Des orties et des hommes de Paola Pigani

J'ouvre un topic à un de mes derniers plus gros coups de cœur littéraires 

Citation :

Dans le hameau de Cellefrouin, en Charente, la petite Pia observe intensément le travail des hommes, les bêtes, les arbres, toute une vie qui bruisse autour d'elle. Entourée de ses grands-parents, immigrés italiens, de ses parents éleveurs et d'une fratrie très remuante, elle observe aussi la dureté de ce pays où l'on peine à gagner sa vie, où les fermes se dépeuplent, où un homme se pend dans son étable, où un adolescent tue son père. Bientôt, les murs des granges se couvrent d'affiches « Vivre et travailler au pays », invitant les paysans d'ici à penser à ceux du Larzac en lutte. À l'occasion d'un voyage à Turin, au cours de l'été 1976, Pia s'éloigne pour la première fois des siens. À son retour, une terrible sècheresse rend tout méconnaissable. Quelque chose est mort et ne renaîtra plus. Entre l'écho des tronçonneuses, le parler bigarré des vieux, des ouvriers manouches, turcs ou portugais et les mots des poètes qu'elle découvre, sa propre voix s'impose pour raconter la fin de ce monde agricole. Et la possibilité de le garder en soi pour toujours. Sans aucun doute le roman le plus intime de Paola Pigani : hommage vibrant à l'enfance, à la nature, à la rêverie, à la lecture et à l'éveil adolescent

Pas assez de mots pour décrire la beauté de ce roman lumineux qui incite à la rêverie, à la nostalgie heureuse et à bien d’autres émotions encore. 
L’enfance de Pia, dans la Charente des années 70, est loin d’être idyllique et pourtant la jeune fille n’est pas malheureuse pour autant. L’enfance de Pia, c’est tout à la fois courir à perdre haleine dans les bois, écouter gronder la rivière, traire et soigner les vaches, rendre visite à sa grand mère qui lui apprend à cueillir les orties, dévorer des romans sous les couvertures et prendre des notes dans son cahier d’essai. Presque une image d’Epinal, sauf que la réalité de son monde est toute autre. La ferme familiale tombe peu à peu en ruine et son père travaille d’arrache pied pour rembourser le prêt au crédit agricole. A mesure que la décennie 70 défile, le regard de Pia s’aiguise, sur le monde qui l’entoure, les secrets et les origines de sa famille nombreuse, joueuse et combattante, le chagrin et la colère des paysans, la politique ... Pia emprunte peu à peu la voix de l’indépendance, très attachée au monde qui l’a vu grandir, elle en découvre un autre dans le décor des murs gris de son internat. L’auteur décrit avec un immense talent la question des racines et de l’exil (les parents de Pia sont des immigrés italiens) et rend un vibrant hommage au monde rural.
Dans une langue extraordinairement poétique et imagée, ce livre, à la résonance autobiographique, a quelque chose d’enchanteur. L’écriture est fine, délicate et d’une grande vivacité. Un pur bonheur de lecture  
J’ai déjà ajouté les autres romans de cet auteur à ma PAL virtuelle ! 

Depuis le temps que tu me vantes les mérites de ce roman, il serait quand même temps que je le lise....

Ouiii ! Ce livre est un petit bijou et mérite d'être plébiscité davantage