver cette année.

Oui, je me souviens d'ailleurs que tu m'as bien donnée envie de le lire