Benjamin Disraeli est un homme politique anglais de l'époque victorienne, surtout connu pour avoir été deux fois premier ministre de la Reine Victoria. Il était dirigeant du parti conservateur et s'est impliqué dans un certain nombre de lois sociales et de politique étrangère (expansion de l'Empire britannique, élévation de la Reine Victoria au titre d'Impératrice des Indes ...).
Mais, outre cet engagement politique, Disraeli a aussi été un auteur à succès entre les années 1825 et 1850. Et comme c'était un grand amateur de Jane Austen (il dit avoir lu 17 fois
Pride and Prejudice !)
Je viens de finir
Coningsby, le premier de ses romans dits "politiques". Le roman suit la jeunesse de Coningsby, un orphelin pris en charge par son grand-père, Lord Monmouth, un des chefs du parti Conservateur. L'adolescence de Coningsby est un moment doré, entre ses voyages un peu partout en Europe et ses études à Eton où il montre sa brillante intelligence et se fait des amis fidèles. Parmi ces amis, se trouve le fils d'un des pires ennemis de Lord Monmouth, Millbanks, un entrepreneur à succès, membre du parti libéral.
Lord Monmouth va évidemment très mal vivre cette amitié, et surtout l'amour qui se développe entre Coningsby et Edith, la fille de Millbanks ...
C'est très joli roman d'apprentissage : Coningsby représente le politicien idéal selon Disraeli, brillant, droit, fidèle à ses idées et ses sentiments, et doué d'un charisme qui transparait à travers les pages. Cette formation est émaillée de plusieurs rencontres, Rigsby (l’exécuteur des basses oeuvres de son grand père), le séduisant et brillant Sidonia, Millbanks ..., qui vont peu à peu le construire.
Et l'histoire d'amour au milieu est ravissante à souhait. La déclaration suit les poncifs du romantisme, j'adore ça !
Il y a également une très jolie galerie de personnages. Je ne sais pas si Disraeli s'inspirait de personnes connues pour dresser ses portraits, mais il arrive à les rendre vivants, complexes, présents. Lord Monmouth, en pater familias jouisseur, égoïste et charismatique, est extraordinaire. Il m'a fait penser à Tywin Lannister, pour les lecteurs de
Game of thrones. Et, en décrivant certains personnages secondaires, constitutifs de la cour qui entoure les hommes politiques, Disraeli fait preuve d'un humour à la Dickens.
Voici pour les aspects que j'ai aimé de ma lecture. Mais le roman a quelques défauts, en particulier un problème de rythme. La moitié du roman environ concerne une fine analyse politique des principaux partis anglais dans les années 1830-1840. C'est certainement d'un très grand intérêt pour les historiens qui ont ainsi accès aux opinions personnelles de ce grand homme politique mais ... c'est franchement ennuyeux quand on n'est pas dedans. Surtout que les orientations politiques des partis ne sont pas décrits (j'ai toujours pas vraiment compris ce qui différencie les Whigs des Tories et des conservateurs, malgré quelques incursions chez wikipédia) et que l'étude concerne principalement les rapports de force entre partis et courants.
Et par conséquent, certains passages du roman sont presque bâclés. La fin en particulier, résume en quelques pages toute une série d'événements qui auraient, je pense, mérité d'être approfondis.