Kriss présente : "Une question de vie ou de mort"

A l'origine
En 1945 le Ministère de l’Information britannique commande au tandem Michael Powell (réalisation)/ Emeric Pressburger (scénario) un film dans le but d’apaiser les querelles entre les troupes anglaises et américaines.
A partir d’un thème imposé à priori un peu rébarbatif, les deux hommes vont réaliser un film d'une originalité étonnante, mêlant fantastique, comédie, mélo et histoire d'amour. Une merveille trop méconnue.

L’histoire
1945, le chef d'escadrille Peter Carter (David Niven) est seul dans son bombardier en feu au-dessus de la Manche. Il ne lui reste que deux solutions, mourir brûlé dans son avion, ou sauter sans parachute (oui je sais, il ne commence pas très bien mon film).
La voix d’une jeune opératrice américaine, June (Kim Hunter), est le dernier lien qui le raccroche à la vie.
Durant ses derniers instants, il lui confie ses pensées sur l'amour, la poésie,… puis saute.
Le lendemain matin, Peter Carter se réveille sur une plage, apparemment indemne.
Par une curieuse coïncidence, il rencontre la jeune femme et en tombe amoureux.
Seulement voilà, au Paradis, on s’étonne qu’il manque une personne à l’appel et un émissaire est chargé d’aller la chercher…

Scène d'ouverture


Quelle séquence d'ouverture ! Bouleversante, dramatique, et curieusement, en rupture de ton avec le reste du film, fantasque et totalement décalé.

Par la suite, l’histoire va alterner entre fantastique (séquence au Paradis, dont la grande scène du procès de Peter Carter) et mélo (le monde des vivants et l’opération du cerveau qui pourrait sauver la vie de Carter)
Les inventions visuelles sont réussies, avec notamment celle de l’escalier céleste. Mais, la grande trouvaille d’Une question de vie ou de mort est d’avoir différencié la Terre et le Paradis de manière assez inattendue. L’au-delà est filmé dans un noir et blanc qui témoigne d’une austérité assez peu attrayante, alors que la vie terrestre flamboie grâce à un Technicolor éclatant.

Citation :

D'une commande passée par le gouvernement britannique pour exalter la fraternité anglo-américaine, Michael Powell et Emeric Pressburger firent une ode à l'amour, la meilleure des pièces à conviction, même dans un procès contre le Ciel. On pense à Lubitsch qui, trois ans auparavant, prétendait déjà que Le ciel peut attendre. Powell et Pressburger usent d'ailleurs du même humour que le grand Berlinois dans leur description de l'« administration » céleste. De plus, grâce à un usage inédit de la couleur, merveilleux dans les deux sens du terme, ils transcendent le discours amoureux. Si leur au-delà est monochrome, leur ici-bas au Technicolor flamboyant donne à la vie des contours fantastiques. Atteint d'une grave affection du cerveau, Carter n'est-il pas simplement victime d'hallucinations ? En entretenant sa confusion, Powell et Pressburger posent, en filigrane, la question du réel. Et nous laissent croire que la vie tient autant à la science d'un bistouri qu'à la magie d'une larme.

Un film hors normes donc, qui, vu aujourd’hui, semble nettement en avance sur son temps.

A noter qu’il a été exploité aux Etats-Unis sous le titre “Stairway to Heaven” (Un escalier vers le paradis), le titre anglais lui donnant probablement à l’époque une couleur trop polar.

De la longue collaboration entre Michael Powell et Emeric Pressburger, sont nés beaucoup d'autres beaux films : Les Chaussons rouges (présenté par Emjy ici ), Le Narcisse noir,… . Films à découvrir également, car, là, je sors l'argument qui tue, Malika Ferdjoukh l'a bien dit dans son entretien avec Emjy : Michael Powell est un génie absolu (avec Jean Renoir).

Ah j'adore ce film, Kriss J'étais tombée dessus et je n'avais pas pu décrocher... tu me donnes une furieuse envie de le revoir, car, malgré tout, j'ai un peu oublié !!! (je crois que le DVD est sorti et je me tâtonais... je crois que c'est fini , je vais me le prendre pour de bon). C'est aussi le plus beau rôle de David Niven!

Merci pour cette présentation Kriss!!

Je n'ai pas vu ce film, va falloir que je répare cette erreur de toute urgence!!! la vidéo que tu as posté m'a donné la chair de poule...

@ Muezza
Je viens de l'acheter également. A l'ère du DVD, n'avoir ce film que sur une vieille VHS pourrie, c'est pas top.

concernant David Niven. Je considère également que c'est son plus beau rôle. Emouvant, sensible et toujours so british !!!

@ Galy
J'ai beau la connaître par cœur, cette première scène m'impressionne toujours autant.

Merci pour cette superbe présentation Kriss ! Elle donne drôlement envie ! Comme je le disais, de ce réalisateur, je ne connais que Red Shoes que j'ai beaucoup aimé. La réalisation soignée et inventive de ce réalisateur m'a vraiment enthousiasmée alors je pense que j'essaierai de voir A Matter of life and Death le plus vite possible !

Merci pour cette présentation Kriss, je ne connaissais pas ce film, mais cela donne très envie de le voir!!

Bravo Kriss pour cette présentation!
Je ne connaissais absolument pas ce film, et je dois dire que je suis maintenant plus qu'intriguée...
Je suis allée faire un tour sur Wikipedia pour mieux connaître ce réalisateur, et je me suis aperçue que sa filmographie est impressionnante aussi bien par sa particularité que par sa qualité....
Alors merci à toi pour cette belle découverte!!!!