Dans le pavillon rouge, de Pauline Chen.

Comme en ce moment, je suis en pleine période "chinoiseries", je vous invite à partager mes découvertes récentes (bonnes ou moins bonnes) en matière de littérature asiatique.

Je commence avec un ouvrage paru il y a quelque temps, qui n'est pas sorti en poche et que j'avais pris un peu au hasard sur l'étal d'une librairie, ne sachant pas trop à quoi l'attendre :


Dans cet ouvrage, Pauline Chen, une universitaire américaine aux origines chinoises, retrace le parcours d'une jeune fille, Daiyu, dans la Chine du 18ème siècle. Sa mère vient de mourir ; comme elle s'était mariée sans le consentement de sa famille avec un homme pauvre, elle a été rejetée par son clan, les Jia. Mais Daiyu est malgré tout invitée à rejoindre le palais de Rongguo à Pékin, là où vit la prestigieuse famille de sa mère. Elle y découvre un mode de vie très codifié, auquel elle n'est pas habituée. Sa grand-mère, Dame Jia, règne sur la résidence des femmes où tout le monde, servantes comme concubines, obéit à des règles hiérarchiques strictes. Quand Daiyu tombe amoureuse de l'héritier des Jia, elle s'attire les foudres de la matriarche...

Ce livre est l'occasion pour l'auteur de dresser le portrait de la société chinoise de l'époque, qui ne fait pas spécialement de cadeaux aux femmes ; même lorsqu'elles sont issues de la bonne société, elles ne sont guère libres de leurs mouvements ou de leurs décisions. Le livre entrecroise les vies de trois femmes très différentes, Daiyu, Xifeng et Baochai, qui seront amenées à se côtoyer et tâcheront, chacune à leur manière, de se forger une destinée.

On ne s'ennuie pas une seule seconde à la lecture, et le dénouement est assez inattendu ; par contre, soyons claire : le style d'écriture de ce livre n'a rien d'exceptionnel ; l'auteur s'efforce de vulgariser pour un lecteur occidental les mœurs chinoises. L'intérêt principal de ce livre, c'est de donner envie au lecteur de découvrir le classique chinois de la littérature dont il s'inspire, Le Rêve dans le pavillon rouge, de Cao Xueqin, que je compte bien me procurer dès que possible.

J'ai eu ma période chinoiserie aussi, avec ce type d'ouvrages.
Je me demandais si tu pourrais ouvrir un topic sur la littérature chinoise en général et surtout les auteurs essentiels à découvrir (si tu as le temps et l'envie) parce que ça m'intéresserait.

Un choix au hasard (un certain attrait pour la littérature chinoise ou des thèmes traitant de la Chine, de son histoire, de son peuple ). J'ai vraiment eu du mal au début , au point de le mettre de côté. Et puis, un article dans un journal et j'ai décidé de le reprendre pour ne plus le lâcher.Je me suis vraiment attachée à Baochai et Daiyu. Tout comme toi Popila, je compte bien trouver le rêve dans le pavillon rouge. En tout cas, un coup de coeur.

Shelbylee a écrit:

J'ai eu ma période chinoiserie aussi, avec ce type d'ouvrages.
Je me demandais si tu pourrais ouvrir un topic sur la littérature chinoise en général et surtout les auteurs essentiels à découvrir (si tu as le temps et l'envie) parce que ça m'intéresserait.

Aucun souci, même si je me considère encore comme une néophyte dans ce domaine.

catherine morland a écrit:

Tout comme toi Popila, je compte bien trouver le rêve dans le pavillon rouge. En tout cas, un coup de coeur.

Malheureusement, cet ouvrage (considéré comme un chef d’œuvre en Chine) est devenu très difficile à trouver. Il n'est édité chez nous qu'en La Pléiade, et je crois qu'il n'a pas été réédité depuis un moment... 

Peut-être , au détour, des libraires d'occasions. On ne sait jamais. Je vais tenter de mon côté. J'aime bien ce genre de challenge.
Je suis allée sur Abebooks mais entre 60 et plus de 100 euros non merci.

Comme nous avions évoqué ce roman qui est la source d'inspiration du livre de Pauline Chen avec Catherine Morland, je poste ici mon avis sur Le Rêve dans le Pavillon Rouge de Cao Xueqin :


L'édition illustrée dont je poste la couverture est malheureusement devenue difficile à trouver, de même que l'édition en 2 volumes de La Pléiade, mais grâce à Sandie, j'ai réussi à ma la procurer en bibliothèque.

La lecture de ce roman fleuve m'a pris plusieurs saisons, et j'ai pris soin d'intercaler d'autres lectures, plus courtes, pendant cette découverte de ce grand classique chinois, mais je n'ai absolument pas boudé mon plaisir, et je n'ai quitté ce texte qu'à regret.

L'histoire :

Le Rêve dans le Pavillon Rouge débute sur le mode surnaturel : une déesse est en train de reboucher une brèche de la voûte céleste à l'aide de rochers ; elle est obligée d'en laisser un de côté. Passent un prêtre taoïste et un moine bouddhiste ; le rocher les supplie de l'emporter avec eux afin de voir et découvrir le monde. Il est ainsi donné à la pierre l'occasion d'expérimenter l'existence humaine…

Passé ce prélude, le lecteur découvre la puissante famille Jia, qui vit dans deux immenses résidences adjacentes, situées dans « la capitale » : le Palais de la Paix de l’État et le Palais de la Gloire de l’État. Le héros du roman, qui est né avec un abraxas de jade dans la bouche, fait partie de cette famille proche de l'Empereur. Désigné sous le nom de frérot Jade, c'est un adolescent rêveur et insouciant, qui batifole sans arrêt avec les femmes du gynécée. Aux textes confucéens, il préfère la poésie, au grand dam de son père, qui rêve de le voir embrasser la carrière mandarinale. Mais par dessus tout, il est extrêmement sensible au charme féminin, qu'il s'agisse de celui de ses soubrettes, ou de celui de ses cousines. Il admire sa cousine Grande Soeur Joyau, dont la beauté, l'intelligence, la maîtrise de soi et le tact sont exceptionnels, mais se sent en plus grande affinité de coeur avec une autre des ses cousines, la soeurette Lin, qui a certes le caractère moins facile, mais qui porte très haut l'amour de la poésie. Autour de ces trois personnages gravite une foule de figures hautes en couleur, comme l'Aïeule, la grand-mère du frérot Jade, Grande Soeur Phenix,. ... ce sont ces personnages dont on suit la destinée.  

Mon avis :

Le Rêve dans le Pavillon Rouge permet au lecteur une immersion dans la vie d'une famille aristocratique chinoise du XVIIIème siècle, le mot "famille" devant être ici pris au sens large : en effet, la demeure de la famille Jia comprend une domesticité très nombreuse, et Cao Xueqin exploreavec beaucoup de finesse les relations entre les maîtres et leurs valets. Comme les personnages ne quittent guère le Palais, on peut vraiment parler de roman domestique, la part belle étant réservée aux personnages féminins.. L'univers du Rêve dans le Pavillon Rouge présente un aspect documentaire manifeste : au fur et à mesure qu'il parcourt les pages de ce roman, le lecteur découvre le raffinement de la maison Jia, que ce soit au niveau culinaire, vestimentaire ou culturel. En outre, la psychologie des personnages est très approfondie, et les personnages principaux du livre restent longtemps en mémoire. Enfin, cette oeuvre n'exclut pas une dimension plus sociale et religieuse : en effet, la famille Jia, au moment où le roman commence, vit très largement au-dessus de ses moyens, et son faste affiché cache mal l'amorce de son déclin. Quant au héros du livre, il est amené à suivre une ascèse spirituelle le conduisant à se détacher d'une réalité illusoire.