Je l'ai lu dans le cadre du challenge "Actrices" (topic ici
) et ce fut une lecture captivante.
A la recherche d’une actrice perdue …Un amour sans paroles est un vibrant hommage rendu au cinéma muet et à ses gloires d'antan.
Dans ce récit extraordinairement romanesque (qui n'a pourtant rien d'une fiction, puisqu'il s'agit d'une enquête), Didier Blonde part sur les traces de la mystérieuse Suzanne Grandais, star du cinéma muet en France et toute première comédienne dont on ait vu le nom sur un écran géant (et oui, au début du XXème siècle, les acteurs n'étaient pas crédités au générique).
Surnommée la Mary Pickford française, elle était adulée et plébiscitée aussi bien par la critique que par le public qui voyaient en elle une véritable égérie de la culture française. Tantôt bourgeoise, tantôt charmeuse, mondaine ou ouvrière, elle parvenait à émouvoir en dépit du jeu stéréotypé traditionnellement associé au cinéma muet.
Après avoir été danseuse puis actrice de théâtre, elle tourne en France, en Allemagne (juste avant que la Première Guerre Mondiale éclate) fonde sa propre société cinématographique mais meurt prématurément, à l'âge de 27 ans dans un terrible accident de voiture en Seine-et-Marne.
Sa filmographie, composée de courtes comédies, de drames et de petites séries est longue comme le bras. Mais la plupart de ces films ont aujourd'hui complètement disparu.
Même s'il est facile de retrouver le visage de Suzanne Grandais sur de vieilles cartes postales, sa présence sur la la pellicule de cinéma s'est réduite à une peau de chagrin...
Au début de cet
Amour sans paroles, un ami de Didier Blonde lui met entre les mains le journal d'un certain Jean D, contemporain de Suzanne Grandais, cinéphile mais surtout grand admirateur de l'actrice jusqu'à son dernier souffle. Son amour pour l'actrice - qu'on qualifierait peut être plutôt d'obsession mais qui reste touchant car empreint de bienveillance - infuse chaque page de ce récit personnel que Didier Blonde consulte avidement. Sous la plume de ce Jean D., c’est toute une époque qui reprend vie et à travers l’aura mystérieuse et évanescente de cette comédienne.
En remontant ses traces, Didier Blonde entretient de la plus belle manière toutes ses obsessions d’écrivain, à savoir l’amour du cinéma et du Paris d’antan mais aussi et peut être avant tout la fascination pour le temps irrémédiablement perdu.
Il fait figure de vrai détective de la mémoire et son récit n’en est que plus envoûtant.