Peter Pan

Je viens juste de refermer Peter Pan et j'ai pour le moins été surprise. Je ne m'attendais pas du tout à "ça". en fait, j'avais vu des extraits du dessin animé de Walt Disney mais c'est tout. Du coup, j'avais une vague idée mais pour moi Peter était un petit garçon espiègle. J'ai donc été surprise lorsque j'ai découvert le livre et le véritable visage de Peter : espiègle, farceur, oublieur, égoïste et même parfois cruel. Tinn Tam n'est pas vraiment sympathique dans son genre.
Et pourtant, j'ai aimé cette lecture. Je me suis laissée embarquée par l'auteur et Peter dans ce monde de féérie où l'impossible devient possible. Une belle découverte !

J'ai dévoré Peter Pan (le roman) et j'ai vraiment beaucoup apprécié ma lecture. Je trouve que c'est un livre très juste sur l'enfance. La manière dont Barrie retranscrit les rêves et les angoisses des enfants, intimement liés, est très juste : Crochet est le grand méchant, mais que serait le Pays Imaginaire sans ses pirates et ses Peaux Rouges ?
J'ai aussi trouvé très juste le personnage de Peter Pan. Comme Cathy, j'ai été étonnée de sa cruauté, de son égoïsme. Il est capable des meilleurs actions du monde, mais seulement quand cela lui chante. Et il ne pense jamais aux conséquences que son comportement peut avoir sur les autres. Là encore, je trouve que c'est un portrait assez juste de l'enfant, tellement occupé à grandir et à se construire qu'il en oublie de se soucier du monde autour de lui.

Ce mélange entre conte et des côtés plus sombres, avec un aspect psychologisant (la relation de Peter avec sa "mère", avec Clochette, le père de Wendy, John et William réduit à occuper la niche, ...), m'a fait penser au Livre des contes perdus de Connolly, en moins sombre tout de même.

J'ai aussi beaucoup aimé la fantasy de ce monde : entre la chienne qui sert de nounou, et les fées qui naissent au premier rire des enfants, c'est un livre plein d'une poésie drôle et touchante. Il y a des aspects presque Shakespeariens dans ce monde.

Citation :

Il y a des aspects presque Shakespeariens dans ce monde.

Je n'y avais jamais songé mais ce que tu dis me paraît très juste.
Contente que tu aies aimé ce texte en tous cas, c'est un de mes préférés.

Comme beaucoup de monde, je pense, je ne connaissais l'histoire de Peter Pan que par le dessin animé de Walt Disney , très édulcoré, comme l'est aussi Alice au pays des merveilles. J'ai voulu le lire en version originale, mais j'avoue avoir eu beaucoup de mal et après la lecture du premier chapitre, j'ai repris la traduction française pour comprendre certains éléments qui m'avaient totalement échappés...

Si j'ai retrouvé l'histoire et les personnages que je connaissais, j'ai été surprise par le style de l'auteur, que j'ai trouvé assez complexe pour un roman jeunesse, même si celui-ci date du début du XXème siècle. Je n'ai pas trop aimé non plus ce narrateur omniscient, qui s'adresse directement au lecteur et explique qu'il pourrait raconter telle ou telle histoire, mais n'en choisira qu'une, ou qu'il pourrait prévenir Mrs Darling du retour des enfants, mais ne le fera pas pour leur laisser le plaisir de surprendre leurs parents.
Le caractère de Peter Pan est particulièrement agaçant : égoïste, vivant au jour le jour et sans pitié. Il a un rôle un peu étrange : "On prétendait que, lorsque les enfants meurent, il les accompagne un bout de chemin pour qu'ils n'aient pas peur." De même il recueille les enfants perdus, tombés des landaus. Je n'ai vraiment pas aimé le rôle très réducteur dévolu à Wendy, mère de substitution, dont le rôle consiste à tenir la maison, coudre, raccommoder et faire la lessive. Le soir elle raconte des histoires et décide de l'heure du coucher. Bref une figure maternelle très machiste. L'autre image de la femme, celle de la fée Clochette, jalouse et superficielle n'est pas beaucoup mieux.

J'ai quand même apprécié l'inventivité de certains détails, les entrées de la maison souterraine, creusées dans des troncs d'arbres, les fées qui naissent d'un rire d'enfant et meurent dès qu'un enfant ne croit plus en elles. Peter Pan reste un grand classique de la littérature jeunesse, à découvrir malgré tout. Peut-être que j'ai trop grandi pour l'apprécier à sa juste valeur.

Oui je me souviens aussi de la lecture du roman de James Barrie. Elle est très loin de la version de Walt Disney qui a adoucit les caractères.

Peter Pan est un enfant terrible dans le livre et il pousse les autres dans le mauvais chemin. Je ne me souvenais plus que Wendy avait un rôle réduit mais, comme je ne m'en souviens plus, ceci explique sans doute cela.

Le capitaine Crochet était même plus abordable que Peter. Et comme toi, DViolante, je n'avais pas aimé les remarques intempestives du narrateur. S'il voulait prévenir Mrs Darling, pourquoi ne l'a-t-il pas fait ?

Enfin, remarque mise à part, j'avais trouvé intéressant de lire la version originale. J'ai trouvé que Disney avait fait beaucoup de travail pour retravailler cette histoire et rendre Peter moins cruel. Et puis, c'est instructif et je me sens plus à même de parler du sujet ensuite. Par contre, je n'ai pas lu Alice aux pays des merveilles

C'est vrai que c'est un livre plutôt sombre, en fait, ce que Disney nous a fait oublier. Peter est l'essence même de l'enfance, et il en englobe tous les aspects, pas seulement ceux qui sont jolis comme l'innocence et la faculté d'imagination, mais aussi l'égoïsme profond ou la cruauté. Personnellement, ce qui m'a touchée dans ce livre c'est cette représentation honnête de l'enfance, qui me paraît plus vraie qu'aucune autre dans la fiction. Il y a beaucoup de poésie et de symboles dans le roman, mais tout n'y est pas douceur ou édulcoré pour plaire au public.

Quant au narrateur intrusif, il faut je pense se remettre dans le contexte de l'époque, où ça se faisait beaucoup. C'était très fréquent pour un narrateur de s'adresser directement au lecteur : Charles Dickens, ou bien Charlotte Brontë et le célèbre "reader, I married him", pour citer deux exemples. Et je trouve que justement dans Peter Pan, ce type de narration accentue le fait que ce qu'on lit est une fiction, une construction, et renforce par là son impact symbolique.

Bien entendu, tous ces aspects ne sont pas forcément au goût du jour actuellement, et le livre a certainement vieilli. Pour moi, c'est un chef-d'oeuvre et je ne me lasse pas de le lire. Mais je comprends qu'il puisse ne pas plaire à cause de tout ça

C'est vrai que Charlotte Brontë le fait dans ses romans. Néanmoins, je trouve son aspect intrusif plus léger que James Barrie. Sa réplique sur Mrs Darling m'avait semblé ironique ou sarcastique. Je n'avais pas aimé sa prise de hauteur par rapport à ces évènements. C'est un lointain souvenir donc peut-être qu'en le relisant, j'en aurais un autre avis ?

En tous cas, ce que tu as dis est très juste et pertinent notamment sur la question des enfants. Elle donne à réfléchir