Persuasion de Jane Austen

@Bookish love
C'est le dernier que j'ai découvert de Jane Austen (il me reste Mansfield Park) et je te souhaite une très bonne lecture.
Ce livre fut un vrai coup de coeur pour moi

Excellente idée, j'ai décidé aussi de relire Persuasion dans cette traduction illustrée par Margaux Motin. Il n'y a pas à tergiverser, son humour ne fonctionne pas du tout avec ce roman-là de Jane Austen. Toutefois je suis heureuse de retrouver cette histoire. Je redecouvre beaucoup d'éléments à chaque lecture. D'ailleurs l'histoire me semble de plus en plus cruelle et triste au fil du temps. En tout cas cette histoire de vanité, de mauvais choix, de regret et de seconde chance est pour moi la plus belle.

bookish love a écrit:

Je viens de me lancer dans la lecture de Persuasion, l'édition illustrée par Margaux Motin. Je fais partie de ces quelques chanceuses qui ont encore des œuvres de Jane Austen à découvrir !

Etant donné la période que nous vivons avec le confinement, j'arrive à prendre le temps de savourer ma lecture. Je ne lis pas encore vos avis, je le ferai par après.

Ah, je suis contente que tu te sois lancée dans cette lecture   
Je crois que nous sommes plusieurs ici à attendre ton avis avec impatience. Tu avais lu quel(s) roman(s) de Jane Austen avant ?

Et voilà, j'ai terminé ma lecture ! Quel superbe moment. Alors me concernant, j'ai beaucoup aimé les planches de Margaux Motin. Il est évident qu'il fallait réussir à se couper du texte original pour les apprécier.

Je ne suis pas très douée pour rédiger des avis, mais j'ai vraiment été embarquée. Anne est un personnage qui m'a énormément touchée. Il y a longtemps que j'ai lu O&P, mais je pense que j'ai préféré Anne à Lizzie car je l'ai trouvée plus posée, plus introvertie et plus patiente. Et il lui en a fallu de la patience avec sa sœur Mary !
Il me semble également qu'il me faudra une relecture pour apprécier le texte à sa juste valeur. La prochaine fois je le lirai en VO.
Le père d'Anne est terrible à juger constamment les gens sur leur physique, je trouvais cet aspect du texte très moderne. Encore aujourd'hui on juge un peu trop (même beaucoup !) sur le physique et sur la réussite sociale.
Quant au capitaine Wentworth, je l'ai trouvé attendrissant, à aucun moment je n'ai eu l'impression qu'il était imbu de lui-même, je le trouvais tellement calme et posé qu'il m'a été sympathique tout du long. Et...

Spoiler:

J'ai également beaucoup apprécié Mrs Smith.

Pour répondre à Emjy, j'ai lu O&P, Northanger Abbey et Emma. Emma, je l'ai lu début des années 2000 et il m'avait exaspérée. Une relecture est donc prévue ! Beaucoup aimé Northanger Abbey, mais lu en VO, et moi qui pourtant lis plus en anglais qu'en français, je me souviens avoir eu un peu de mal car l'anglais est vraiment soutenu. Donc une relecture est également prévue !

@Bookish love

Citation :

Anne est un personnage qui m'a énormément touchée. Il y a longtemps que j'ai lu O&P, mais je pense que j'ai préféré Anne à Lizzie car je l'ai trouvée plus posée, plus introvertie et plus patiente. Et il lui en a fallu de la patience avec sa sœur Mary !

Anne est un de mes personnages féminins préférés de Jane Austen, au même titre qu'Elizabeth Bennett.
Elle est très différente des autres personnages de l'auteur, car effectivement très en retrait et peu flamboyante, et elle n'en est que plus touchante.

Pour ton spoiler, tu n'es pas la seule

Contente de te voir charmée par ce roman, Bookish Love   

Anne est un merveilleux personnage en effet. Je trouve qu'elle du mérite d'être devenue la femme qu'elle est en ayant été élevée au sein d'une famille aussi odieuse. 

Tu vas voir des adaptations après ? J'aimerais beaucoup avoir ton avis sur le téléfilm de 2007 (d'un point de vue purement superficiel, le Wentworth y est particulièrement séduisant )

@Bookish love
Et moi je te recommande les deux adaptations, elles sont différentes mais sont toutes les deux très biens

Bien sûr, ça me donne envie de voir les adaptations. Et bien sûr, j'ai une liste longue comme ma PAL en attente de visionnage…

Voilà donc ma quatrième lecture de Jane Austen. J’ai le sentiment que le compte à rebours a commencé : plus que deux, déjà !

Ayant lu Persuasion juste après Pride and Prejudice, je dois dire que le contraste est assez flagrant. On est dans une atmosphère beaucoup plus mélancolique, une tonalité qui joue moins sur l’humour. Le regard habituel que Jane Austen pose sur ses intrigues, si délicieusement taquin, prend ici ombrage par la réalité qu’il dépeint.

Dès le départ, la prémisse a des accents un peu tristounets : Anne est négligée par ses proches, n’a plus réellement d’espoir de se marier un jour, n’attend en fin de compte plus grand-chose… On est très loin des aspirations des filles Bennet, par exemple, pour lesquelles tous les possibles sont encore envisageables, ou d’une Marianne ou une Elinor, qui regardent vers l’avenir avec des yeux grands ouverts. Et pourtant il y a une certaine qualité dans le renoncement d’Anne qui force l’admiration, un certain contentement paisible qui à mes yeux la rend plus enviable que par exemple ses sœurs : Elizabeth n’est jamais satisfaite de rien et Mary ne fait que se plaindre.

Mais cette tonalité au début du roman ne le rend pas complètement déprimant, loin de là ! Il n’est pas dénué de beauté, de moments forts en émotions et je dirais qu’il progresse en crescendo vers un bonheur qui se dessine de plus en plus nettement pour Anne. J’ai été tellement touchée, à de nombreuses reprises, notamment :

- Quand Anne revoit Wentworth pour la première fois depuis huit ans. Le moment passe vite, de manière presque anodine, mais l’émotion est palpable. Par un coup de plume magique comme Jane Austen sait si bien le faire, en esquissant quelques mots à peine, elle permet au lecteur de sentir toute l’ampleur de l’émois d’Anne à cet instant

- Quand Wentworth vient à la rescousse d’Anne quand un de ses neveux se cramponne à elle. C’est encore une fois un passage relativement banal, un geste anodin, et pourtant porteur de tellement de sens et la cause de tant d’émotions pour Anne (et sans doute pour Wentworth aussi)

- La scène du concert à Bath, quand Anne et Wentworth ont de plus longs échanges, et que tous deux réalisent à quel point ils apprécient la présence de l’autre. Ils ne font que se chercher, essayer de passer encore un petit moment ensemble… Et ces quelques petits échanges simples, dans lesquels Anne ressent pleinement que les sentiments de Wentworth demeurent inchangés, sont juste un pur émerveillement. Je pouvais sentir avec Anne comment elle devait flotter sur un petit nuage !

Et puis, je crois que je suis obligée de la mentionner : LA LETTRE. Ce doit être le mot qui est le plus repris quand on lit l’ensemble de vos avis ! Ahlala, cette lettre, elle en aura fait chavirer des cœurs ! Je crois que c’est en partie dû au profond soulagement, cette conclusion heureuse que l’on attend tous-tes pour Anne. Après le chagrin, l’absence totale de tout espoir, après les doutes et les questionnements, voici enfin la preuve écrite, par Wentworth lui-même, de la stabilité de ses sentiments et de sa fidélité. Que demander de plus ? Et puis l’idée qu’il a écrit ces mots en la présence même de celle qui fait battre son cœur, n’en pouvant plus de se taire… Ça donne d’autant plus la tête qui tourne !

Comme dans plusieurs autres de ses romans, Jane Austen illustre les dégâts, complications et autres quiproquos qui découlent de l’obligation à la retenue selon les convenances de l’époque et du milieu. Si on transposait cette histoire de nos jours, Wentworth n’aurait aucune difficulté à faire comprendre à Anne qu’elle l’intéresse toujours, ou en tout cas il communiquerait sans doute d’abord sa colère, son incompréhension, ils se disputeraient peut-être, pour encore mieux se réconcilier et tout irait pour le mieux. Au lieu de ça, ils sont tous les deux coincés dans un silence forcé, ne pouvant déduire les ressentis de l’autre qu’à travers des petits gestes infimes. Et d’une certaine façon, c’est ce qui donne toute sa richesse au roman : ces échanges et ces interactions qui soulèvent autant de questionnement qu’ils ne livrent de réponses. On est totalement impliqué-es avec Anne, on se demande avec elle quelle est la position de Wentworth, si une réconciliation est possible.

Et une fois de plus, j'ajoute un Jane Austen à ma liste de favoris ! Cette lecture, un peu mélancolique et pleine de douceur, teintée d'une humeur plus automnale (à plusieurs niveaux ) mais ponctuée d'instants lumineux, m'a d'abord gentiment prise par la main pour m'entraîner dans son univers avant de m'éblouir par tant de beauté et d'humanité

@LilyBart

Citation :

Et puis, je crois que je suis obligée de la mentionner : LA LETTRE. Ce doit être le mot qui est le plus repris quand on lit l’ensemble de vos avis ! Razz Ahlala, cette lettre, elle en aura fait chavirer des cœurs ! Je crois que c’est en partie dû au profond soulagement, cette conclusion heureuse que l’on attend tous-tes pour Anne. Après le chagrin, l’absence totale de tout espoir, après les doutes et les questionnements, voici enfin la preuve écrite, par Wentworth lui-même, de la stabilité de ses sentiments et de sa fidélité. Que demander de plus ? Et puis l’idée qu’il a écrit ces mots en la présence même de celle qui fait battre son cœur, n’en pouvant plus de se taire… Ça donne d’autant plus la tête qui tourne !

Cette lettre est tellement marquante qu'on ne peut pas passer à côté
Et tu as raison, c'est un soulagement de la lire, de se rendre compte que Wentworth partage les mêmes sentiments qu'Anne et qu'il s'est décidé à les dévoiler.

Citation :

Comme dans plusieurs autres de ses romans, Jane Austen illustre les dégâts, complications et autres quiproquos qui découlent de l’obligation à la retenue selon les convenances de l’époque et du milieu.

Le respect des conventions est effectivement très fort, on se rend compte que les gens ne peuvent pas se parler franchement, qu'ils manquent d'occasions pour le faire car ils sont rarement seuls. Anne est très souvent avec ses sœurs ou des voisins, Wentworth est avec ses amis, sa sœur et son beau-frère etc..
Les moments d'intimités pour se parler sont très rares.

Citation :

il y a une certaine qualité dans le renoncement d’Anne qui force l’admiration, un certain contentement paisible qui à mes yeux la rend plus enviable que par exemple ses sœurs

C'est ce qui fait la force d'Anne a mes yeux, elle n'est pas aigrie.
Elle pourrait l'être car elle est a renoncé à l'homme de sa vie sur les conseils de son amie, mais au contraire, même si elle a conscience qu'elle aurait du choisir une autre voix, elle n'est pas devenu méchante ou ne passe pas son temps à se plaindre comme sa soeur.

@ LilyBart : Et bien, quelle belle déclaration faite au roman ! Tu me donnes envie de le relire, je me rends compte qu'avec Mansfield Park, c'est celui que j'ai le moins relu alors qu'il fait partie de mes préférés.

Comme Diana, j'aime beaucoup ce que tu dis d'Anne. Elle pourrait regarder le monde qui l'entoure avec amertume mais finalement, elle reste bienveillante jusqu'au bout. Sa générosité et ses qualités de coeur forcent l'admiration, et font aussi que Wentworth continue de l'aimer toutes ces années.

Une question me vient forcément à l'esprit : s'agit-il de ton préféré ou mettrais-tu tous les romans de Jane Austen que tu as lus jusqu'ici à la même place ?

Et comptes-tu voir les 2 plus récentes adaptations ?

Emjy a écrit:

s'agit-il de ton préféré ou mettrais-tu tous les romans de Jane Austen que tu as lus jusqu'ici à la même place ?

Pour moi, ils se valent tous (pour le moment, mais j'ai confiance pour ceux qu'il me reste à lire ). Après, ils ont chacun leurs forces, et c'est chouette qu'elle ait écrit une œuvre qui propose un tel panel de ses talents, tout en étant tous bien marqués de sa patte personnelle. Par exemple, Pride and Prejudice et Emma sont géniaux au niveau de la comédie, mais Persuasion un peu moins, mais en revanche je lui attribuerais bien la palme en terme d'impact émotionnel.

Emjy a écrit:

Et comptes-tu voir les 2 plus récentes adaptations ?

Je ne suis pas certaine d'être très tentée par ces deux versions... Bizarrement, contrairement aux autres romans que j'ai déjà lus, je ne ressens pas vraiment l'envie de le voir en adaptation. J'ai trouvé que c'était un roman très introspectif, plus de l'intérieur si je peux dire, et du coup j'ai peu confiance en la réussite d'une transposition en film ou en série... Mais qui sait, peut-être que la curiosité aura raison de moi

Une nouvelle version collector sortira en semi-poche chez Archipoche le 17 février.

Très belle couverture

Le roman ressort le 20 avril au Livre de Poche (peut-être avec un visuel de l'adaptation Netflix ?)

Peut-être dans leur collection classique avec le bandeau blanc qu'on n'aime pas...

Shelbylee a écrit:

Peut-être dans leur collection classique avec le bandeau blanc qu'on n'aime pas...

Oui c'est ce que j'imagine aussi ...

Shelbylee a écrit:

Une nouvelle version collector sortira en semi-poche chez Archipoche le 17 février.

Apparemment la sortie de cette édition a été repoussée au 21 avril

Ce sera bien celles avec le bandeau blanc. Personnellement elles me plaisent beaucoup, j'aime bien leur sobriété et le côté classique mais j'ai l'impression que je suis la seule

Elle est très traditionnelle mais elle me plaît bien

C'est vraiment le bandeau blanc qui me gêne, je préfère les versions biblio, j'aime beaucoup leur choix de tableaux, mais je n'arrive pas à comprendre la différence entre les 2 et je ne suis pas sûre qu'eux non plus, j'en veux pour preuve que Le Tour d'écrou est publié en biblio et en classique

Une nouvelle édition de Persuasion sort le 5 octobre, chez Larousse cette fois :

Je ne savais pas que Larousse publié des romans et encore moins du Jane Austen ! Hâte de voir cette édition en vrai !

J'ai relu "Persuasion", que j'aime beaucoup, il y a quelques semaines avant de regarder le film avec Dakota Johnson. J'avais entre les mains la VO.
Comme Mansfield Park était assez frais dans ma mémoire, j'ai trouvé que le personnage d'Anne faisait un peu penser à celui de Fanny, dans le rapport qu'elle a avec les membres de sa famille pour qui elle a peu d'importance.
La ressemblance s'arrête là car Anne n'a pas à marcher sur des oeufs et se taire avec eux car elle fait quand même partie de la fratrie. Elle a d'avantage confiance en elle, et n'est pas aussi triste et repliée sur elle même que Fanny.
J'ai été un peu étonnée par la pirouette de Mme Smith qui commence par faire les louanges de W. Eliott pour ensuite annoncer la vérité sur son compte.
J'ai trouvé cela un peu manipulateur de la part d'une "amie" et je n'ai pas trop compris cet enchainement.

J'ai regardé il y a quelques jours cette video de la Booktubeuse Miranda Mills qui consacre son "Comfort book club" d'octobre à "Persuasion", alors je partage: