Les Vestiges du jour, de Kazuo Ishiguro.

Je dédie ce topic à l'ouvrage le plus connu de Kazuo Ishiguro, écrivain anglais d'origine japonaise, à savoir Les Vestiges du Jour :

Majordome méticuleux, Stevens a passé sa vie à servir les autres, métier dont il s'acquitte avec plaisir et fierté. C'est un homme qui se croit heureux, jusqu'à ce voyage qu'il entreprend vers Miss Kenton, l'ancienne gouvernante du château, dans le but de la réengager... il parcourt la campagne anglaise en automobile et nous livre ses souvenirs, liés à la fois à la petite et à la grande histoire. En effet, dans le même temps où il faisait la connaissance de Miss Kenton, son maître, soucieux de pacifisme, recevait un certain nombre de dignitaires nazis...

Sur ce livre, que je n'hésite pas à qualifier de pur chef d'oeuvre d'humour et d'émotion, Sana Tang Léopold Wauters a écrit :

Citation :

Maître du clair-obscur, Ishiguro ne tire pourtant pas de conclusion catégorique et laisse, en suspens, un infime espoir de bonheur à son personnage, enfin capable de pleurer et d'apprécier cette qualité de lumière qu'offre le jour déclinant, pas tout à fait disparu encore, qui traîne ses vestiges dans le ciel marin de la baie de Weymouth.

L'adaptation des Vestiges du jour par James Ivory est quant à elle un véritable bijou :


La réalisation est très soignée : l'équipe du film a réussi une gageure, puisque tout au long du film, on a l'impression que tout a été tourné dans une demeure unique, alors qu'en fait, d'une scène à l'autre, l'action se déroule souvent dans une demeure différente !

Il y a ensuite un casting de rêve : Anthony Hopkins dans le rôle de Stevens, le majordome ; Emma Thompson dans le rôle de Miss Kenton, l'intendante ; James Fox, so british, dans le rôle de Lord Darlington ; Cristopher Reeve, qui se révèle être un très bon comédien, dans le rôle de Mr Lewis, l'Américain. Hugh Grant joue quant à lui un petit rôle : celui du neveu de Lord Darlington.

Ce qui est intéressant, dans le film et dans le roman, c'est que, comme le souligne très justement le commentaire audio du DVD, le point de vue adopté est celui des domestiques :

Stevens est entièrement dévoué au service de son maître, il remplit sa fonction comme un sacerdoce. Son attachement excessif à son travail l'empêche de réaliser pleinement combien Miss Kenton est importante pour lui :

Bref, j'aime tout dans ce film, dont la musique, au passage, est superbe.

Et vous, connaissez-vous ce livre ? Avez-vous déjà eu l'occasion de voir son adaptation ? Qu'en avez-vous pensé ?

Je ne connais malheureusement que le film (je n'arrive pas à mettre la main sur le livre, je crois qu'il est épuisé ).

De Kazuo Ishiguro, j'ai vraiment adoré "Auprès de moi toujours", qui a été un de mes coups de coeur de l'an dernier. Je crois que ce roman reprend, comme les vestiges du jour, d'une certaine manière un thème récurrent chez Ishiguro : la résignation et l'acceptation silencieuse. Le silence, l'absence de révolte de ses personnages face à une situation inacceptable.

Je plussoie Popila, le film "Les vestiges du jour" est un vrai petit bijou, notamment grâce au jeu magnifique d'Anthony Hopkins, je pense entre autre à la scène où

Spoiler:

Son personnage, Stevens, est vraiment difficile à cerner. Il fait à la fois pitié mais également horreur, j'ai souvent eu envie de hurler devant autant de retenue et de silence.

EDIT : après vérification, je viens de découvrir que le livre est réédité et que sa sortie est prévue chez Folio en Mars

resmiranda a écrit:

EDIT : après vérification, je viens de découvrir que le livre est réédité et que sa sortie est prévue chez Folio en Mars

Je voulais justement y faire allusion ! Il faut que j'ajoute la date de sortie dans le topic prévu à cet effet !

Ce roman m'a été prêtée par une amie il y a quelques années. J'en garde un excellent souvenir. Je me souviens surtout du style très raffiné qui, à mon sens, n'a rien à envier à certains des plus grands classiques anglais.
J'ai lu il y a quelques semaines un autre roman de cet auteur, Auprès de moi toujours et j'ai été déçue Si quelqu'un veut lui ouvrir un topic pour en discuter, je ne serais pas contre

Sinon, pour en revenir aux Vestiges du Jour, il faudrait vraiment que je prenne le temps de revoir le film. Je l'ai découvert il y a déjà trop longtemps et j'aimerais beaucoup le redécouvrir !

Resmiranda, j'ai eu très très peur en lisant le début de ton message :

resmiranda a écrit:

Je n'arrive pas à mettre la main sur le livre, je crois qu'il est épuisé.

Et j'ai poussé un grand ouf de soulagement en lisant la fin :

resmiranda a écrit:

EDIT : après vérification, je viens de découvrir que le livre est réédité et que sa sortie est prévue chez Folio en Mars

Sinon, je souscris entièrement à ton analyse du film et du personnage de Stevens, qui est à la fois terriblement humain et inhumain dans son obsession à servir son maître, obsession qui le fait passer à côté de quantité de choses qu'un esprit critique plus développé lui aurait permis de relever.

J'aime beaucoup la scène que tu mentionnes, mais en fait, je crois que j'aime toutes les scènes de ce film qui est mon préféré de James Ivory : tout est parfait à mes yeux, rien à ôter, rien à rajouter.

Si tu as l'occasion de te procurer le livre, précipite-toi, car comme le dit si bien Emjy, il n'a rien à envier aux plus grands classiques de la littérature anglaise.

C'est le seul livre que j'ai lu de cet auteur, et je serai ravie que vous consacriez d'autres topics à ses ouvrages.

J'ai adoré ce roman. le personnage du majordome est vraiment un personnage très abouti, qui est, comme vous l'avez dit, presque deshumanisé à cause de son obsession pour respecter les désirs de son maître, et ne pas s'immiscer dans ses opinions, etc..., ce qui a un côté dérangeant finalement, car il pratique un peu la politique de l'autruche. La résignation, l'acceptation de leur sort par les personnages est très bien développée dans ce roman également.
On a l'impression que Ishiguro s'est beaucoup documenté pour réaliser ce livre sur les conditions de vie des gens de maison.
Quant au film de james Ivory, c'est un véritable petit bijou (comme la plupart de ses films), les deux acteurs principaux sont excellents.

J'ai envie de lire ce roman depuis un moment, mais je ne le trouve pas ! J'ai donc maintenant une réponse grâce à Resmiranda. Il ne me reste plus qu'à attendre.

J'ai beaucoup aimé Auprès de moi toujours, et depuis j'aimerais découvrir d'autres romans de cet auteur.

Merci Popila pour la critique du livre et du film.

@ Damien : ce roman devrait te plaire ! Je me réjouis donc qu'il soit réédité et que tu puisses le lire

Miss Virginia a écrit:

On a l'impression que Ishiguro s'est beaucoup documenté pour réaliser ce livre sur les conditions de vie des gens de maison.

J'ai la même impression que toi, Miss Virginia. Je sais que pour le film, ils ont carrément fait appel à un majordome professionnel pour les aider...

Damien a écrit:

Merci Popila pour la critique du livre et du film.

De rien, c'est toujours un plaisir de faire partager ses coups de coeur. Comme Emjy, je pense que ce roman et ce film devraient te plaire.

Damien a écrit:

J'ai beaucoup aimé Auprès de moi toujours, et depuis j'aimerais découvrir d'autres romans de cet auteur.

Un topic s'est ouvert aujourd'hui sur ce livre, n'hésite pas à venir y poster ton avis.

@Popila : j'ignorais qu'ils avaient fait appel à un majordome professionnel. En tout cas, Anthony Hopkins était fabuleux dans ce rôle.
Mon prof d'histoire en Khâgne citait souvent ce film dans ses cours, car il disait qu'on y voyait bien comment se déroulait la vie dans les grandes maisons, quels étaient les enjeux en quelque sorte

Depuis l'ouverture de ce sujet, j'avais réussi à mettre la main sur un exemplaire dans une bourse aux livres et je l'ai terminé ce matin. Je dois dire que je ne suis vraiment pas déçue. C'est un vrai chef d'oeuvre pour moi.

Comme je l'avais déjà remarqué dans le film le personnage de Stevens est à la fois profondément humain et en même temps on a l'impression qu'il ne l'est pas du tout. Par exemple les deux moments qu'il considère comme les triomphes de sa carrière sont des moments où il a fait taire en lui toute humanité et toutes expressions de ses propres sentiments. Dans moments qui auraient du le laisser effondré et pourtant il réprime tout sentiment pour atteindre cette dignité qui est le maître mot de son existence.. Ce qui est incroyable chez ce personnage, c'est au final son espèce de prise de conscience qu'il ne sait pas du tout communiquer avec les autres. Ce qu'il nomme "badinage" tout le long de son récit est en fait de la communication pure et simple. Et le fait qu'il se rend compte qu'il a besoin de s'entraîner dans ce but est vraiment significatif. C'est un personnage que j'ai eu tour à tour envie de secouer pour essayer de le faire réagir (à l'image de Miss Kenton qui le pousse dans ses retranchements pour qu'il exprime ne serait-ce qu'une seule fois un peu d'humanité) et dont j'ai eu aussi pitié. On a vraiment eu l'impression qu'il a été conditionné dès le plus jeune âge et qu'il n'a jamais appris à vivre pour lui.
Ce livre est un formidable portrait ...

Je trouvais déjà l'adaptation extraordinaire ( grâce notamment aux interprêtations de A. Hopkins et E. Thompson) mais je me rends compte maintenant à quel point elle est fidèle au livre et à quel point elle retranscrit bien à l'écran ce qu'a écrit Ishiguro. Un auteur qui m'a définitivement conquise après Auprès de moi toujours et les Vestiges du jour.

J'ai adoré le film Les vestiges du jour, il reste parmi mes préférés, un gros coup de coeur la première fois que je l'ai vu et je suis toujours sous le charme; j'adore la discussion entre Emma Thompson et Anthony Hopkins à la fin du film quand ils sont sur le ponton après leur retrouvailles, je trouve que ce qu'ils disent sonnent très juste;
Je n'ai pas lu encore le roman, j'ai longtemps hésité de peur d'être déçue, surtout que la musique du film contribut beaucoup au fait que je l'ai adoré; mais maintenant qu'il est enfin ressortit je compte bien le lire;

@ Resmiranda : Je suis ravie que tu aies réussi à mettre la main sur le livre !

C'est effectivement un chef d'oeuvre, et je souscris complètement à ton analyse du personnage du majordome. Il est à la fois humain et complètement inhumain, et ses actions revêtent quelque chose d'à la fois révoltant et sublime. Le film comme le livre sont d'une beauté poignante, c'est à une véritable tragédie - personnelle et collective - que l'on assiste...

@ Trillian : laisse-toi tenter, je suis sûre que tu ne le regrtteras pas !

j'avais adoré le film.

Il FAUT donc que je lise le roman...

Je l'ai trouvé hier au salon du livre dans sa réedition de fevrier 2010 !
Je préfère l'ancienne couverture mais je suis contente de l'avoir trouvé. J'ai eu l'impression de trouver un trésor

Ca y est ! Je l'ai lu.

Mon dieu, c'est la première fois que je n'ai aucune empathie pour le personnage.

Il m'a énervé surtout quand

Spoiler:

C'est triste mais ce personnage m'a laissé l'impression d'être une lopette.


L'écriture est divine, le style classe et je me suis aisément imaginé la vie d'un majordome.
Et la pauvre Miss Kenton qui essaye de le réveiller !

Je suis plongé dans le début du roman, mais j'avoue que j'ai un peu de mal. J'ai déjà laissé de côté Nous étions orphelins parce que je n'arrivais pas à me concentrer. Je vais sans doute devoir attendre sagement les vacances pour être concentré.

Ah oui, ça je peux le comprendre. Le premier soir, je me suis endormie dessus. C'est un récit dans l'introspection surtout. Si bien que quand il y avait un récit d'un épisode de la vie quotidienne, je le lisais d'une traite
Il mérite qu'on s'y accroche mais il faut être disponible un moment.

J'ai lu les vestiges du jour ce week end, et tellement adoré qu'hier, j'ai investis dans Auprès de moi toujours.

Le style de Kazuo Ishiguro est parfaitement impressionant. J'ai eu un peu de mal à entrer dans le roman (Damien, je te comprends!!!). Le personnage de Stevens est froid et parfois antipathique. C'est vrai que par moments, j'avais sérieusement envie de le secouer.
Comme l'a dit Resmiranda, ce qu'il nomme tout au long du roman "badinage" est de la communication tout simplement.
Il fait son métier, tellement bien qu'il en oublie de vivre. Le moment le plus difficile a été pour moi

Spoiler:

Bref, un très grand moment de lecture, et j'ai hâte de me plonger un peu plus dans l'univers de Kazuo Ishiguro!

Je viens de finir "Les vestiges du jour" après avoir vu au moins trois fois l'adaptation et je suis
transportée d'enthousiasme.

Roman extraordinaire qui au premier plan nous raconte la domesticité dans une grande demeure
anglaise. Mais j'ai envie de dire aussi que c'est un prétexte à l'universelle difficulté d'être à l'écoute
de ses sentiments et de trouver le courage de les partager avec les autres.

Contrairement à certains d'entre vous j'aime beaucoup Stevens. Je sais qu'il est pathétique dans le
respect de son jusqu'auboutisme de ce qu'il appelle la dignité mais cela ne le rend pas inhumain
parce qu'Ishiguro nous laisse percevoir les sentiments qui l'animent à l'intérieur de sa carapace
de majordome stylé.
Avec une économie de mots inégalée nous prenons conscience de l'intensité de son amour pour
Miss Kenton quand il dit à la fin

Spoiler:

A travers ces deux mots je peux retracer à travers des détails infimes tout l'amour de Stevens pour
son père, pour miss Kenton.

Je ne pense pas que Stevens pratique la politique de l'autruche vis à vis de son employeur.
Il le respecte tellement qu'il est inconcevable pour lui qu'il puisse se fourvoyer.
Je sens une grâce dans cet amour inconditionnel, qui conduit parfois au pire, je vous l'accorde.
Ishiguro est tjs à la lisière de ce basculement, sans prendre parti, en s'effaçant devant sa créature.

Je trouve vraiment interessant de lire des points de vue si divergeants sur un même livre.
J'espère que vous ne me trouverez pas excessive pour cette première critique mais c'est vraiment un coup de coeur.
J'avoue que les visages extraordinaires d'Emma Thompson de de Hopkins m'ont accompagnée tout au long
de ma lecture.
Je reviens un peu sur mon idée qu'il faut tjs lire le livre d'abord. Il est intéressant de constater que l'on peut
tjs être surpris dans ses croyances.

Bonne journée.

Je suis entièrement d'accord avec toi majeanne. Ce livre a également été un coup de coeur pour moi. J'en ai fait l'expérience dans le même ordre que toi (le film et ensuite le roman) et moi aussi j'ai eu l'image d'Emma Thompson et Anthony Hopkins en tête durant toute ma lecture.

Si tu as aimé ce livre, peut être aimeras-tu "Auprès de moi toujours" qui a également son topic ici . Les avis sont un peu plus partagés à son sujet mais cela a également été un coup de coeur pour moi. A moins que tu ne l'aies déjà lu ?

Oui je l'ai lu Resmiranda mais il ne m'a pas fait la même forte impression même si je l'ai
trouvé interessant.
J'ai lu aussi, il y a longtemps, "Quand nous étions orphelins" (j'espère ne pas me tromper
sur le titre) et j'avais bien aimé je crois.
Mais aucun n'était un coup de coeur.

Je continuerai à lire cet auteur

Pendant les vacances j'ai lu deux Ishiguro dont Le Vestige des jours. Je n'ai pas autant apprécié que Never Let Me Go (que j'ai lu deux fois, et qui est un livre qui m'a énormément touché), mais j'ai beaucoup aimé l'histoire de Stevens.

J'aime beaucoup le fait que les héros d'Ishiguro reviennent toujours sur leur passé. On pourrait avoir l'impression que c'est un thème redondant, et que les retours en arrière sont artificiels, mais je trouve qu'au contraire ce mode d'écriture révèle le cœur de son œuvre : la nostalgie. Les héros se réfugient dans des souvenirs heureux pour affronter les difficultés du présent. C'est très beau.

J'ai beaucoup aimé Stevens, c'est un personnage ambigu comme je les apprécie. L'importance qu'il accorde à la dignité, et à son travail peuvent le faire apparaitre comme une machine insensible. Le contraste avec Miss Kenton est d'ailleurs plutôt saisissant. Pourtant de manière très subtile on comprend que certains évènements de sa vie l'ont bouleversé.

Spoiler:

Finalement Stevens est très british (ou en tout cas, c'est l'image que je m'en fais). Il contrôle ses sentiments, il accorde une grande importance au respect, et à la dignité. Il ressemble énormément à Kathy H dans Never Let Me Go qui ne remet jamais en cause ce qu'elle vit. Je me sens très proche de ce genre de personnage.

L'aspect politique de la période m'a énormément intéressé. Ce qu'on voit du maitre de maison est tout à fait passionnant.

Je n'ai pas encore vu le film, mais je l'ai. Je pense que je vais le voir dans la semaine. En tout cas après ma lecture j'avais envie de dévorer d'autres romans de cet auteur, mais je vais me calmer un peu pour me garder quelques bons moments de lecture.

J'ai découvert Les Vestiges du jour grâce au film avec Anthony Hopkins et Emma Thompson, (bravo Popila pour ta très belle présentation d'ailleurs ). Il m'avait énormément plu, aussi bien par les décors, l'ambiance typiquement anglaise que par l'histoire.

Pour ce qui est du livre, je l'ai enfin lu après avoir pris la poussière sur ma PàL depuis plusieurs années, et je regrette de ne pas l'avoir fait plus tôt : le roman est parfait, surtout pour la découverte du milieu dans lequel évolue Mr Stevens. J'aime beaucoup le style de Kazuo Ishiguro également.
Raconter l'histoire du point de vue du majordome et alterner son voyage avec ses souvenirs était une bonne idée : je trouve que cela transcrit bien son impression de ne pas être à sa place en dehors de Darlington Hall.
On a également une vision très intéressante de ce métier (ou devrais-je plutôt dire de cette vie) : grâce à son travail, Stevens a pu côtoyer de près des personnalités politiques et voir l'Histoire se dérouler devant ses yeux. Cependant, cela a un prix : un tel métier exige des sacrifices, un don de soi total. Le passage où il est tellement submergé par le service d'un dîner important qu'il manque

Spoiler:

étaient très tristes.
Stevens est, à mon sens, un personnage fascinant : un tel dévouement, une telle humilité vis-à-vis de son employeur et de son métier est assez impressionnant. Ce qui n'empêche pas que je n'approuve pas toutes ses actions : il est difficile d'avoir une opinion tranchée sur lui, comme la plupart des personnes sur le forum, j'alterne entre respect, pitié, colère et une furieuse envie de le secouer .

Contente que tu aies aimé le livre, Sandie !

En te lisant, j'ai l'impression de retouver mes propres impressions à la lecture de ce roman.

Ce roman et son adaptation font définitivement partie des mes oeuvres de chevet !

N'ayant jamais lu le roman (mais vu et bcp apprécié le film), je suis étonné d'apprendre que celui-ci opte pour le point de vue de Stevens, alors que dans le film c'était plutôt celui du personnage d'Emma Thompson. Pour moi, cette différence de point de vue (radicalement opposée, il me semble) changerait pas mal de choses, non ? Rien que pour cela, je serais curieux de lire le livre.

Mais pour en revenir au film... je me souviens l'avoir vu au cinéma dans une salle où j'étais le seul spectateur. Par ailleurs, j'ignore pourquoi je m'étais décidé à le voir, ne me fiant qu'à quelques commentaires lus quelque part et à l'affiche apposée à l'entrée du cinéma. De plus, le milieu (austère et rigide) où se déroulait l'histoire était loin de me tenter. Et finalement, après une petite demi-heure de film, j'étais happé par l'histoire et l'interprêtation exceptionnelle d'Anthony Hopkins (son meilleur rôle, selon moi, avec Les ombres du coeur peut-être, où il joue un personnage assez proche d'ailleurs) et d'Emma Thompson.

J'aime bcp la scène où la femme le surprend en train de lire un roman qu'elle croit "leste" parce qu'il refuse de lui montrer et qui se révèle en définitive un petit roman sentimental bien innoffensif. Stevens est véritablement acculé dans cette scène, envahi dans son "intimité" (comme il le dit lui même). Une scène touchante, pleine de délicatesse.
Ou lorsqu'il ne peut (ne veut ?) interrompre son service alors que son père est mourrant. La scène également où un des hôtes de son maître lui pose toutes sortes de questions sur l'actualité auxquelles Stevens ne peut répondre m'a aussi frappé, je ne sais pas pourquoi. Sans doute parce que le personnage, provoqué ainsi et humilié, fait preuve de beaucoup de dignité malgré tout.
Trois scènes qui montrent le pire et le meilleur de ce personnage complexe, aussi zélé dans son travail que fermé dans ses émotions.