Je souhaite aujourd’hui présenter le film qui fut à l’origine d’une de mes premières grandes émotions cinématographiques : Arizona Dream, d’Emir Kusturica. Ce film est sorti en 1993, et porte à l’affiche une des futures stars du cinéma : Johnny Depp, ainsi que Faye Dunaway, Lily Taylor, Jerry Lewis, et Vincent Gallo.
Je vais essayer de faire une présentation pas trop décousue, exercice difficile quand on connaît la bête.
L’histoire commence avec Axel Blackmar, un jeune homme qui s’est installé à New-York où il est employé par les Eaux et Forêts pour compter les poissons.
Axel est heureux dans sa vie paisible et rêveuse, quand son cousin Paul Léger débarque et l’emmène presque de force en Arizona pour assister au mariage de son oncle Léo avec une jeune femme. Arrivé là bas, Axel se laisse convaincre de rester quelques temps et devient vendeur de voitures dans la boutique de Léo.
Deux femmes arrivent pour acheter une voiture : Elaine, une femme d’une quarantaine d’années, et sa fille par alliance, Grace. Elles tombent toutes les deux amoureuses d’Axel, l’installent chez elles, et le prennent dans leurs folies, fantasques et violentes. Celle d’Elaine c’est de construire une machine volante, projet auquel un Axel séduit souscrit immédiatement. Grace, jalouse de sa belle-mère, cherche à se tuer, persuadée de se réincarner en tortue. Petit à petit, la folie monte de plus en plus, ce qui nous paraissait incohérent devient naturel jusqu’à cette prodigieuse scène d’apocalypse sous l’orage, ponctuée par la musique de Death de Goran Bregovitch.
C’est un film extrêmement poétique, avec une touche de fantastique (ce poisson, ce flétan, comme un guide au milieu de cette folie), qui raconte des amours passionnelles, entre Axel et Elaine et entre Axel et Grace, certes, mais surtout la relation conflictuelle et pleine d’un amour tellement grand qu’il en devient douloureux entre Elaine et Grace. Ces deux femmes sont chacune très émouvantes, exigeant tout l’une de l’autre, mais refusant de ce donner la moindre tendresse. Et chacune essayant de fuir cette maison perdue au milieu de nulle part, l’une par les airs, l’autre par le suicide.
Au milieu, Axel apparait particulièrement jeune et fragile (Johnny Depp ), et certainement pas prêt à subir la tempête émotionnelle qu’elles lui destinent. Il arrive comme un catalyseur qui va déclencher le désastre qui couve dans cette maison.
Mais c’est un film qui ne manque pas d’humour, en particulier grâce à Paul et Léo, les américains caricaturaux, complètement en décalage de la sensibilité profonde des trois autres.
C’est un film que j’adore, pour sa musique, pour sa folie, et pour le talent extraordinaire de ses acteurs et de son réalisateur.