La Madone des Sleepings de Michel Dekobra

J'ai passé de très belles heures de lecture cette semaine avec La Madone des Sleepings de Michel Dekobra.

Il est paru en 1925, a connu un immense succès critique et publique durant toute la période des années folles et a été traduit en plusieurs langues. On pense à Nancy Mitford ou Evelyn Waugh pour le rythme endiablé de l'intrigue, les personnages extravagants, la satire et la verve ironique mais aussi à la grande tradition du roman d'aventure, avec rebondissements et révélations à la clef. Un roman fin, merveilleusement bien écrit et qui se trouve être aussi un divertissement de premier choix.



Je vous laisse avec l'excellente présentation des éditions Zulma :

Citation :

On s'y délecte des aventures échevelées de la délicieuse, la scandaleuse, la très audacieuse Lady Diana Wynham, racontées par le prince Séliman, son secrétaire et confident, qui nous entraînent dans une course poursuite effrénée d'un bout à l'autre de l'Europe.
Jeune veuve aux mœurs joueuses et libérées mais aux finances en berne, Lady D. se lance à la conquête du camarade Varichkine, délégué bolchevik à Berlin. Il faut qu'il lui obtienne l'autorisation d'exploiter les champs de pétrole dont feu son Lord de mari a fait l'acquisition avant que la Russie ne soit soviétique. Séduite par le charme inattendu du gentleman sanguinaire, elle est alors confrontée aux dangers déclenchés par la jalousie féroce de la terrible égérie rouge Irina Mouravieff.
Au-delà du divertissement, la Madone des Sleepings réserve la surprise d'un inoubliable portrait de femme libre, jet-setteuse avant l'heure, qui arpente comme en son jardin les territoires à peine découverts de la psychanalyse et du socialisme révolutionnaire.
C'est sur le conseil d'Alfred Eibel, critique littéraire, essayiste, anthologiste, préfacier, également romancier (Le Chien merveilleux, Acropole, 1987) qu'est publié aujourd'hui la Madone des Sleepings de Maurice Dekobra.

Alors, tentés ou pas ?

NB : ce roman se prête très bien à une lecture dans le cadre du challenge vintage

Emjy a écrit:

Alors, tentés ou pas ?

Oui !

J'étais persuadée que ce livre était un roman sulfureux sur une prostituée qui opérait dans les trains de nuit, mais apparemment, j'ai tout faux !

Le résumé que tu as posté est très alléchant ; c'est typiquement le genre de bouquin susceptible de me plaire.

Popila a écrit:

c'est typiquement le genre de bouquin susceptible de me plaire.

Il y a de fortes chances qu'il te plaise en effet, j'ai même pensé à toi en le lisant

Ils ne l'avaient pas à la librairie hier, je vais sans doute bientôt me le commander.

Très bonne initiative, Popila !

Pour info, il existe dans 2 éditions différentes, en broché chez Zulma et en poche chez J'ai lu.

Il me tente également, pour 2012 ... C'est pas mal de redécouvrir des romans, déja édités car il est possible de les trouver en poche ou en bibl

Très tentée!

A lire la quatrième comme ça j'aurais un peu peur du résultat mais si vous le conseillez je ne doute pas qu'il soit bien. Donc oui assez tenté !

Maurice Dekobra etait traducteur de Twain, Defoe et London, et accessoirement grand reporter, donc je n'ai pas resisté je l'ai sorti de son étagère poussiéreuse à la biblio.

Et tu as bien fait, ce roman mérite d'être dépoussiéré. J'ai hâte d'avoir tes impressions !

Je viens de dévorer ce roman, qui se lit très vite, que j'ai plutôt apprécié.
Le personnage de Lady Diana est très attachant, magnifique dans sa flamboyance. Elle me fait beaucoup penser à Tante Mame ! La description de cette noblesse jouant avec le feu, et flirtant avec la prostitution, est un régal. C'est une très belle plongée dans l'Entre-deux-guerres, où plusieurs questions politiques sont posées, en particulier avec la montée des inégalités, la très grande pauvreté, et bien sûr, le communisme.
Ceci dit, le livre est nettement composé en deux parties : une première où le narrateur exerce ses fonctions de secrétaire auprès de Lady Diana qui m'a enchantée ; et une seconde où il est envoyé par elle dans la Géorgie communiste, que j'ai beaucoup moins aimée. Le style est extrêmement différent entre ces deux parties : autant la première est légère, pleine d'humour et de vivacité, ne se prend jamais au sérieux, autant la seconde part dans le manifeste politique engagé, perd tout son humour

Spoiler:

bref, ça devient sérieux - et ce n'est pas ce que je pensais lire en débutant le roman (syndrome du 'mais, j'ai été trompée sur la marchandise').

Un avis un peu mitigé, donc. Je pense que l'absence de Lady Diana dans cette seconde partie retire beaucoup de punch au récit et, comme le narrateur manque un peu de charisme, le plaisir de lecture s'en ressent.

Merci pour ton avis Akina, je serai bien tentée par cette lecture.

J'ai essayé de le lire l'année dernière, et je devais être dans de mauvaises dispositions ; je n'ai pas du tout accroché, au point que je n'ai pas réussi à le finir... j'ai également eu le sentiment que le livre ne correspondait pas à sa réputation, d'où effectivement le syndrome du 'j'ai été trompée sur la marchandise'. Ce qui ne veut pas dire que le livre était mauvais, simplement il ne correspondait pas à l'attente suscitée.

Mon sentiment rejoint celui de Popila: en me fiant (trop, sans doute...) au résumé de quatrième de couverture, je m'attendais à un livre pétillant, plein de vie, qui ne se prend jamais au sérieux...mais en réalité, le résumé ne s'attache qu'à la première partie du roman, la seconde étant beaucoup plus sombre, plus ancrée dans la réalité de l'époque. Je trouve qu'il y a un décalage entre ces deux parties, comme une sorte de déséquilibre: j'ai trouvé la première partie trop superficielle et la seconde, un peu trop "sérieuse". Du coup, j'étais un peu perplexe face aux différents événements et je n'ai vraiment pas réussi à m'attacher aux protagonistes et à leurs différentes déconvenues. Les événements s'enchaînent à une vitesse folle et les relations entre les personnages ne me semblent pas suffisamment approfondies. 

Mon autre déception me vient des personnages. Avant de commencer le roman, j'avais plus ou moins imaginé et dessiné dans mon esprit, l'image de Diane telle que je pensais la voir: en femme libre, pleine de vie, rusée, flirtant avec les hommes, défiant les règles établies...au final, j'ai été assez déçue par le traitement fait de cette lady: elle ne m'apparaît comme une héroïne peu attachante, un peu fade (en dépit de sa personnalité présentée comme flamboyante). Cette impression de platitude sans nul doute vient du narrateur que je trouve peu intéressant et qui ne parvient pas à faire décoller l'histoire qu'il est censé raconter. Quant aux autres personnages gravitant autour du Prince, je n'ai pas réussi à m'y intéresser...

Au final, je crois que j'avais imaginé une tout autre histoire, d'où ma déception. 

Seirên a écrit:

Au final, je crois que j'avais imaginé une tout autre histoire, d'où ma déception. 

Les résumés peuvent parfois être très trompeurs, et écrire une histoire pétillante est à mon avis l'une des choses les plus difficiles qui soient. Après, tout est question de subjectivité, bien sûr... manifestement, le livre est apprécié de beaucoup de lecteurs.