Les voyages au cinéma

Pour certains, le cinéma représente un moyen de s'échapper de la vie quotidienne, de voyager sans bouger de son fauteuil. Et quels meilleurs films pour découvrir de nouveaux horizons que ceux traitant de voyages ?



Bien souvent, le voyage est entrepris par de jeunes adultes, en quête de leur identité ou pour donner un sens à leur vie. Cela peut aussi être un moyen de contester son mode de vie et de revenir à des valeurs plus simples : le meilleur exemple est le voyage effectué par Christopher McCandless dans le sud des Etats-Unis et en Alaska, objet du film Into the Wild de Sean Penn (d'après le livre de Jon Krakauer).
Un tel voyage ne laisse pas indemme, et celui qui l'effectue voit sa vision du monde et sa personnalité fortement bouleversée : ainsi, Carnets de voyage de Walter Salles relate le périple effectué à motocylclette par Ernesto Guevara et son ami Alberto Granado en Amérique du sud. Ce voyage, dans lequel les deux jeunes hommes découvrent la misère et les injustices sociales transformeront beaucoup la vision du monde et les idées du jeune Ernesto qui deviendra le « Che » Guevara.

Tous les films de voyages (plus connus sous l'appellation anglaise de road movies) ne sont pas aussi sérieux concernant leur sujet : certains peuvent donner naissance à des péripéties assez loufoques et nous montrer des personnages assez dingues, comme A bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson.

Enfin, l'autre intérêt majeur de ce type de films réside dans les beauté des paysages filmés. Certains occupent parfois une telle place dans l'histoire que l'on pourrait quasiment les considérer comme des acteurs à part entière.


Connaissez-vous d'autres films sur le voyage ? Quels sont vos préférés ?

Sandie pour ce thème, c'est l'idée que j'avais également en tête pour ces thématiques littéraires et je suis bien contente de ta proposition. J'aime beaucoup l'idée de voyager à travers les films.

Un des films, qui m'a marqué c'est Easy Rider, la route vers la liberté avec Denis Hopper. Ensuite pour les films dans les grands espaces, Loup de Nicolas Vannier, c'est vraiment un très bon film sur la difficulté de cohabitation entre l'homme et l'animal.

Les films de Jean-jacques Annaud, proposent également ce type d'ouverture vers le voyage, L'ours (c'est plutot la nature que le voyage), L'amant (la vie en Chine), 7 ans au tibet

D'autres films permettent également d'appréhender l'atmosphère d'un pays, Lost in translation avec Tokyo, beaucoup de scènes m'ont complètement dépaysés, certes elle sont filmées sous l'oeil d'un occidental qui met le pied au Japon, et pour moi font partie de la 3eme dimension du film, si on avait pas ce sentiment d'être à Tokyo, perdue et seule dans un pays inconnu l'histoire n'aurait absolument pas le même sens!

Un autre film traduit aussi pour moi l'esprit du voyageur, c'est Lawrence d'Arabie de David Lean! La découverte, l'immersion dans un pays inconnu.

Et puis les films tournés en Asie, Indochine de Régis Warnier et la belle baie d'Halong, ou Le voile des illusions WONDERFUL!

Le thème choisi par Sandie me fait penser à deux films où joue Bill Murray : Broken Flowers de Jim Jarmush d'une part, et La vie aquatique de Wes Anderson d'autre part.


Dans Broken Flowers un Dom Juan vieillissant reçoit une lettre anonyme qui lui apprend qu'il a avec l'un de ses nombreuses conquêtes un fils qui a maintenant 18 ans. Il entreprend alors un voyage pour revoir toutes les femmes qu'il a aimées autrefois, et essayer de retrouver cet enfant qu'il n'a pas élevé. C'est un voyage à la fois physique et intérieur, un retour sur le passé qui ne laissera pas le personnage joué par Bill Murray intact.

Dans un genre très différent, La Vie aquatique met en scène Steve Z., le chef de l'équipe océanographique "Team Zissou", qui sait que l'expédition qu'il conduit est sans doute la dernière, et son plus cher désir est de graver son nom dans l'Histoire. Parmi les membres de son équipe figurent Ned Plimpton, qui est peut-être - ou peut-être pas - son fils, Jane Winslett-Richardson, une journaliste enceinte dépêchée par le magazine Oceanographic Explorer, et Eleanor, sa femme, que l'on prétend être "le cerveau de la Team Zissou". Tandis qu'ils affrontent tous les dangers, depuis une mutinerie jusqu'à l'attaque de pirates en passant par un "requin jaguar" plus ou moins imaginaire, Zissou est bien forcé d'admettre que tout ne peut pas être planifié comme il l'aimerait...


C'est un film complètement déjanté qui vaut le coup d'oeil !

Up !

Une référence qui m'est revenue en tête sur le thème "Voyage et Cinéma" en répondant au topic ouvert par JO sur la musique country : il y a un très beau film de Clint Eastwood sur ce type de musique, Honkeytonk man, qu'on peut tenter de traduire par : "L'homme des bastringues".

Citation :

Red Stovall, guitariste alcoolique, s’engage sur la route de Nashville pour participer à une audition du Grand Ole Opry. Pour le chaperonner, un grand-père nostalgique et deux adolescents voulant échapper à la dépression des années 30.

C'est un très beau road-movie, très émouvant :


Un film à voir, qu'on soit amateur de country... ou pas. Vraiment.

Le sujet de ce topic me fait penser à TRAVELS WITH MY AUNT, tiré du célèbre roman éponyme de Graham Greene. En VF: Voyages avec ma tante.


Ce film est intéressant à plus d'un titre.

D'abord parce qu'il s'agit d'un des derniers films du vétéran d'Hollywood, George Cukor (son avant-dernier, il me semble). Qu'il y est question de la vie et de la façon de l'envisager : avec fantaisie ou avec humeur. Avec un esprit ouvert ou bien étriqué, libre ou entravé. Contre les tabous et les obligations sociales. Jeter les conventions par-dessus les moulins quel que soit leur poids.

On y fait le tour de l'Europe, on y prend l'Orient-Express... Il y a un petit goût de "tante Mame" dans les relations du héros avec sa fantasque tante Augusta...


Que ce très vieux cinéaste (au moment de la réalisation de ce film) ait eu à coeur de traiter ce genre de choses (l'hypocrisie sociale, la bigoterie, les apparences, etc) est émouvant, lui qui a dû souvent cacher son homosexualité dans un Hollywood puritain régi par l'hallucinant code de moralité dit "Le Code Hays".


Ensuite, les deux co-scénaristes de Voyages avec ma tante sont des pointures:
- Jay Presson Allen, qui a travaillé par exemple avec Hitchcock, notamment sur MARNIE.
- Hugh Wheeler, un écrivain de romans policiers psychologiques que j'affectionnais quand j'étais ado.
Parlons de lui un moment...
Ses récits (déjà fort vintages à mon époque) se déroulent dans des contextes extrêmement sophistiqués , à New York ou dans des petits bleds de la Nouvelle-Angleterre où tout le monde connaît le châtelain, le vétérinaire, la fille du vétérinaire, le gardien du château, etc, et où l'on chasse à courre,


où l'on se tue au milieu d'un cocktail chic, où les héroïnes fuient leur marâtres les soirs de bals après avoir pris un peu trop de morphine, poignardent en robes du soir... Ou bien ce sont des étudiants de College qui assassinent, en smoking, ou sont assassinés dans des bibliothèques gothiques, ou lors de "prom' nights".

Hugh Wheeler a beaucoup travaillé en duo avec Richard Webb. Ils signaient leur travail à 4 mains soit "Patrick Quentin", soit "Jonathan Stagge".
Patrick Quentin est plus "new yorkais" que Jonathan Stagge plus "rural".

Ils ont inventé un détective peu disert, modeste, que j'aime beaucoup. Et, chose amusante, lui, il passe de New York à la province sans peine, et de Patrick Quentin à Jonathan Stagge, sans aucun problème de paternité ou d'histoires !! Il s'agit de l' inspecteur Trant.


Les autres héros de Jonathan Stagge/Hugh Wheeler sont Le docteur Westlake, le narrateur, médecin de campagne à Kenmore, petite ville huppée et confite de conservatisme de la Côte Est. Il vit seule avec sa fille, Dawn, 10 ans, qui n'a pas la langue dans sa poche, surtout quand son papa semble regarder une jolie dame d'un peu trop près.

A New York, c'est aussi le couple de détectives de la série des PUZZLE , Iris et Peter Duluth. Glamours, intelligents, dégainant toujours un dialogue percutant... Ils gravitent dans cette sphère intello-new yorkaise classieuse (qui rappelle "Laura" de Vera Caspary) où Iris est une actrice de théâtre reconnue. C'est Peter le détective officiel. Ce qui n'empêche pas Iris de démontrer sa perspicacité.

Ils ont visiblement été inspirés par la série L'INTROUVABLE d'Hammett. Et tant mieux: autant bien choisir ses maîtres et ses sources d'influence !
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Au cinéma, Iris et Peter Duluth ont été interprétés par Gene Tierney et Van Heflin

Voilà. c'était, donc, un petit blabla sur, (ou plutôt autour de) Travels with my aunt...
Oh, derniers "petit détails": La tante , c'est Maggie Smith. Et son mari de l'époque, (papa de qui vous savez) , Robert Stephens, lui donne la réplique.

Comme scénariste, on doit également à Hugh Wheeler l' adaptation pour Broadway de SWEENY TODD The devil barber of Fleet street. Son nom est d'ailleurs crédité au générique du Tim Burton.

Ce qu'il y a de bien, avec le cinéma, c'est que les génériques vous font déjà beaucoup voyager d'un nom à l'autre....[]]

Et bien, et bien, et bien, on peut dire que tu sais y faire ! Je ne connaissais pas ce roman de Graham Greene (lequel, je viens de voir, est disponible chez 10/18 avec cette plus que charmante couverture :

) et encore moins l'adaptation avec Maggie Smith (et Mr Stevens, papa de Toby !). Je note donc la référence en espérant que le film ne soit pas trop difficile à dénicher ... Les photos donnent drôlement envie ! Quelle femme pleine de classe, cette Maggie !

C'est marrant j'ai trouvé ce livre de Graham Greene dans une bouquinerie bon je crois qu'in sera le prochain que je lirais...et par la même occasion je vais essayer de voir si j'arrive a trouver le film

A vrai dire, le bouquin est bien supérieur au film. Le film, je l'avais beaucoup aimé quand je l'ai vu à sa sortie, (j'étais en seconde; notre prof nous l'avait fortement conseillé ).

En le revoyant, il y a quelques années sur le câble, je l'ai trouvé bourré de défauts... Mais d'un très grand charme, un charme persistant malgré tout. Sans doute parce qu'il y a une tonalité, comment dire... de testament de la part d'un cinéaste qui n'était plus bridé par un studio ou par un code de censure.

Et ça reste touchant, élégant (malgré la "facture" 70's, image "gros grain", zooms visibles... ) et l'interprétation est en effet de très très grande classe !! Quelle distribution ! Katharine Hepburn (d'abord pressentie et qui avait davantage l'âge du rôle que Maggie Smith!) n'aurait sûrement pas été aussi bien. J'en suis intimement persuadée.

On y trouve également deux comédiens français : Corinne Marchand (la Cléo de 5 à 7 de Varda) et Raymond Gérôme, notre "French faux-English" actor of composition in ze hexagone, accent inclus...
Le film ne doit pas être très trouvable, sans doute, mais il passe, de temps en temps, sur les chaînes cinéma... Alors patience.

En attendant, on peut plonger dans le roman, oui. Graham Greene sait parler comme personne des voyages, des trains, des hotels, et des gens qui voyagent en train et vivent dans les hotels...

Un autre livre que j'aime beaucoup, de lui, c'est ORIENT-EXPRESS.
Ce n'est peut-être pas aussi formidable et évocateur que du PAUL MORAND (grand voyageur lui aussi, grand esprit, belle plume tranchante) mais c'est quand même super super-bien, d'un très haut niveau.

Merci pour toutes ces informations, Juniper Sling !

Les images que tu as postées (Maggie Smith en particulier) m'ont aussi fait penser à Tante Mame.

J'ai bien envie de lire davantage de Graham Greene !

@junipersling: Voyages avec ma tante m' intéresse beaucoup! Merci pour cette belle présentation!