Poppy Z Brite est née Melissa Ann Brite, mais a choisi de changer son nom - et de changer de sexe - au cours de sa carrière. Ses premiers romans et nouvelles se rattachent au genre post-gothique et au mouvement punk. Ils sont généralement caractérisés par la présence de couples gays, une sexualité violente et crue et une fascination pour la violence et la mort. Beaucoup se passent dans une Nouvelle Orléans fantasmée.
Il a notamment écrit
Ames perdues,
Sang d'encre, Le corps exquis, ainsi que des recueils de nouvelles : les
Contes de la fée verte,
Self-made Man,
Wrong things et
Petite cuisine du diable et une biographie de Courtney Love.
Depuis le début des années 2000, il se détache de la littérature d'horreur et se tourne vers la littérature noire, racontant en particulier des romans policiers dans le milieu des cuisines de la Nouvelle-Orléans, comme
Liquor,
Prime et
Soul Kitchen.
J'ai dévoré ce week-end
les Contes de la fée verte. C'est un recueil d'une quinzaine de nouvelles, toutes étranges et gothiques. Quelque part, ces nouvelles m'ont énormément fait penser aux Contes fantastiques de Théophile Gauthier. Elles tournent autour d'amours impossibles, d'une fascination pour la déchéance, la décrépitude, la décomposition, pour la drogue et l'alcool aussi, et le tout avec une étrange beauté. Presque comme Baudelaire (La charogne, par exemple).
Certaines en particulier m'ont énormément plu.
Le conte géorgien raconte la vie que mènent quatre jeunes hommes, isolés du monde, au fond de leur rêve cauchemardesque, dans une église abandonnées. Si deux sont des garçons "normaux", vivant une expérience leur permettant de passer leur adolescence, les deux autres, Sammy et Gene sont de la race dont ont fait les artistes maudits.
Sa bouche aura le goût de la fée verte est encore plus terrible, encore plus sombre, encore plus glauque. Deux garçons, le narrateur et Louis, s'ennuient : "
'Aux trésors et aux plaisirs du tombeau', dit mon ami Louis, qui leva son gobelet d'absinthe pour m'adresser une bénédiction d'ivrogne. 'Aux lys funéraires, répliquai-je, et aux os calmes et blafards.' ". Après avoir tâté de la musique, du sexe (d'abord avec des femmes, puis des garçons), de l'alcool et des drogues, ils se découvrent un plaisir nouveau : piller les tombes, en sortir les restes, bouts de cadavres et os blanchâtres, pour les collectionner. Jusqu'au moment où ils sortent de la tombe d'un sorcier, une amulette étrange.
Calcutta , cité des nerfs, est raconté par un américain, né à Calcutta. Sa mère, indienne, est morte en lui donnant naissance. Son père américain fuit alors la ville pouilleuse et sale, mais lui y revient, âgé d'une vingtaine d'années, alors que la ville est envahie par les morts-vivants.
Et
Paternité, enfin, la nouvelle qui pourrait avoir été écrite par Joyce Carol Oates, le noël d'une famille, heureuse, du père empli d'un amour débordant pour son fils, au fils de 2 ans émerveillé par les cadeaux et la "magie de Noël".
Je ne sais pas si je le conseille, parce que c'est quand même très malsain. Je ne suis même pas sûre d'être capable d'aimer tout un roman écrit dans ce style. Mais ces quelques nouvelles m'ont complètement séduite.