Le Prince de Hombourg de Marco Bellocchio

Ce film italien est l'adaptation de la dernière pièce de l'allemand Heirich Von Kleist, écrite peu de temps avant que l'écrivain romantique ne se donne la mort, en 1811, à l'âge de 34 ans.
Le Prince de Hombourg a représenté l'Italie lors de la compétition cannoise de 1997.
Le film n'était jamais sorti en salles jusqu'ici. Qu'il ait fallu 18 ans pour que cela se fasse m'étonne et me dépasse un peu je dois dire ...

Citation :

Le jeune prince de Hombourg, commandant de la cavalerie du Brandebourg pendant la guerre de Hollande, est en proie au somnambulisme. Une nuit, il ramasse un gant laissé par sa fiancée Natalia. Le lendemain, fasciné par la vision de ce gant, il n’écoute que distraitement les consignes militaires et, sur le champ de bataille, désobéit.
L'oncle du prince, chef de l'armée, exige que son indiscipline soit punie de façon exemplaire…

La bande-annonce :



Ce film est quelque peu atypique dans l'œuvre du cinéaste italien, qui ne compte aucune autre adaptation littéraire.
Dans ce long-métrage, on y retrouve la figure d'un héros à l'idéalisme dément, un guerrier, un soldat émérite mais aussi un prince romantique, somnambule, qui erre au début du film au clair de lune, l'âme perdue. Héros rêveur, il semble mal assorti à son uniforme de militaire.
Dignitaire prussien favori du roi, il prend l'initiative lors d'une bataille décisive de donner la charge avant d’en recevoir l’ordre hiérarchique. Le jeune prince de Hombourg, commandant de cavalerie, sort donc du rang et mène son camp à la victoire mais s'attire le courroux de son supérieur et la cour martiale. La sentence est alors sans appel : pour avoir désobéi, le héros est condamné à mort. Au rêve se substitue donc un cauchemar éveillé, le héros est perdu.
Dans ce film, Bellocchio rend hommage au Romantisme du dramaturge Kleist en confrontant la raison aux sentiments, dans la plus pure tradition littéraire. Il insuffle également un parfait suspens et de la tension à son récit et habite ses personnages de contradictions qui font d'eux des êtres complexes et nobles.
Dans ce beau drame militaire, deux formes d'absolu s'opposent alors : celle du Romantisme et celle de la folie du pouvoir et de la gloire.
Le réalisateur imprègne tout son film d'une ambiance intense et onirique, d'une atmosphère trouble, presque spectrale. A l'image du héros et de son errance dans la pénombre, la mise en scène est faite d'une douce étrangeté, dans laquelle la temporalité est déconstruite et permet plusieurs niveaux de "réalité". Le film sort des sentiers battus, tout comme son héros en inéquation avec les carcans de la société.
La musique lyrique et légèrement dissonante de Carlo Crivelli, ainsi qu’un remarquable travail sur la photographie installent un étrange climat d'insomnie et de calme fiévreux au film. Le film est un diamant brut, à la fois intime et flamboyant.

Ce long-métrage est une bien belle œuvre cinématographique à découvrir cet été si vous en avez l'occasion (le DVD sortira sans doute dans quelques mois chez Carlotta ? )

Merci pour cette belle présentation.
Je n'avais pas entendu parler de ce livre ni de ce film mais il me tente bien, évidemment s'il sort un jour en dvd.

Ah mince, je croyais que c'était une ressortie... et je suis pas allée le voir par manque de temps. :/

J'avais vu la pièce il y a quelques années au théâtre de l'Athénée (et évidemment j'étais tombée nez à nez avec ma prof d'allemand. ) mais je ne connaissais pas cette adaptation en film. Merci pour ta présentation !

J'espère que vous aurez l'occasion de le voir et que vous aimerez (les avis dans la salle étaient plutôt élogieux, sauf pour certaines personnes qui se sont endormies )

@WithinMyDreamingSide : Et la représentation était bien ? J'ai lu la pièce il y a des années et j'en garde un bon souvenir

Emjy a écrit:

Et la représentation était bien ? J'ai lu la pièce il y a des années et j'en garde un bon souvenir

C'était pas mal, pas forcément impérissable non plus (et là je vois que la mise en scène était de Daniel Mesguich, comment dire... Elle ne m'a pas marquée. )... Apparemment il y a eu un DVD qui est sorti, on peut en voir des extraits ICI
(On trouve vraiment tout sur le net, même le dossier pédagogique (ici) qui aborde la question de la (re)traduction du texte)

Merci pour cette présentation Emjy! Je ne connaissais pas du tout.

@ WithinMyDreamingSide : Merci pour ces précisions J'ai vu que la pièce a été jouée de nombreuses fois, notamment avec Gérard Philippe.

@ Virginia : Je pense que ce film a des chances de te plaire