Les désarrois de l'élève TörlessIl y a longtemps que je voulais lire ce grand nom de la littérature Autrichienne. J'ai commencé par ce roman, écrit à 25/26 ans et j'en suis restée comme muette !
Ce livre est à la fois d'une violence psychologique inouïe et d'une finesse incroyable, celle de l'adolescence, l'âge où il faut bien découvrir la réalité...et ses coulisses (plus sombres encore...).
Törless, donc, est un jeune homme de bonne famille, ambitieux, entrant dans un internat sélect pour réussir.
Il est mal dans sa peau, en proie à des questionnements infinis, des sentiments en demi-teinte. Une interrogation lancinante : que cache la réalité ? Il pressent le mensonge, les illusions, la fureur des sens aussi, mais il est frustré par cette sensation particulière : il y a un secret derrière tout. Quel est-il ? Introspection intellectuelle et émotionnelle à la fois.
La description de cette âme en quête de réponses se double d'une intrigue abjecte. Tellement abjecte qu'on a évoqué le spectre du nazisme dans ce livre écrit en 1906. Comme une prescience littéraire...
L'élève BASINI.
Un faible. Un lâche.
L'indispensable chaînon du binôme victime/bourreau.
Il sera violé, supplicié, battu, humilié par ses camarades, sous les yeux tantôt excités, tantôt impassibles du héros. Qui succombera aussi au plaisir de la chair avec cet être malléable. Dégoulinant de soumission.
La violence est un électrochoc. Celle qu'on inflige, celle que les autres subissent.
A la fin du livre, Törless a compris. Compris que ce qu'il prenait pour un double sens des apparences n'est qu'un piège.
Un leurre de plus.
Contrôlant sa subjectivité, il vient d'apprendre la vie.
Les choses sont ce qu'elles sont, rien d'autre.
SENSIBLE ET PUISSANT.