Yasmina Khadra: Ce que le jour doit à la nuit

Bookworm

Ce que le jour doit à la nuit est un roman pour lequel j'ai eu un gros coup de coeur il y a trois ans. J'étais persuadée d'avoir ouvert un sujet sur ce roman, mais apparemment non...

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Ce roman se déroule à l'époque coloniale en Algérie.

Citation :: Younes, un petit algérien de neuf ans vit avec ses parents et sa sœur. Après l'incendie criminel de leur récolte, ils sont ruinés et doivent quitter leurs terres pour trouver du travail en ville. Son père ne pouvant subvenir à ses besoins, décide de confier son fils à son frère, pharmacien, marié à une Française. Younes devient Jonas et intègre une communauté de roumis c'est-à-dire des Français vivant en Algérie, les futurs « pieds-noirs ».

Au fil des années, il va découvrir son pays et apprendre à l'aimer, l'amitié entre quatre amis et l'amour. Mais il va aussi découvrir la misère des siens, la guerre et l'injustice

J'ai adoré ce roman car je trouve que Yasmina Khadra évoque avec justesse ce que fut l'Algérie coloniale, les relations entre les différentes communautés...J’ai aimé le fait que l’auteur ne fasse pas de dichotomie trop tranchée (les autochtones sont les gentils, et les Européens, les méchants, car l’histoire est bien plus complexe. L'auteur insiste davantage sur la dualité qui existe en l'homme.)

C'est aussi une belle histoire d'amitié.

Par ailleurs, l’écriture de Khadra est à la fois simple et délicate.
Je n’ai pas vu le film qui attend sagement dans ma PAV, j’avoue avoir peur d’être déçue.

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Connaissez-vous ce roman?

Bookworm

Tu as bien fait d'ouvrir ce topic. J'avais aussi dit que je le ferais mais j'ai complétement oublié. Ce que le jour doit à la nuit est le premier roman que j'ai lu de Yasmina Khadra et ce fut une révélation. Quelle belle langue, quelle fluidité, quelle profondeur. Ce roman raconte l'histoire d'un déracinement et d'une belle amitié. Les plus beaux passages pour moi sont ceux sur ses parents. Il dit des choses très dures sur les différentes classes sociales, sur la culture, sur le regard posé sur des êtres aimés avec qui on ne partage plus rien. C'est un très grand et poignant livre. Le traitement de la guerre d'Algérie est traité de façon subtile en plus.

Par la suite j'ai aussi lu et aimé L'attentat. C'est un roman qui prend aux tripes. Le narrateur est un chirurgien qui intervient pour sauver les blessés d'un attentat avant d'apprendre par la police que sa femme est suspectée d'être le kamikaze. Il va alors mener sa propre enquête et remonter le fil de son passé et celui de son épouse. Un récit percutant sur les douleurs enfouies, sur la rage de l'appartenance et de l'injustice. Et aussi merveilleusement écrit.

Je n'ai vu aucune des adaptations de ces deux romans. Le film d'Arcady ne me tentait pas du tout tellement la bande-annonce laissait penser que le film était à côté de l'essence du livre. Pour l'Attentat c'est autre chose. Il me semble que le film est plutôt bon, selon les critiques, mais j'étais tellement choquée par le roman que je n'avais pas vraiment envie de revivre cela au cinéma.

Bookworm

Je partage ce que tu dis sur Ce que le jour doit à la nuit. J'ai trouvé moi aussi que la guerre d'Algérie était traitée de façon subtile. En outre, je pense que ce livre m'a d'autant plus touchée que j'y ai trouvé une partie de mon histoire familiale. Un des passages qui m'avaient marquée, c'est lorsque l'un des personnages, un pied-noir espagnol, dit que ce pays, les terres qu'il y a cultivées sont toute sa vie, et qu'il ne comprend pourquoi on l'exclurait de ce pays, alors qu'il en a apprivoisé les terres. Je trouve que ce passage reflète bien la complexité du conflit algérien.

Je connais une personne qui a vu le film et l'a trouvé très fidèle au roman, mais bon...

Peut-être me laisserai-je tenter par l'Attentat plus tard.

Bookworm

Miss Virginia a écrit:: Je connais une personne qui a vu le film et l'a trouvé très fidèle au roman, mais bon...

J'ai trop peur d'être déçue par le film. Quand j'ai vu la bande-annonce j'avais l'impression qu'ils insistaient beaucoup plus sur l'histoire d'amour que dans le livre. Mais c'était peut-être juste une astuce commerciale pour attirer le public.

Bookworm

J'ai la même peur que toi, c'est pour ça que je repousse le visionnage...

Indian Shawl

J'ai lu Ce que le jour doit à la nuit et j'ai réellement adoré ! Je suis d'accord en tout point avec vous, Miss Virginia et Summerday. Le fait qu'il ai vécu avec les européens et avec les algériens lui donnent une vision nouvelle pour moi de la guerre d'Algérie. Il a su retiré tout le tabou de ce sujet pour écrire ce livre. Mon chéri étant algérien, j'ai eu l'impression de me plonger dans l'histoire de son grand-père. C'était à la fois agréable et instructif !

Sinon, à propos de Yasmina Khadra, il publie un nouveau livre Les anges meurent de nos blessures le 22 Août. Voici le résumé emprunté du site officiel.

Citation :: Il se faisait appeler Turambo, du nom du village misérable où il était né, dans l'Algérie des années 1920. Il avait pour lui sa candeur désarmante et un direct du gauche foudroyant. Il fréquenta le monde des Occidentaux, connut la gloire, l'argent et la fièvre des rings, pourtant aucun trophée ne faisait frémir son âme mieux que le regard d'une femme. De Nora à Louise, d'Aïda à Irène, il cherchait un sens à sa vie.
Mais dans un monde où la cupidité et le prestige règnent en maitres absolus, l'amour se met parfois en grand danger.

A travers une splendide évocation de l'Algérie de l'entre-deux-guerres, Yasmina Khadra met en scène, plus qu'une éducation sentimentale, le parcours obstiné - de l'ascension à la chute - d'un jeune prodige adulé par les foules, fidèle à ses principes, et qui ne souhaitait rien de plus, au fond, que maitriser son destin.

Bookworm

Je ne savais pas qu'il sortait un nouveau roman cet été. Merci pour le résumé Hinala, c'est assez tentant.

Bookworm

Moi non plus je ne le savais pas.

Bookworm

je me suis enfin décidée à voir le film! Si ce film n'a pas toute la puissance évocatrice du roman, il a tout de même quelques qualités: la trame du roman est respectée, les paysages algériens sont magnifiques, les relations entre les deux cultures assez bien traitées.

Cependant, il est un peu trop long à mon goût, et parfois un peu trop mélodramatique.

Bookworm

Je n'avais pas vu ton commentaire sur le film Miss Virginia. C'est plutôt une bonne nouvelle si tu n'as pas détesté. Pour l'instant je préfère attendre, de la même façon que je n'ai pas eu envie de voir le film L'attentat lors de sa sortie en salles il y a quelques mois. J'ai lu le dernier roman de Yasmina Khadra : Les anges meurent de nos blessures. L'histoire d'un jeune arabe qui va s'élever dans la société grâce à la boxe. Lorsque le roman débute Turambo est prisonnier et prêt à être exécuté. Il nous raconte son histoire. Son enfance dans la campagne algérienne autour de Oran, son installation en ville avec sa famille, les petits boulots, son amitié avec le fils de l'employé de sa mère (un juif italien), puis les femmes, la boxe. L'écriture est toujours aussi agréable et le portrait et parcours de cet homme est très intéressant. Cela se déroule durant l'entre-deux-guerres. Y. Khadra évoque le traumatisme de la Grande guerre, il décrit les différences sociales entre arabes et européens. Je le conseille vraiment même s'il m'a moins marqué que Ce que le jour doit à la nuit. Il faut dire que je n'ai plus l'effet de découverte. Mon prochain de cet auteur sera L'équation africaine.

Bookworm

Merci Summerday pour ton avis! Je le note!!

Star-crossed lover

Ce que le jour doit à la nuit est le premier roman que je lis de Yasmina Khadra. Et quelle magnifique découverte, j'ai vraiment été subjuguée, par le récit, par la force et la poésie qui s'en dégage, par la plume.
On suit Younes / Jonas, de son enfance à la fin de sa vie, on regarde le monde qui l'entoure à travers ses beaux yeux bleus, on vit ses déchirements, ses joies, et ses choix.
J'ai eu parfois envie de le secouer un peu, mais il obéit à un code d'honneur très important pour lui. J'ai trouvé que Khadra parlait très bien du déchirement et du déracinement : certes Younes n'a pas eu à quitter l'Algérie, mais on l'a arraché à ses champs, à ses parents. et c'est avec ces vides qu'il s'est construit.
C'est un roman sur l'amitié, sur l'amour avec un grand A, sur l'honneur, et qui laisse une large place à la souffrance : celle de perdre les siens, de perdre ses terres, puis celle de devoir fuir cette même terre.
C'est aussi une ode à l'Algérie, sur sa complexité, sur le brassage des cultures pendant l'Algérie française, sur un peuple opprimé qui retrouve sa liberté.

Un roman magnifique, qui rejoint haut la main la liste de mes romans préférés.

Bookworm

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