EvangélineUn auteur bien connu aux Etats-Unis, une sorte de classique populaire qui écrivait comme il respirait, c'est-à-dire beaucoup et avec une belle fluidité. Ses écrits sont accessibles, sa poésie mélodieuse et sans prétention, j’y ai trouvé une belle rythmique. Certains plus élitistes ont dit qu’il donnait dans la facilité et le sentimentalisme.
A nuancer, je trouve.
Le poète a aussi le droit d’exprimer un idéal simple et c’est le cas dans l’histoire d’Evangéline, que je résume rapidement.
Evangéline est une jeune fille pure. Presque éthérée. Belle, chaste, aimant son père et son promis d’une affection sans tâche et sans arrière-pensée, elle nous est présentée héroïquement dès le début du poème. Je comprends que ce portrait utopique puisse agacer, mais parfois, on aime rêver…
Elle est donc fiancée au fils du meilleur ami de son père. Le tout baignant dans une religiosité toute biblique, imbibée de solidarité, désintéressement, charité, etc… On se retrouve un peu au paradis.
Sauf que Longfellow va casser cette ambiance mythique pour nous jeter dans une Acadie bien réelle, c'est-à-dire de chair et de sang, de guerre, d’oppression et de violence.
Voilà la brutalité de la déportation.
Car l’auteur en vient à une époque historique remarquablement passée sous silence par nos « docteurs officiels », c'est-à-dire la domination anglaise, au 18ème, d’une partie du nord de l’Amérique (grosso modo, un bout du Canada et des USA actuels) : l’Acadie.
Ceux-ci n’ayant pas hésité à chasser les occupants, en séparant les familles, en tuant aussi, occasionnant un traumatisme et une diaspora chez un peuple initialement pacifique et sans défense.
Le récit se fait alors tragique et ne peut que mal finir, avec déchirements et mort.
J’en ai aimé le côté atemporel, qui nous renvoie aux horreurs du présent en écho à celles du passé.
On raconte que l’auteur, qui était un ami de Nathaniel Hawthorne, a pu rencontrer des descendants des victimes, notamment une femme qui, comme Evangéline, a perdu son amant et a passé sa vie à le chercher.
Dans le poème, elle le retrouve trop tard.
Un livre qui témoigne.
http://cyberacadie.com/index.php?/symboles/Evangeline-mythe-d-Acadie.html