Mon Antonia et autres romans de Willa Cather

J'ai tellement entendu parler de livre, sans même savoir de quoi il parlait, que lorsque la semaine dernière, j'ai vu ce livre dans une boutique d'occasion, je me suis jetée dessus à la vitesse de l'éclair
Et j'ai bien fait tant ce livre m'a plu


Mon Antonia (My Antonia) est le roman de le plus célèbre de l'écrivain américaine Willa Cather (1873-1947)
Les livres de Willa Cather, donc My Antonia, O Pioneers! et The Song of the Lark (Le chant de l'alouette) ont été comparés récemment avec l’œuvre de Jim Harrisson car le Grand Ouest américain y est magnifié.

L'histoire:
A la fin du XIXème siècle, Jim Burden, 10 ans, est dans un train qui l'amène dans le Nebraska. Ses parents viennent de mourir et, devenu orphelin, il quitte sa Virginie natale pour cette terre inconnue, recouverte d'herbes rouges. Dans le même train, une famille tchécoslovaque fait le même voyage pour s'installer dans une ferme voisine.
Jim, bientôt installé dans la ferme de ses grand-parents aimants, rencontre rapidement la famille Shimerda, et s'attache surtout à Antonia, de quatre ans son ainée, qui a été désignée par sa famille comme celle qui apprendrait en priorité l'anglais.
Le récit de Jim Burden, qui commence à l'enfance et se termine plus de 30 ans après, est celui de sa relation avec Antonia, et à travers ses yeux, on va découvrir le Nebraska et  la vie très difficile des émigrants qui ont quitté l'Europe pour s'installer dans une terre inconnue et inhospitalière.

On va suivre, à travers son regard, la vie très difficile des Shimerda à leur arrivée (la mère est envieuse de tout, le père est désespéré d'avoir quitté son pays natal) puis les relations entre les deux familles.
On va suivre également la vie de citadin puisque Jim, arrivé à l'adolescence,  va suivre ses grands parents dans la ville la plus proche.
Parallèlement, Antonia, qui s'épuise dans des travaux de ferme (et n'a pas le droit d'aller à l'école ) va elle aussi arriver en ville pour travailler comme "fille de service" comme un très grand nombre de fille d'émigrés (norvégien, suédois, danois et tchécoslovaque)

Ces passages sont passionnants, car le lecteur voit à travers le regard de Jim ces jeunes filles évoluer. Elle donne une grande partie de leur salaire à leur famille, mais ce travail leur sert aussi à s'émanciper, à ouvrir les yeux sur le monde et à décider d'un avenir meilleur pour elles et leurs futurs enfants.
Bien qu'Antonia soit le principal objet d'affection de Jim, il parle presque autant d'une de leurs amie, Lena Lingard, une fille d'émigrés norvégienne qui réussit sa vie contre toute attente.

Le passage où elle explique à Jim, son ami, pourquoi elle ne se mariera jamais est très marquant :

Citation :

- Mais tu finiras par te sentir toute seule au monde. Tu seras fatiguée de ce genre d' existence.Tu voudras avoir une famille.
- Pas moi. J'aime être seule. Je suis entrée en apprentissage à l'âge de dix-neuf ans. Je n'avais jamais dormi dans un lit sans le partager avec au moins deux autres filles. Je n'avais jamais eu une minute à moi toute seule, sauf quand je gardais le bétail.

La vie d'Antonia n'est pas sans embuche, et provoque parfois la réprobation de ses proches, mais sa vie est passionnante à suivre.
La fin du livre m'a beaucoup plu.

Si vous ne connaissez pas ce livre, je vous invite vivement à le lire. Il se lit très vite, le style est agréable et pas du tout ampoulé.
Sa réputation de chef d’œuvre de la littérature américaine n'est pas usurpée.

Je l'ai dans ma PAL et compte le lire bientôt. C'est le roman préféré d'une de mes meilleures amies et ton  avis me donne encore plus envie de m'y plonger

Je n'avais jamais entendu parler de cet ouvrage. Le résumé me plait beaucoup. Merci pour ton avis Diana !

Je ne connaissais pas non plus. Je vais noter le titre car ce roman me tente beaucoup.

Les éditions Rivages semblent bien parties pour publier tous les romans de Willa Cather en poche et c'est une excellente chose : c'est vraiment un superbe écrivain. 
J'ai lu il y a quelques mois un de ses plus courts romans, Une dame perdue, et je lui ai trouvé beaucoup de charme et de force

Citation :

Marian Forrester incarne aux yeux de tous la réussite. Elle forme avec son mari un couple parfait, combinant fortune et élégance. Le tableau idyllique finit par se lézarder : Daniel Forrester est victime d'un désastre bancaire puis d'une attaque cardiaque. Pourtant, sa femme continue de jouer le jeu de la séduction. Au prix de certaines trahisons. Ce chef-d'oeuvre publié en 1923 est un classique de la littérature américaine.

A travers à peine 200 pages, Willa Cather brosse le portrait d'une femme troublante et fascinante, qui n'est pas sans rappeler les héroïnes ambivalentes et tourmentées de Henry James ou d'Edith Wharton. Et elle plante aussi le décor d'une Amérique peu à peu en perte de repères, celle du grand Ouest mis à mal par les dérives du capitalisme. Une dame perdue est un roman emblématique du déclin du mythe américain. Il s'agit aussi d'un récit d'apprentissage porté par la voix d'un jeune narrateur sensible, témoin de l'existence d'une femme qu'il admire et aime depuis toujours. Les sentiments passionnés et profonds qu'il éprouve ne l'empêchent pas de s'exprimer avec une certaine lucidité, et c'est ce qui rend ce roman d'autant plus beau et nuancé. 
Le roman est écrit avec beaucoup de sensibilité et de pudeur mais est sans concessions (l'héroïne, comme le roman, a sa part d'ombre, indéniablement). Comme je le disais un peu plus haut, on peut penser à une certaine tradition des lettres américaines en lisant ce livre, mais Willa Cather a un style et une vision bien à elles, et sa propre singularité.


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Ce livre m'intéresse beaucoup
Il est prémonitoire s'il a été publié en 1923... La couverture de la version française est très chic.

Citation :

Il s'agit aussi d'un récit d'apprentissage porté par la voix d'un jeune narrateur sensible, témoin de l'existence d'une femme qu'il admire et aime depuis toujours.

C'est un point commun avec Mon Antonia... Je me demande si tous les livres de Will Cather sont comme ça.

Je n'ai jamais lu Willa Cather mais c'est une auteure qui m'attire. Et vos posts ne vont pas me faire changer d'avis on dirait , au contraire ils pourraient accélérer un peu ma découverte !

Je ne connais pas encore l'auteur. Emjy m'en parlé récemment et j'ai acheté "Mon ennemi mortel". Quelqu'un l'a lu ?

Titine75 a écrit:

Je ne connais pas encore l'auteur. Emjy m'en parlé récemment et j'ai acheté "Mon ennemi mortel". Quelqu'un l'a lu ?

Je ne connais pas du tout.
De quoi cela parle-t-il?

Diana a écrit:

Titine75 a écrit:

Je ne connais pas encore l'auteur. Emjy m'en parlé récemment et j'ai acheté "Mon ennemi mortel". Quelqu'un l'a lu ?

Je ne connais pas du tout.
De quoi cela parle-t-il?

C'est l'histoire d'une femme du Missouri qui suit un homme à New York. On la retrouve des années plus tard dans un hôtel médiocre de la cote ouest. C'est un texte très court, juste 100 pages. La quatrième de couverture parle d'un hommage à la littérature européenne.

Je viens de découvrir cette auteure avec My Antonia, et j'ai tellement aimé que j'ai tout de suite enchaîné avec O Pioneer! Ce sont deux livres formidables, prenants, et superbement écrits. J'étais captivée et complètement enivrée par le style de Willa Cather, qui transporte et résonne tellement vrai et pur. Les deux romans touchent aux mêmes thèmes, le premier contact avec une terre encore toute neuve, un territoire nouveau, et l'apprivoisement de celui-ci au cours des années, et ce au travers de personnages d'immigrés aussi forts et attachants dans leur réalisme qu'ils sont des emblèmes de cette jeune Amérique, presque des symboles. Un passage dans My Antonia me semble très joliment et justement exprimer ce statut des personnages et ce qu'ils représentent (en l'occurrence le personnage d'Antonia) :

Citation :

Antonia had always been one to leave images in the mind that did not fade - that grew stronger with time. [...] She lent herself to immemorial human attitudes which we recognize by instinct as universal and true. [...] She still had that something which fires the imagination, could still stop one's breath for a moment by a look or gesture that somehow revealed the meaning in common things. She had only to stand in the orchard, to put her hand on a little crab tree and look up at the apples, to make you feel the goodness of planting and tending and harvesting at last. [...] She was a rich mine of life, like the founders of early races.

Les personnages sont plus que ce qu'ils sont au niveau de la narration, de l'histoire dont ils font partie : ils sont universels et parlent non seulement des innombrables vies qui ont contribué à forger les Etats-Unis, mais aussi des joies et des peines qui sont le lot de toute vie humaine.

Ce sont des romans très puissants et qui ne laisseront pas indifférent. Les personnages m'ont beaucoup marquée, et je me souviendrai d'eux pendant longtemps!

@LilyBart
O Pionneer est dans ma PàL depuis ma lecture de My Antonia
D'après ce que tu écris, les deux livres sont aussi bons l'un que l'autre, ce qui m'incite à découvrir un peu plus l’œuvre de Willa Cather

@ Diana : oui, les deux romans se valent. Et si tu as aimé My Antonia, alors O Pioneer! ne peut que te plaire!