In the Flesh - BBC Three

J'ai vu le premier épisode de la mini-série en trois épisodes In the Flesh que j'ai trouvé excellent! Elle se déroule dans un monde parallèle qui aurait connu en 2009 un réveil des morts-vivants. Quelques années après un traitement a été mis au point permettant aux zombies de retrouver leur raison. Une injection quotidienne, un traitement thérapeutique, des lentilles de contact et une crème pour la peau : c'est ce que le gouvernement met en place pour réhabiliter ces individus. Kieren est l'un d'eux, un garçon fragile et paisible, troublé par les souvenirs de ses crimes de zombie. Ses parents le ramènent dans leur foyer mais leur village du Yorkshire est un noyau des HVF, un groupe de lutte contre les zombies, qui sont loin d'accueillir ces réhabilités les bras ouverts. Même la petite soeur de Kieren, Jem, est l'une d'entre eux. Kieren découvre aussi que des groupuscules anonymes prêchent la vision d'un monde où les morts-vivants seraient tout-puissants.


Je trouve que l'univers mis en place dans cet épisode d'une heure fonctionne très bien. L'arrière-plan politique, les craintes de la population, puis les troubles plus individuels d'une poignée de personnages, tout est très bien traité. J'ai complètement adhéré et j'ai hâte de voir la suite. C'est un drama, pas du tout une comédie décalée comme le récent film Warm Bodies. Le propos est très habilement mené et on n'est jamais tenté de se moquer, si ce n'est un petit sourire qui frôle nos lèvres lorsque le héros, qui ne mange plus, fait semblant d'avaler son repas pour faire plaisir à ses parents.

Tentés?

Oui seulement trois épisodes, c'est une création courte. Je ne sais pas si c'est que la chaîne ne voulait pas se mouiller davantage, si le format donnera lieu à une seconde saison ou si c'est une simple mini-série comme les affectionnent les anglais. Au moins on n'a pas le temps de s'ennuyer!

Je vous encourage vraiment à regarder cette mini-série. J'ai enfin vu les trois épisodes et je trouve que le projet se tient très bien, arrive à développer de façon pertinente son propos en très peu de temps et réussit à émouvoir. C'est une fiction très originale, bien loin des films de zombie habituels et elle en joue pas mal d'ailleurs. Dans le dernier épisode le récit prend toute sa force, j'ai adoré! Justement parce que j'ai été étonnée et plutôt déroutée. Dans ce monde alternatif seuls les morts partis un an avant "the rise" ressuscitent. La population réagit avec force, d'abord terrorisée. Les extrémistes religieux en profitent pour distiller leur fiel et embrigader les esprits. L'inconnu effraie, c'est la parabole sur laquelle joue cette fiction. Le spectateur va en effet découvrir pourquoi Kieren, ce jeune homme paisible, a décidé de se suicider un an avant "the rise". Une grande souffrance qui trouvera son apaisement avec violence. Avec l'aide de sa famille il va aussi devoir surpasser sa culpabilité de meurtrier. Il est très intéressant de voir que dans ce récit, après une première phase de violence, les zombies sont pris en charge par le gouvernement, et l'horreur de cette régénérescence se mue en miracle, en seconde chance, dès lors qu'ils sont stabilisés grâce à un traitement médical. On donne un nom scientifique à cela : PDS (Partially Deceased Syndrome). On excuse même leurs crimes en utilisant le prétexte de la perte de raison, de la maladie. La façon dont ces êtres sont réinsérés dans la société est particulièrement bien traité. La monstruosité flirte avec la fascination, ce qui donne lieu à différents courants de pensée. La série distille ces pistes et en même temps demeure au plus près de ses personnages afin d'analyser les émotions d'une poignée de figures. J'espère que la série aura une seconde saison, elle offre suffisamment de pistes pour que ce soit le cas. Au-delà du sujet l'originalité du projet tient au contraste qu'elle offre entre violence, humour et douceur. Kieren est interprété par le comédien Luke Newberry que je ne connaissais pas mais qui s'avère excellent, très touchant et juste. La noirceur du récit ne cesse d'être contrebalancée par des moments comiques ou ironiques. Le personnage d'Amy, qui essaie de s'insérer sans maquillage et contre les préjugés, est un réel éclat lumineux parmi la horde de villageois hostiles.

Quelques photos pour illustrer :

Je crois que personne n'a finalement donné sa chance à cette série à part Belstaff et moi ?  

C'est vraiment dommage car c'est l'une des plus originales de l'année dernière et la seconde saison est tout aussi riche de promesses. Le premier épisode a été diffusé dimanche soir. Nous retrouvons Kieren qui vit toujours à Roarton où il travaille désormais au pub du coin. Même si l'intégration des zombies semble avancée, ils peinent néanmoins à être acceptés car le traumatisme est toujours présent et des groupes terroristes ne font qu'accentuer cette peur. Amy, l'amie excentrique de Kieren, qui avait quitté la ville pour rejoindre un groupuscule se dit éloignée du terrorisme mais on ne sait pas ce que prépare son groupe lorsque la jeune femme revient accompagnée d'un autre revenant. D'autant qu'elle dit à Kieren que les revenants de Roarton seraient exceptionnels. C'est ce que semble aussi croire la représentante gouvernementale anti-PDS qui s'intéresse de près aux premiers revenants de 2009, dont l'épicentre pourrait se trouver à Roarton. Kieren, de son côté, se confronte toujours à la haine et méfiance de ses voisins et peine à assumer son identité de revenant. Le malaise qui le hantait de son vivant semble exacerbé par sa nouvelle peau.

J'espère vraiment que certains se laisseront tenter. C'est une excellente série, très touchante, fabuleusement écrite et qui à travers cette histoire surnaturelle empreinte de mystère propose un regard pertinent sur le monde contemporain.