L'affaire de Road Hill House, de Kate Summerscale

Je ne pensais vraiment pas que je lirai ce livre si rapidement! J'avais le sentiment que cette lecture serai peut être un peu lourde par moment, mais pas du tout. Cet essai est quasiment rédigé comme un roman policier. Du coup on tourne les pages avec avidité pour savoir qui est le coupable.

Les rapprochements entre cette enquête et la littérature policière est très intéressant: j'ai très envie de lire du Dickens (Bleak House surtout qui est très souvent cité), du Collins (relire la Dame en Blanc, très souvent citée également) et du Braddon!

En apprendre plus sur la création de Scotland Yard et des détectives (avec toujours le parallèle entre ces vrais détectives ayant inspirés la fiction) est passionnant! Tout comme réaliser que le développement de la presse à cette époque à mis à mal la vision du foyer bourgeois impénétrable. C'est toute la société qui change.

J'ai vraiment été captivée par ce livre et j'ai l'impression d'oublier la moitié de ce que je voulais vous dire, alors je dirai simplement: lisez-le, en espérant qu'il vous passionne autant que moi!

Josephinemarch et moi avions repéré ce roman dans une librairie d'occasion mais nous l'avions reposé. Après avoir lu ta présentation, je le regrette amèrement !
Bon, ce n'est pas grave, je le note et j'essaierai de le lire pour le challenge néo-victorien

J'espère que tu auras l'occasion de le lire!
Les avis sont un peu mitigés sur le net (certains ont trouvé le livre trop lourd: crainte que j'avais également) et j'aimerai bien avoir le tien

Mon avis a un peu tardé par manque de temps mais j'avais vraiment envie de parler de ce roman-essai qu'il est bien difficile de mettre dans une case. Il semble plus être un essai et une étude très fouillée mais il se lit comme un roman. Un peu comme De sang-froid de Capote auquel j'ai souvent pensé durant ma lecture, on n'atteint pas le génie de Capote mais le style de Kate Summerscale est très bon, très fluide. J'ai lu ce livre très vite et pourtant c'est un livre vraiment épais.

La disparition d'abord et le meurtre du petit Saville Kent (trois ans) enlevé alors qu'il dormait dans la chambre qu'il partageait avec sa sœur et sa nourrice est vraiment effroyable. Déjà parce qu'on s'attaque à l'innocence même (un petit enfant) et aussi parce que ce drame va soulever le rideau sur une vérité pas vraiment très belle à voir, va craqueler de toute part un vernis qu'on croyait pourtant solide et faire tomber un mythe... Tout au long des pages, Kate Summerscale s'emploie à un vrai décorticage de cette affaire et par ce moyen va s'attaquer aussi au décorticage de cette famille, de la société de l'époque et nous montrer que la vision idéalisée du foyer anglais comme on le voyait avant ce drame (soit un endroit chaleureux et impénétrable) était complètement fausse.

J'ai beaucoup aimé découvrir au fil des indices (fort maigres) transparaitre une vérité assez incroyable (je n'aurais pas parié un kopeck sur le coupable moi, perso)(Et toi Lunaë?) même si l'acharnement sur une personne dont fait preuve l'inspecteur de Scotland Yard en charge de l'affaire me semblait suspect et un peu exagéré. Et dire qu'il ne se trompait pas et que cette affaire a presque détruit sa vie !

J'ai beaucoup aimé aussi lire la façon très intuitive (au final) utilisé pour résoudre cette affaire. Ici point d'ADN ni de gadgets, tel que spectromètre de masse ou autre comme dans Les experts, la police scientifique est encore bien loin de ces premiers balbutiements (pour trouver s'il y a des traces de sang sur un couteau, il faut juste avoir de très bons yeux).

J'ai aimé plonger dans la vie pas si parfaite de cette honorable famille...

J'ai aussi aimé lire les nombreux rapprochements avec la littérature policière de l'époque (qui semble t'il s'est beaucoup inspirée de cette affaire pour écrire, notamment Wilkie Collins) et lire les avis de Dickens sur l'affaire (et moi aussi j'ai très envie de lire Bleak house maintenant au point que je suis à presque rien de craquer pour l'édition de la Pléiade (en plus ce serait mon premier Pléiade et quoi de mieux pour premier Pléiade qu'un Charles Dickens en plus, dit-elle pour essayer se déculpabiliser de penser à faire un tel achat...)

Bref, ce livre m'a absolument envoûté, emporté et intéressé. Il ne se cantonne pas juste à l'enquête policière mais va bien plus loin que ça et c'est cet aspect là qui est purement passionnant. Au point qu'on en oublie presque la raison de cette enquête et la fin du livre nous ramène très bien et assez violemment au sujet principal du livre, le meurtre de ce petit enfant de trois ans parce que perso, je l'avais un peu perdu de vue au fil de ma lecture.

Bref, un roman à lire pour qui s'intéresse à la société victorienne...

C'est un "roman" carrément indispensable pour qui aime l'époque victorienne, Wilkie Collins, Dickens ou Mary Elisabeth Braddon.
La véritable histoire est aussi forte qu'une intrigue imaginaire : le coup de la chemise de nuit (oh shocking!) disparue, est un véritable tour de force.
Je conseille vivement cet ouvrage qui allie la rigueur de la recherche historique avec le talent du récit.

Ceux qui l'auront lu s'autoriseront ensuite le visionnage du film The suspicion of Mr Whicher, dans lequel Paddy Considine incarne l'inspecteur de Scotland Yard.

Kate Summerscale vient de faire paraître un nouveau livre : Mrs Robinson's disgrace, une affaire de divorce victorien. Je gage que ce livre sera aussi bien documenté que le premier.

Merci Ficelle d'avoir fait remonter ce topic, que je ne connaissais pas du tout! Le roman a l'air vraiment tentant, je note le titre et le nom de l'auteur!

J'avais noté ce titre pour une prochaine lecture éventuelle et depuis, je l'ai oublié Donc, merci d'avoir remonté ce topic, Ficelle
Sinon, c'est vrai que son dernier livre, Mrs Robinson's disgrace a l'air très alléchant !



Et j'aime aussi beaucoup la couverture

Citation :

On a mild winter's evening in 1850, Isabella Robinson set out for a party. Her carriage bumped across the wide cobbled streets of Edinburgh's Georgian New Town and drew up at 8 Royal Circus, a grand sandstone house lit by gas lamps. This was the home of the rich widow Lady Drysdale, a vivacious hostess whose soirees were the centre of an energetic intellectual scene. Lady Drysdale's guests were gathered in the high, airy drawing rooms on the first floor, the ladies in dresses of glinting silk and satin, bodices pulled tight over boned corsets; the gentlemen in tailcoats, waistcoats, neckties and pleated shirt fronts, dark narrow trousers and shining shoes. When Mrs Robinson joined the throng she was introduced to Lady Drysdale's daughter and son-in-law, Mary and Edward Lane. She was at once enchanted by the handsome Mr Lane, a medical student ten years her junior. He was 'fascinating', she told her diary, before chastising herself for being so susceptible to a man's charms. But a wish had taken hold of her, which she was to find hard to shake...A compelling story of romance and fidelity, insanity, fantasy, and the boundaries of privacy in a society clinging to rigid ideas about marriage and female sexuality, Mrs Robinson's Disgrace brings vividly to life a complex, frustrated Victorian wife, longing for passion and learning, companionship and love.

Ayant beaucoup aimé ma lecture de "L'affaire de Road Hill House", il est certain que je me procurerai le second titre!

J'ai terminé L'affaire de Road Hill House et mon avis rejoint le votre, Lunaë, Séverine et Ficelle. Ce "roman-essai" est vraiment très instructif en ce qui concerne la société victorienne. L'auteure a fait un travail fabuleux.
Personnellement, je m'étais mis en tête que l'assassin de Saville

Spoiler:

Mais au final, j'étais bien contente que se soit le cas. Comme tu le dis Séverine, cette affaire a failli détruire la vie de l'inspecteur Whicher.

J'ai trouvé ce livre passionnant! Il est très rythmé et j'ai particulièrement aimé les références à toute la littérature policière qui s'est inspirée de près ou de loin de cette affaire.
La vie de l'époque est bien retranscrite.

Merci d'avoir fait remonter ce topic, Miss Virginia ; j'étais manifestement passée à côté.

Je note précieusement la référence de ce livre.

J'ai eu un peu de mal à terminer ce roman-essai. Je l'ai trouvé passionnant mais souvent un peu lourd et frustrant. Frustrant dans le sens où l'on se passionne vite pour cette histoire et la clef du mystère semble bien longue à venir. Mais cela n'empêche pas ce livre d'être extrêmement instructif et intéressant. Je n'arrive pas à m'imaginer le nombre d'heures de recherche qu'il a fallu à Kate Summerscale pour l'écrire. C'est admirable la façon dont le moindre fait est détaillé, le nombre d'anecdotes plus intéressantes les unes que les autres qui foisonnent dans ce récit.

Je dirais malgré tout qu'il faut aborder ce livre plus comme un documentaire que comme un roman. C'est formidablement bien écrit, mais cela reste peut-être un peu lourd à lire si on s'attend à un roman "policier" classique.

Malgré mes petites réserves, je le recommande chaudement à toutes celles et ceux qui aimeraient en savoir plus sur la naissance des romans policiers, sur la société victorienne et ses relations avec cette nouvelle police et avec la presse.

J'ai lu L'Affaire de Road Hill House et je rejoins vos avis sur ce livre : il est vraiment passionnant à lire et très documenté, on se prend rapidement au jeu de découvrir la solution de ce meurtre mais aussi d'en savoir plus sur la société victorienne, sa mentalité et l'apparition des romans policiers. Tout cela est vraiment très intéressant, même si j'ai parfois trouvé que le roman traînait un peu en longueur...
Concernant l'identité du meurtrier, j'avais deviné assez tôt mais il y a quand même un certain suspense autour du fait qu'on ne sait pas si c'est vraiment cette personne-là ou pas, si elle va être condamnée, quels ont été ses motifs...

Du coup, j'ajoute La Déchéance de Mrs Robinson à ma liste à lire car j'ai très envie de découvrir d'autres romans de Kate Summerscale

Je suis intriguée par La déchéance de Mrs Robinson!

En ce qui concerne L'affaire de Road Hill House, j'ai été assez surprise car ma bibliothèque l'a classé en roman, alors que j'ai plus l'impression que c'est un livre d'histoire, plus qu'un roman.
Comme beaucoup, je le trouve très documenté. Pour avoir travaillé sur cette affaire pour mon mémoire, je trouve que Kate Summerscale a fait un excellent travail. En revanche, comme sandie, je trouve parfois des longueurs, des explications qui partent un peu dans tous les sens, mais dans l'ensemble c'est un livre très intéressant!

Ce titre sort le 4 avril dans la collection poche de Christian Bourgois, qui s'appelle Satellites.

Je remets le synopsis :

Citation :

En 1860, au village de Road, dans le Wilthshire, la famille Kent découvre un matin que le petit Saville a disparu durant la nuit. Son cadavre est rapidement retrouvé dans les toilettes des domestiques ; ils réalisent que le meurtrier se trouve nécessairement parmi eux. Tout le monde se passionne pour cette affaire et l'enquête piétine jusqu'à l'arrivée de Jack Whicher.