Peinture fraîche (Wet paint) de Chloe Ashby

J'ouvre un topic au premier roman de l'une des nouvelles "voix" de la littérature anglaise : Peinture fraîche de Chloe Ashby, que j'ai beaucoup aimé :



Depuis la mort tragique de Grace, sa meilleure amie, Eve, une londonienne de 26 ans, semble vouloir garder tout le monde à distance. Elle vivote, entre un appartement partagé avec un couple pour qui elle fait le ménage et un petit boulot de serveuse où on ne la respecte pas. Elle essaie toutefois de trouver une certaine forme de consolation dans des petits rituels, comme la visite hebdomadaire à Suzon, la figure altière et mystérieuse de la toile de Manet « Un Bar aux Folies Bergères », à l'Institut Courtauld.
Avec Suzon, s’installe un semblant de complicité thérapeutique qui l’aide à panser ses plaies mais cela ne suffit pas évidemment …

Lorsqu'une rencontre imprévue a lieu sur son lieu de travail, de douloureux souvenirs remontent à la surface et Eve semble perdre pied à nouveau... Très vite, sa situation devient de plus en plus précaire, elle perd son travail et accumule les galères.
Eve décide finalement de répondre à une petite annonce et devient modèle vivant, pour payer les factures. Eve met à nu son corps devant des étrangers mais dissimule en elle de bien terribles blessures. Peut-on trouver ironie plus parfaite ?

Ce premier roman de Chloe Ashby a été comparé aux récits de Sally Rooney et à la série « Fleabag » mais pour moi, il a une personnalité qui lui est propre.
Il est incroyablement incisif, hypnotique par moments, bouleversant et étonnamment drôle par moments. Et tellement moderne aussi, pour toutes ces raisons.
Ce qui distingue ce récit londonien éminemment contemporain c’est la personnalité si fragile et attachante de son héroïne et bien sûr la voix de Chloé Ashby qui m’a séduite par la chaleur et la compassion avec laquelle elle décrit ses personnages et l’univers très urbain dans lequel ils évoluent.

Chloe Ashby est une critique d’art. Et l’art, sous toutes ces formes, est ici un des puissants moteurs de l’intrigue.
Dans le chaos des pensées d’Eve, l’amour, l’amitié et l’art prennent parfois le dessus et confèrent une lumière et une profondeur inattendue au récit.

Je l'ai lu comme une sorte de thriller intime, poignant et palpitant. « Peinture fraîche » est un récit plein de sensibilité et de naturel. Sans posture aucune, il doit beaucoup à cette héroïne et narratrice, sincère et vulnérable, qu’on a envie d’étreindre et de protéger.

L'intrigue me plait bien.

Est-ce que le livre n'est pas trop triste/éprouvant à lire au vu des galères nombreuses du personnage principal?

Oups, je n'avais pas vu ta question !

Citation :

Est-ce que le livre n'est pas trop triste/éprouvant à lire au vu des galères nombreuses du personnage principal?

Non, pas du tout. En tous cas, ce n'est pas ce que j'ai ressenti. Le style de Chloe Ashby n'est pas froid ni clinique et le récit n'est pas dénué d'un certain optimisme, malgré tout.