Testament of youth (Mémoires de jeunesse) de Vera Brittain (le livre)

Ca a l’air vraiment intéressant, j’ajoute film & livre à ma liste

AnGee nous disait un peu plus haut qu'elle travaillait sur ce projet de traduction, je me demande si c'est elle qui est derrière cette publication.

AnGee, si tu passes par là ... 

Je suis partagée entre la joie de voir ce livre enfin traduit en français et une certaine gêne car je l'ai en anglais sur mes étagères depuis des siècles et toujours pas lu
Je pense que je le lirais en VF mais que je garderais mon édition en VO pour sa jolie couverture qui reprend une image du film. Je manque de temps pour lire en VO en plus et c'est une sacrée brique.

Quelle nouvelle absolument excellente!

A deux doigts de l'acheter en grand format si la couverture est belle.

Bon 25 € quand même.

Oui, il est pas donné mais c'est un sacré pavé et ce sera une traduction inédite.

Sinon, la sortie a été repoussée à août 

Ahhhh la déception !

Oui et tous les grands formats sont à 25 maintenant en fait.

Bon, pas encore de couverture française mais je voulais partager cette belle photo de Vera Brittain que je ne connaissais pas du tout et sur laquelle je suis tombée en faisant quelques recherches hier :

Absolument magnifique !

Très belle photo ! Merci pour le partage Emjy !

Je n'ai toujours pas Lu Testament of youth trouvé en VO, c'est vraiment un récit que j'aimerais bien lire.

Oui la photo est superbe

Tu l'as en anglais dans ta PAL ? Sinon, je pense que cela vaut la peine d'attendre la sortie française (j'ai revérifié il sort le 23 août chez Viviane Hamy )

Emjy a écrit:

Tu l'as en anglais dans ta PAL ? Sinon, je pense que cela vaut la peine d'attendre la sortie française (j'ai revérifié il sort le 23 août chez Viviane Hamy )

Oui, je l'ai trouvé lors d'un déstockage de livres d'occasion pour 1e avec plusieurs romans VF d'Elizabeth Peters, je me suis rappelé que cette série avant pas mal de succès sur le Forum.

@ Constance : Ah oui, jolie trouvaille !

Voici mon avis (très long) sur cette lecture qui m'a captivée :


A défaut d'avoir eu le courage de découvrir ce pavé de plus de 700 pages en version originale, je suis contente d’avoir attendu de pouvoir en lire une traduction car c’est un texte plus exigeant que je le pensais (Vera Brittain est clairement une très grande écrivaine). Mais il est aussi profond, poignant, âpre et poétique que je l’imaginais. Une autobiographie qui réussit le tour de force d’être aussi profondément intime qu’universelle a quelque chose d'infiniment précieux, et je ne voulais pas en perdre une miette.
Les mémoires de Vera Brittain, sensibles, élégiaques mais implacables, ont servi de modèle à de nombreux mémorialistes, tels que Martha Gellhorn ou Lillian Hellman, entre autres. Et pour cause, ce livre a considérablement façonné et aider à définir la mémoire de son temps et rend hommage, sans sentimentalisme, à toute une génération sacrifiée ou irrévocablement changée par la guerre.

Abandonnant ses études à Oxford en 1914 pour s'enrôler comme infirmière dans les forces armées, Vera Brittain a servi à Londres, à Malte et en France. A la fin de la guerre, elle avait perdu presque toutes les personnes qu'elle aimait, ses contemporains avec qui elle partageait tout, des hommes exceptionnels.
En lisant ces mémoires, l'ironie de constater que l'un des témoignages les plus vibrants et aboutis sur la Première Guerre Mondiale ait été écrit par une femme, et non cette fois par un écrivain qui a vécu la guerre dans les tranchées ni par un grand politicien, ne peut nous échapper.
Vera Brittain a grandi dans la petite bourgeoisie du Derbyshire et connu une enfance et une adolescence confinées traditionnellement edwardiennes.
Dotée d'un tempérament fort et rebelle et de beaucoup d'ambition, Vera avait déjà tout du personnage romanesque hors du commun. Elle a du longtemps batailler avec un père très conservateur pour le convaincre de la laisser aller étudier à Oxford. Elle était très proche de son plus jeune frère, Edward, un musicien très doué au doux caractère et est rapidement tombée amoureuse(et réciproquement)  du meilleur ami de celui-ci, Roland Leighton, fils d'écrivains bohèmes, passionné tout comme elle de littérature et de poésie.
De belles perspectives d'avenir s'ouvraient à elle lorsque la guerre a éclaté ...
Poussée par le désespoir profond de voir Edward, Roland et tous ses proches amis rejoindre le front et la volonté farouche de se sentir utile, Vera s'est rapidement enrôlée comme infirmière volontaire, malgré son manque total d'expérience.
Elle ressentait un besoin féroce d'exécuter des travaux de force physiquement pénibles voire épuisants pour endormir ses spéculations morales. Il s'agissait pour Vera d'une conquête sur elle-même pour tenter de garder pied dans une réalité devenue impitoyable.
Bien sûr, cet ouvrage donne à réfléchir sur le courage et l’héroïsme mais à aucun moment Vera Brittain donne l’impression de s’être donnée la possibilité de faire d’autres choix. Elle s’est engagée comme VAD par besoin viscéral, moral et physique d’œuvrer pour son pays, et à travers lui les quatre hommes qui ont compté le plus dans sa vie.
L'histoire d’amour entre Vera et Roland est une des plus belles que j’ai pu suivre entre les pages d’un livre. Tout l’ouvrage est traversé par les puissants sentiments qu’elle éprouvait à son égard. Leur correspondance, notamment, nous montre à quel point leur attirance mutuelle était avec tout artistique et intellectuelle. Mais les passages où elle le décrit, lui, ou ses sentiments à son égard, sont d'une telle sensibilité et d'une telle passion qu'ils en sont d'autant plus poignants et étonnants.

Il me semble difficile d'écrire objectivement sur cet ouvrage car la lecture de ces mémoires est avant tout une expérience extraordinairement émouvante.
J'ai ressenti une extrême compassion pour elle mais aussi une grande admiration pour sa technique d'écrivain. C'est la voix de Vera Brittain qui fait de "Mémoires de jeunesse" un grand livre. Elle trouve un ton sec, amusé parfois (l'ironie n'est jamais bien loin, en dépit des circonstances oh combien dramatiques qu'elle décrit), mais imprégné d'une délicatesse et d'une sagesse triste qui l'inscrit évidemment dans une tradition très britannique.
Elle sait se montrer très piquante quand elle en a besoin et n'exagère jamais le drame car elle a conscience que les évènements décrits tels qu'ils sont auront plus de portée pour son lecteur.
Tout au long du livre, j'ai ressenti que Vera Brittain gardait le contrôle de sa prose, avec la même force et la même abnégation qui lui ont permis d'élaborer une philosophie de vie, pendant la guerre, et peut-être même encore davantage après …

Mémoires de jeunesse est pour moi presque un livre-monde, il aborde des sujets sensibles et profonds et donne à réfléchir, de manière presque vertigineuse, sur la société européenne de la première moitié du XXème siècle et même au delà.
Toutes les facettes de Vera y sont décrites : la jeune fille de la bourgeoisie du Derbyshire, éprise de littérature et de poésie, l’aspirante étudiante à Oxford, l’amoureuse idéaliste et romantique, l’infirmière militaire, l’écrivaine dans le Bloomsbury bohème des années 20, l’amie fidèle de Winifred Holtby, l’oratrice et la militante pour la Société des Nations... Avant d’atteindre ses 30 ans, Vera Brittain donnait l’impression d’avoir déjà vécu milles vies, et chacune aussi intensément que l’autre.

Son livre peut-être lu comme un exutoire, un ouvrage profondément militant, pacifiste et féministe, ou simplement comme le témoignage sans artifices d'une jeune femme qui n'était pas destinée à une telle existence. C'est en tous cas une réalisation colossale, bouleversante et inspirante. L’œuvre d’une femme singulière et valeureuse en quête perpétuelle d’un idéal.

@Emjy
Je suis ravie que tu aies pu enfin lire ce livre, je me sentais un peu seule sur WD à l'avoir lu en raison de la traduction très tardive de ce livre

Citation :

En lisant ces mémoires, l'ironie de constater que l'un des témoignages les plus vibrants et aboutis sur la Première Guerre Mondiale ait été écrit par une femme, et non cette fois par un écrivain qui a vécu la guerre dans les tranchées ni par un grand politicien, ne peut nous échapper.

Je suis d'accord avec toi. Le seul livre qui à mes yeux s'y rapproche est Goodbye to all that de l'écrivain Robert Graves car il l'a écrit et publié très rapidement après la guerre, ce qui lui a évité d'enjoliver la guerre ou d'oublier l'impact très important et permanent qu'elle a eu sur lui.
Le topic est ici

Citation :

Elle ressentait un besoin féroce d'exécuter des travaux de force physiquement pénibles voire épuisants pour endormir ses spéculations morales. Il s'agissait pour Vera d'une conquête sur elle-même pour tenter de garder pied dans une réalité devenue impitoyable.

J'ai la même opinion que toi. Je pense qu'elle accepte les très mauvaises conditions de travail et le mépris constant des infirmières/médecins avec l'idée que cela équivaut un peu au sort de son frère, de Roland et de leurs amis.
ils font la guerre et meurt tous, elle peut subir ces conditions très pénibles en échange.

C'est dans ce livre que je me suis rendue compte à quel point, une fois la guerre terminée, tout le monde a voulu passer à autre chose très vite, tentant même de rendre ridicule l'engagement de Vera Brittain.
C'est le même ressenti dans le livre de Robert Graves.

Citation :

L'histoire d’amour entre Vera et Roland est une des plus belles que j’ai pu suivre entre les pages d’un livre. Tout l’ouvrage est traversé par les puissants sentiments qu’elle éprouvait à son égard. Leur correspondance, notamment, nous montre à quel point leur attirance mutuelle était avec tout artistique et intellectuelle. Mais les passages où elle le décrit, lui, ou ses sentiments à son égard, sont d'une telle sensibilité et d'une telle passion qu'ils en sont d'autant plus poignants et étonnants.

Ces passages m'ont beaucoup émus.

Merci pour cet avis passionnant Emjy ! Je ne regrette pas trop de ne pas avoir eu le temps de le lire en VO, vu ce que tu écris je pense que je serais passée à côté de plein de choses et ça aurait été fort dommage.

Je l'achèterais et le lirais sans faute d'ici la fin de l'année !