Adieu Alexandrie de André Aciman

Je viens de terminer la lecture de Out of Egypt/ Adieu Alexandrie de André Aciman, soit le récit non chronologique de sa famille en Egypte avec l'expulsion des Juifs par Nasser en 1956, rendant l'auteur apatride.

Citation :

Ces mémoires hauts en couleur retracent les exploits d'une famille juive extravagante, de son arrivée triomphante dans Alexandrie la cosmopolite à son exode piteux trois générations plus tard. Dans une prose élégante et pleine d'esprit, André Aciman nous présente les formidables excentriques qui ont marqué sa vie : l'oncle Vili, fanfaron casse-cou, soldat, marchand, espion ; les deux grands-mères, la Princesse et la Sainte, qui cancanent en six langues ; la tante Flora, réfugiée allemande qui l'avertit que les Juifs perdent tout « au moins deux fois dans leur vie ». À travers toutes ces histoires, nous faisons la connaissance d'un jeune garçon qui, bien qu'aspirant à un monde plus vaste, refuse de sortir d'Égypte à tout jamais.

La force de ce récit, c'est qu'André Aciman passe d'un membre de sa famille à un autre, sans chronologie, sauf la dernier tiers où on ressent, comme lui, le compte à rebours qui va mener à l'expulsion de lui-même et du reste de sa famille restée en Egypte après 1956.
Il y a donc l'oncle Vili, espion à ses heures qui finira joyeusement sa vie en Angleterre, les deux grand-mères de l'auteur qui ont commencé leur amitié avant que leurs enfants respectifs se marient et qui parlent entre elle le "ladino" (une langue historiquement parlée par les Séfarades de la péninsule Ibérique et de l'Empire ottoman.), ses tantes, oncles, arrière-grands mère et également les domestiques.

Tout le monde parle dans un mélange de français, d'anglais et d'italien, sans, et certains en sont fiers, n'avoir jamais appris plus de 10 mots d'arabe
La passion d'André Aciman pour l'apprentissage des langues (l'italien et le grec) est touchante.

Outre la relation assez complexe entre ses deux grand-mères qui n'ont pas forcément le même style de vie ni la même origine, on fait aussi connaissance des parents d'André Aciman, soit son père chef d'entreprise qui restera jusqu'au bout en Egypte avant de se faire expulser et sa mère, sourde, dont il est très proche (mais dont il a un peu honte devant ses camarades de classes car elle parle très fort)
Le père d'André Aciman ne sort clairement pas grandi du livre, notamment à cause de son insistance, après 1956, à mettre son fils dans un lycée britannique où le chatiment corporel est fréquent    et où les livres d'écoles (comme les professeurs) sont férocement anti-anglais, anti-français et anti-sémites.

Sans chronologie spécifique, André Aciman parle de sa vie de famille, de l'Egypte qu'il aime énormément avant que Nasser ne prenne sa décision et de l'impact de l'expulsion d'Egypte dans sa famille, puisqu'une très grande partie y était née.