Jules César, très célèbre tragédie de Shakespeare, est l’une de mes pièces de théâtre préférée.
Elle est courte et intense, et malgré une histoire universellement connue, elle est pleine de suspens.
Tout d’abord, le titre est trompeur. Jules César n’est pas le personnage principal de cette pièce de théâtre, Cassius et Brutus, deux des conjurés les plus importants, et Marc Antoine, en sont les principaux personnages.
Jules César commence la veille de la mort de César.
Sa puissance grandissante et l’adoration qu’il suscite parmi les romains commencent à mettre mal à l’aise plusieurs sénateurs, tribuns et avocats romain, principalement Cassius.
Celui-ci s’emploie à convaincre Brutus, très aimé de Jules César et surtout d’une descendance illustre, de faire partie de leur conjuration afin de tuer César. Celui-ci hésite mais finit pas céder, la république doit être sauvée.
Il ne s’agit bien sûr pas de prendre le pouvoir, mais bien, selon eux, de défendre la république romaine qu’ils craignent en danger par la toute-puissance de César.
Alors que Cassius tient à tuer également Marc Antoine, général à qui tout réussi et très fidèle à César, Brutus rejette cette idée
Je vous arrête Cassius, nous sommes des sacrificateurs et non des bouchers ivres de sang. C’est contre l’âme de César que nous nous sommes dressés .L’assassinat de César a lieu dans l’acte III. César, qui refuse de prendre en compte les rêves prémonitoires de son épouse Calpurnia (qui lui demande de ne pas aller au Sénat ce jour-là) et qui n’écoute pas non plus les conseils d’un devin
Méfie toi des Ides de mars se rend au Sénat où il est assassiné par les conjurés.
A peine l’assassinat effectué, Marc Antoine rencontre Brutus et les autres conjurés, et il feint de comprendre leur action. Il leur demande une chose : celle de présenter l’oraison funèbre de César . Brutus, encore une fois contre l’avis de Cassius (il repoussera en tout, pendant la pièce, trois conseils de Cassius, qui était tous bons), décide de faire une courte oraison afin d’expliquer son geste, et laissera donc Marc Antoine faire un discours devant le forum.
C’est le début de la fin.
Brutus explique devant un forum plein de romains dubitatifs pourquoi il a tué César :
S'il est dans cette assemblée quelque ami cher de César, à lui je dirai que Brutus n'avait pas pour César moins d'amour que lui. Si alors cet ami demande pourquoi Brutus s'est levé contre César ; voici ma réponse : Ce n'est pas que j'aimasse moins César, mais j'aimais Rome davantage. Eussiez-vous préféré voir César vivant et mourir tous esclaves, plutôt que de voir César mort et de vivre tous libres ? César m'aimait, et je le pleure, il fut fortuné, et je m'en réjouis ; il fut vaillant, et je l'en admire ; mais il fut ambitieux, et je l'ai tué !Alors que son discours semble accepté par les romains, il cède la place à Marc Antoine et s’en va, et donc n’entend pas le discours celui-ci.
Marc Antoine fait enfin le fameux discours
Friends, Romans, countrymen, soit probablement le discours le plus connu de l’œuvre de Shakespeare, et la partie majeur de
Jules César, où, en quelques phrases, il explique que Brutus est un homme "honorable".
Amis, Romains, compatriotes, prêtez-moi l'oreille. Je viens pour ensevelir César, non pour le louer. Le mal que font les hommes vit après eux ; le bien est souvent enterré avec leurs os : qu'il en soit ainsi de César (…) Ici, avec la permission de Brutus et des autres (car Brutus est un homme honorable, et ils sont tous des hommes honorables), je suis venu pour parler aux funérailles de César. Il était mon ami fidèle et juste ; mais Brutus dit qu'il était ambitieux, et Brutus est un homme honorable(…) Excusez-moi : mon cœur est dans le cercueil, là, avec César, et je dois m'interrompre jusqu'à ce qu'il me soit revenu. Si j'étais disposé à exciter vos cœurs et vos esprits à la révolte et à la fureur, je ferais tort à Brutus et tort à Cassius, qui, vous le savez tous, sont des hommes honorables. Je ne veux pas leur faire tort ; j'aime mieux faire tort au mort, faire tort à vous-mêmes et à moi, que de faire tort à des hommes si honorables.En quelques phrases, Marc Antoine vient de détruite toute justification que pouvait avoir les conjurés, qui fuient tous loin de Rome.
L’acte IV commence par une scène de tractation : Marc Antoine, Octave (neveu et fils adoptif de César) et Lépide établissent la liste des hommes qui mourront. Marc Antoine y ajoute celui d'un homme qui n’a pas assisté à l’assassinat mais qu’il sait complice : Cicéron.
Le futur Triumvirat est déjà en marche.
Au même moment, Cassius et Brutus se préparent au combat et apprennent la mort de près de 100 sénateurs, dont Cicéron . Brutus voit le spectre de César qui lui assène un prémonitoire « Tu me reverras à Philippes ».
Le combat final, à Philippes, semble joué d’avance. Cassius, dont c’est l’anniversaire, fait ses adieux à Brutus car aucun ne pensent réchapper à la mort.
Alors que les combats semblent d’abord à leur avantage, ils sont rapidement défaits par l’armée puissante d’Octave et de Marc Antoine. Cassius et Brutus se donnent la mort loin de l’autre.
A la fin de la pièce, Marc Antoine et Octave reconnaissent que seul Brutus à agit selon sa conscience, et mérite donc un enterrement digne.
J'aime cette pièce car elle est passionnante et nous présente un Brutus humain et conflictuel. Il est bien un meurtrier, il a tué un homme qui l'aimait et le considérait comme un fils, mais il a hésité à le faire, et finalement ne s'y est résoud que pour le bien de la République.
Alors que Cassius est moins nuancé , Brutus semble être le seul à avoir des remords.
Le discours de Marc Antoine, plein d'insultes voilés contre les conjurés, avec le martellement de "Brutus est un homme honorable" est superbe.