Diary of a provincial lady de EM Delafield

Ce livre se présente sous forme de journal dans lequel la "provincial Lady" consigne ses activités du jour...
Elle nous fait partager ses soucis financiers, les maladies enfantines, ses activités au sein du Woman's institute...
La façon dont sont racontés ces épisodes de la vie quotidienne est vraiment très drôle.
La protagoniste regarde ses semblables avec un regard très ironique, notamment son mari qui est souvent grincheux, (il lui fait souvent part de ses réticences), et a des reparties assez comiques.

Il y a toute une galerie de personnages truculents: la gouvernante française qui dramatise toujours tout, Rose, la meilleure amie, l'amie d'enfance, et bien sûr Lady Boxe.. Les petits soucis avec les domestiques sont souvent très drôles aussi.

J'ai bien aimé la manière dont s'est écrit car on a vraiment l'impression qu'elle écrit ses pensées au moment où elle les pense. L'autre chose que j'ai apprécié ce sont les questions rhétoriques qui scandent ses propos.

Un petit extrait pour vous donner une idée du style:
Durant une visite chez Lady Boxe:

"Relieve my feelings by waving small red flag belonging to Vicky, which is lying on the hall-stand, and saying À la lanterne! as chauffeur drives off. Rather unfortunately, Ethel chooses this moment to walk through the hall. She says nothing, but looks astonished."

De ce que tu en dis, on dirait du Nancy Mitford ! Est-ce qu'il y a une parenté ?

Merci Miss Virginia, ça donne envie, en attente d'une version traduite peut être pour moi,

la couverture PB est simple, sobre, et superbe avec ces petits personnages dans ces scènes de la vie quotidienne  

@Akina: au niveau de la forme c'est très différent, mais au niveau du style, il y a des choses qui ressemblent, je pense surtout à l'ironie.

En tout cas, contente de vous donner envie de lire ce livre considéré comme un classique vintage outre-manche.

Merci !

J'ai terminé ce roman hier et j'ai été tout aussi séduite que Miss Virginia.   Je comprends maintenant pourquoi l'œuvre d'EM Delafield est aussi populaire en Angleterre.
Dans la postface, Nicola Beauman mentionne Diary of a Nobody de Grossmith parmi les sources d'inspiration de l'auteur. Il faudrait vraiment que je le lise car il fait apparemment partie des incontournables de l'humour british. Elle cite d'ailleurs une de ses phrases les plus célèbres en affirmant qu'elle illustre selon elle parfaitement l'humour, la verve, l'ironie et l'autodérision dont fait preuve EM Delafield dans Diary of a Provincial Lady :

Citation :

I left the room with silent dignity, but caught my foot in the mat.

C'est tout à fait ça   
Dans cet ouvrage publié en 1930, EM Delafield fait preuve d'un humour grinçant et de beaucoup d'esprit. On y suit, avec un amusement qui ne faillit jamais, le journal intime d'une femme au foyer qui vit dans la province anglaise, dans les années 20/30. Celle-ci vit avec son mari, Robert, un homme négligeant et taciturne, ses deux enfants, Vicky et Robin et quelques employés de maison (une cuisinière caractérielle - qui porte le nom générique de Cook -, une bonne, un jardinier et Mademoiselle, la préceptrice française - et donc très émotive   - de sa fille).

La narratrice (dont on ne connaîtra jamais le prénom) nous fait le récit plus ou moins circonstancié de ses petits tracas quotidiens (pour la plupart domestiques, mais pas seulement). Le résultat aurait pu être terriblement ennuyeux et trivial mais il n'en est rien. Le ton qu'emprunte cette héroïne du quotidien pour raconter sa vie, le regard qu'elle porte sur ses contemporains et son petit univers et la lucidité dont elle fait toujours preuve face au jeu des apparences et des conventions sociales participent grandement à faire de cet ouvrage une petite merveille de satire et d'humour anglais. Cette "Provincial Lady" est intelligente et a de l'esprit, cela ne fait aucun doute. Sa manière de croquer, avec sarcasme et impertinence, ses voisins est absolument réjouissante. De Lady B, l'aristocrate du coin présomptueuse et arrogante à la femme du vicaire hypocrite et envahissante, chacun en prend pour son grade, mais toujours avec une élégance dénuée de méchanceté. C'est mordant, piquant, caustique et spirituel.
L'héroïne ne s'intéresse pas uniquement à l'harmonie de son foyer, elle aime aussi lire et écrit même parfois pour une revue féminine. Lorsque Rose, l'une de ses plus vieilles amies, lui propose de lui présenter son cercle d'amis intellectuels et l'invite à passer quelques jours sans sa famille dans le Sud de la France, elle accepte avec plaisir. Pour elle, ce séjour est un peu une folle équipée. Sous sa plume, même le récit du voyage en train s'avère plein d'ironie et de plaisanteries. J'aurais pu citer plein d'extraits pour vous donner un petit aperçu de l'humour de l'auteur car c'est un festival de la première à la dernière page. Le choix a été difficile mais j'ai finalement opté pour celui-ci. Dans cet extrait, l'héroïne est donc en vacances au bord de la mer, elle nage et se met en tête de rattraper l'amie vicomtesse de Rose pour l'impressionner :

Citation :

[...]I cannot help viewing a perilous adventure recently experienced in (temporarily) choppy sea, agitated by vent d'est, in which no one but Rose's Viscountess attempts to swim. She indicates immense and distant rock, and announces her intention of swimming to it. I say that I will go too. Long before we are half-way there, I know that I shall never reach it, and hope that Robert's second wife will be kind to the children. Viscountess, swimming calmly, says, Am I all right ? I reply, Oh quite, and am immediately submerged.

Akina a écrit:

De ce que tu en dis, on dirait du Nancy Mitford ! Est-ce qu'il y a une parenté ?

EM Delafield fait preuve d'un humour tout aussi piquant mais elle est à mon avis beaucoup moins snob que Nancy  


Pour info, Persephone Books a réédité ce classique il y a peu avec un très joli marque page reprenant une illustration de l'édition originale de 1931. A noter que le livre contient aussi plusieurs illustrations pleine pages   



source de la photo : http://heavenali.wordpress.com/

Merci pour ton avis Emjy!
C'est vrai que ç´aurait pu être ennuyant, mais ça ne l'est pas du tout grâce à l'humour qui parcourt tout le livre.

J'aime bien aussi cette couverture de l'édition Virago illustrée par Cath Kidston:



Il existe aussi 3 suites à ce livre: The provincial lady goes further, the provincial lady in America, the provincial lady in wartime, mais je ne sais pas du tout ce qu'elles valent.

Miss Virginia a écrit:

J'aime bien aussi cette couverture de l'édition Virago illustrée par Cath Kidston:

Oui, toute cette collection de Virago est superbe   

Citation :

Il existe aussi 3 suites à ce livre: The provincial lady goes further, the provincial lady in America, the provincial lady in wartime, mais je ne sais pas du tout ce qu'elles valent.

Oui, il existe une intégrale chez Virago. Je crois que la suite n'est pas trop mal, enfin c'est ce que j'ai lu sur le net ...



Et j'avais trouvé d'occasion il y a 2 ans environ Provincial Daughter de RM Dashwood, ou les aventures de Vicky dans les années 50. Les critiques sur goodreads sont plutôt bonnes.  

Ah je ne connaissais pas ça!

Ce roman va être publié en français chez Payot le 4 février sous le titre Pas facile d'être une lady.

Et bien, ça pour une surprise ! Merci pour l'info !

Voici la couverture de l'édition française :

Merci Emjy!

De rien ! Ce sera un grand format apparemment.

Ils le sortiront en poche dans un an sans doute.

Il est sorti aujourd'hui en grand format.

Je me demande s'ils ont gardé les illustrations

J'ai pu le feuilleter à la librairie, et il n'y a pas d'illustrations (en même temps, celle de Virago n'en contenait pas non plus, je crois que c'est une exclusivité de la 1ère édition et de la récente réédition de Persephone Books). Par contre, le livre est plutôt joli

Ok merci pour l'info ! Ca m'aurait étonné mais on ne sait jamais !

Merci pour l'info!

Guettant sa sortie avec impatience depuis plusieurs mois, j’ai rapidement dévoré le roman de E. M. Delafield et vous fais sans tarder part de mon grand enthousiasme concernant cette lecture aussi délicieuse que désopilante que j’ai refermée à regrets !  

Citation :

S’inspirant largement de la vie de son auteure, « Pas facile d’être une lady ! » relate, sous la forme d’un journal intime, les tribulations d’une quadragénaire vivant au coeur d’un petit village du Devonshire au début des années 30. A la fois épouse, mère au foyer et femme de lettres, la narratrice, qui accumule les responsabilités et les obligations de toutes parts, tente de concilier tant bien que mal impératifs professionnels et vie de famille.
Relatant ses diverses péripéties tout en agrémentant son récit de nombreux commentaires désopilants afin de livrer le fond de sa pensée, elle donne aux évènements un relief inédit et une dimension rocambolesque à souhait. Les marques d’ironie et les réparties au cordeau fusent à chaque phrase pour le plus grand plaisir du lecteur qui se délecte de ses traits d’esprit et des digressions répétées faisant prendre subitement au récit une trajectoire inattendue. Durant ces monologues intérieurs, on se laisse ainsi porter avec bonheur par le cours imprévisible des réflexions de la narratrice, au gré des associations d’idées improbables nous faisant brusquement passer d’un sujet à l’autre.
Dans un style dépouillé et sans fioritures, la narration se révèle d’une redoutable efficacité, enchaînant les mésaventures et les traits d’esprit de l’héroïne. Faisant l’économie de descriptions superflues ou d’effets de style inutiles, l’auteure adopte un ton sans filtre et décomplexé, mélange parfaitement dosé de dérision et d’impertinence. Alimentant son journal d’anecdotes variées, E. M. Delafield a su brillamment capter et retranscrire les situations du quotidien afin de les faire apparaître sous leur jour le plus comique. Avec sa plume, acérée et sans concession, elle se rit de toutes ces petites misères de l’existence et tourne en ridicule les travers et les petites imperfections de la nature humaine.

Au-delà de la vocation purement cathartique de l’exercice, c’est avant tout l’occasion pour l’auteure de brosser un portrait caustique des moeurs de son époque et de la société dans laquelle elle gravite. Avec une ironie aussi naturelle qu’instinctive, E. M. Delafield croque ses contemporains avec beaucoup d’humour et nous renvoie tel un miroir l’image de nos propres travers et de nos contradictions les plus profondes. Avec tendresse et humour, E. M. Delafield pointe ainsi du doigt les turpitudes du monde, la fausseté des sentiments et brocarde une société faite de faux-semblants et d’apparences au sein de laquelle l’hypocrisie est reine et où le ressentiment resserre les liens entre les gens. Si le thème peut paraître éculé et le message maintes fois rabâché, l’angle d’attaque adopté et la démonstration, sans détour se révèlent des plus efficaces. Les ressorts comiques, bien que souvent répétitifs, fonctionnent à tous les coups arrachant au lecteur de nombreux et francs éclats de rire. Aussi hilarant que revigorant, « Pas facile d’être une lady ! » est un roman jubilatoire et une parenthèse d’humour que l’on voudrait ne jamais voir se refermer !

* * *

A mi-chemin entre la fiction et l’autobiographie, E. M. Delafield signe un récit désopilant mettant en scène les tribulations d’une quadragénaire gaffeuse et pétillante qui tente désespérément de mener de front vie personnelle et professionnelle. Véritable Bridget Jones des années 30, la narratrice, pleine de ressources et d’esprit, acquiert rapidement un fort capital sympathie auprès du lecteur qui suit avec jubilation ses mésaventures et se délecte de ses péripéties en chaîne.
Malgré l’apparente simplicité du style, E. M. Delafield livre un récit parfaitement rythmé et d’une redoutable efficacité mettant en scène des personnages truculents à souhait et aux ressorts comiques parfaitement huilés.
Riant ainsi de toutes ces petites misères qui peuplent nos existences, E. M. Delafield signe un roman aux accents étonnamment modernes qui aborde avec humour des thématiques universelles et intemporelles. Avec un sens de l’autodérision affirmé, elle pose un regard tendre et railleur sur ses contemporains tout en évitant les postures moralisatrices et sans jamais sombrer dans l’écueil du ressentiment. Au-delà du simple aspect humoristique de ce court récit, c’est donc avant tout le portrait caustique de tout un pan de la société qu’ébauche peu à peu l’auteure. Sa plume, alerte, écorche avec malice et humour les travers de la nature humaine et nous renvoie tel un miroir l’image de nos propres imperfections.
Aussi hilarant que revigorant, « Pas facile d’être une lady ! » est un roman jubilatoire et une parenthèse d’humour que l’on voudrait ne jamais voir se refermer ! Un petit bijou d’ironie à découvrir absolument !

Comme vous le voyez, j’ai pris un très grand plaisir à découvrir ce roman qui n’est pas passé loin du véritable coup de coeur ! Plus que de simples sourires, j’ai franchement ri à gorge déployée à de nombreuses reprises   ! Une lecture anti-morosité que je vous recommande chaudement ! Il va sans dire que j’espère que les éditions Payot vont poursuivre sur leur lancée en publiant dans un avenir plus ou moins proches d’autres traductions des oeuvres de E. M. Delafield . A noter pour finir que (tout en soulignant la grande qualité de la traduction ), au vu de la simplicité du style, la lecture en version originale me parait tout aussi accessible. La musicalité particulière et la cadence propres à la langue anglaise devant sans aucun doute mettre d’autant plus en valeur le rythme soutenu du récit !

Merci pour cette belle critique, Afleurdemots. Tu as très bien souligné les qualités de ce livre insolite, qui sont nombreuses
Comment as-tu entendu parler de ce roman ?

"Insolite" me paraît un mot tout à fait approprié pour qualifier ce roman! J'avais découvert "Diary of a Provincial Lady" sur Goodreads en cherchant des romans s'inscrivant dans la même veine que "Miss Pettigrew Lives For A Day" de Winifred Watson. Comme il était très bien noté et que les avis semblaient unanimes, je l'ai tout de suite ajouté à ma wish-list J'envisageais de me le procurer en VO quand j'ai appris par hasard qu'il allait paraître en France quelques mois plus tard! Du coup, j'ai choisi d'opter pour la facilité et j'ai pris mon mal en patience pour attendre sa publication en français.

C'est vrai que GoodReads est une source inépuisable d'idées de lecture
Si tu aimes les romans de ce genre, je ne peux que te conseiller le topic Romans "vintage" : un panorama