L'Esclave libre, de Robert Penn Warren.

J'ouvre un topic à un auteur américain que j'ai découvert il y a quelques mois, Robert Penn Warren.

Robert Penn Warren est un auteur reconnu aux Etats-Unis : il a longtemps été considéré comme le grand rival de Faulkner, il a reçu de nombreux prix pour ses livres, et son oeuvre a souvent été adaptée au cinéma.

Il a notamment écrit L'Esclave libre (Band of Angels), qui a été adapté au cinéma par Raoul Walsh avec Clark Gable et Yvonne de Carlo.

Citation :

Samantha Starr, fille d'un riche planteur du Kentucky, découvre à la mort de son père ce que chacun savait mais n'osait lui dire : elle est en réalité la fille d'une beauté noire qui avait partagé naguère le lit du maître de Starrwood : elle n'appartient pas au monde des gens libres. Car règne encore l'antique loi du Sud : son père n'ayant pas laissé de testament, la demeure est mise en vente, et elle-même, en qualité de fille d'esclave, fait partie des lots que les acheteurs vont se disputer à l'encan...

Ce roman se déroule à la même époque que le célèbre roman de Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent, et d'ailleurs, il existe un certain nombre de similitudes entre ces deux romans, en particulier dans l'analyse sociale de la société de cette époque. Pourtant ces deux romans sont de nature très différente : pour reprendre la présentation de l'éditeur, le romancier évoque avec grandeur - et cruauté - les fastes trompeurs du vieux Sud à la veille de la guerre de Sécession... et ne fait de cadeau à personne.

Extrêmement romanesque, magnifiquement écrit, cette grande fresque retrace les errances d'une héroïne à la recherche d'une identité problématique, que ses origines amènent à être considérée ni plus ni moins comme un objet, et qui sera achetée par un riche planteur, dont la bonté est décrite comme une grave maladie. Et pour cause : celui-ci cache un secret dont la révélation permet au romancier de nous offrir les plus belles pages de son roman, vision hallucinée et hallucinatoire des pratiques ethniques de l’ancestrale Afrique.

J'ai vu l'adaptation de ce livre récemment : le film n'atteint certes pas la qualité du roman - il s'agit plutôt d'un film d'aventures typiquement hollywoodien par beaucoup d'aspects - mais certaines scènes, reprises du roman, sont très fortes, et les deux acteurs principaux, Clark Gable et Yvonne de Carlo, sont très bien, de même que Sidney Lumet, dans le rôle du jeune esclave élevé comme son propre fils par le planteur Hamish Bond et qui entretient avec lui une relation très complexe.

Voici une scène où Amantha enfant a une dispute avec son père qui a renvoyé un esclave qui menaçait de révéler à celle-ci qu'elle était la fille d'un planteur blanc et d'une esclave noire :

Certains acteurs savent s'imposer par leur seule présence, c'est le cas pour moi de Clark Gable, qui est, était et restera à jamais un dieu de l'écran ; Yvonne de Carlo, dans un très beau rôle, offre au film la beauté si particulière de son visage, et Sidney Poitier s'impose par ses indéniables qualités de jeu.

Ta présentation me tente beaucoup ! J'adore Autant en emporte le vent, le livre comme le film, mais c'est vrai que dans le livre l'aspect trop "sudiste", rasciste m'avait malgré tout un peu dérangée... Du coup j'ai vraiment envie de découvrir cette oeuvre de Robert Penn Warren !

J'espère que tu te laisseras tenter, Esperluette ! C'est vraiment un livre qui en vaut la peine, du moins à mon avis.

Le roman me tente beaucoup! Merci pour cette présentation Popila!
Par contre, j'ai vu le film il y a quelques années et j'avais été franchement déçue. Je trouvais certaines scènes assez grotesques par moment voire très caricaturales. Peut-être qu'il faudrait que je le revoie car mon visionnage commence à dater...

Tout à fait d'accord avec toi Josephinemarch, le film n'est pas un modèle du genre, par contre, je me souviens avoir adoré le livre. Bravo à Popila pour son excellente et très complète présentation!

@ Josehine March et à Lady Clare : Merci.

C'est vrai que certaines scènes du film m'ont fait sourire, mais il reste malgré tout assez agréable à regarder.

Le livre, lui, vaut vraiment la peine d'être lu !

Décidément, la ligne éditoriale de Phébus propose vraiment des choses intéressantes ...

merci pour ce topic, Popila

Emjy a écrit:

Décidément, la ligne éditoriale de Phébus propose vraiment des choses intéressantes ...

Tout à fait.

Emjy a écrit:

Merci pour ce topic, Popila

De rien, j'espère lire vos avis prochainement.

J'ai offert ce livre à ma mère à Noël...j'attends avec impatience qu'elle l'ait lu...pour pouvoir lui emprunter!

Merci Popila pour cette présentation .
Je serais très curieuse de lire du Robert Penn Warren. J'ai vu l'adaptation de son roman All the King's Men cet été et j'ai vraiment beaucoup aimé, j'ai trouvé la réflexion politique et humaine passionnante .

De rien, Lise ; je serais très curieuse d'avoir des impressions d'autres lecteurs sur ce roman, pour savoir s'ils le jugent aussi bon que moi ou pas.

Lise Bennet a écrit:

Je serais très curieuse de lire du Robert Penn Warren. J'ai vu l'adaptation de son roman All the King's Men cet été et j'ai vraiment beaucoup aimé, j'ai trouvé la réflexion politique et humaine passionnante .

Je ne connais pas du tout ce roman. Hop ! Sur ma PAL !

Je viens de terminer ce roman dans le cadre du challenge Southern litterature, et j'ai bien pris mon temps! Je ne connaissais pas du tout cet auteur, (même de nom, donc une totale découverte), cependant son écriture est superbe, c'est très bien écrit et surement bien traduit; c'est assez rare de trouver des romans ou le style de l'auteur s'impose autant.

L'histoire est basée sur l'héroine principale Amatha Starr ou Manty, de part son origine elle est métisse et de peau blanche, va découler toute une série d'évènements sur fond d'Histoire, sa vie va prendre une dimension tragique suite au conflit qui va opposer le Sud des USA, les états confédérés soucieux de préserver l'esclavagisme face aux Nord, les Unionistes abolitionnistes.

Manty suite au décès de son père, sera esclave, vendue sur un marché à La Nouvelle Orléans à Amish Bond, un riche propriétaire. Le conflit de la guerre de sécession va envenimer la situation de la jeune femme, qui sera toujours confrontée à la réalité de son statut d'esclave et de sa peau blanche. Elle va de surcroit croiser la route de personnes plutot malveillantes à son égard, ou qui le deviendront.

L'histoire a beau être romancée, il n'en découle pas moins ce ressenti assez poignant de personnes déchirées par la supression de l'esclavagisme, pour lesquelles la question raciale reste toujours le coeur du problème. La manière dont l'auteur retranscrit tout cela est tres poignante, j'ai vraiment apprécié les differentes parties du roman avant le conflit, c'est la relation entre Manty et Amish très troublante, puis Manty devient libre et enfin l'après guerre et ses désillusions. Le personnage de Manty est loin de celui de Scarlett (cinématographique), cependant n'ayant pas lu Autant en emporte le vent, je me contenterai d'évoquer la similtiude du contexte historique!

Je suis contente que tu aies aimé ce livre, Constance ; il est en effet extrêmement romanesque et laisse une impression marquante.

C'est un livre qui présente à la fois de grandes similitudes et de grandes différences avec Autant en emporte le vent ; je te conseillerais assez volontiers de lire ce dernier, qui se lit plus facilement que L'esclave libre : cela peut vraiment être intéressant de comparer ces deux ouvrages aux atmosphères semblables et aux héroïnes si différentes.