Marie, Lizzie, lumières d'amour selon Dante Gabriel Rossetti de Marika Doux

Ce roman sort le 5 octobre chez Les Ateliers Henry Dougier dans la collection "Le roman d'un chef d'oeuvre"

Citation :

Réfugié à Kelmscott Manor en 1874, Dante Gabriel Rossetti se souvient des débuts du mouvement préraphaélite et des modèles qui ont posé pour lui, parmi lesquels la belle et rebelle Elizabeth Siddal, muse, poète et artiste qui hante ses nuits. De Marie de L'Annonciation à Lizzie de Beata Beatrix, il visite l'énigme de leur destin.

Une fiction sur les préraphaélites, écrite en français, c'est rare !

J'adore cette collection, ce sont de petits romans vraiment très bien écrits et passionnants à lire pour en apprendre plus sur l'histoire d'un tableau. Généralement, l'auteur se met dans la peau de l'artiste et raconte la genèse du tableau, mais d'autres ont une approche plus contemporaine (Le Mystère Simonetta sur la Vénus de Botticelli a quasiment des allures de roman-enquête sur tous les tableaux de Botticelli où Simonetta Vespucci apparaît).

Celui-ci m'intéresse grandement, Rossetti est un de mes peintres préférés ! Et comme tu le dis Emjy, un roman en français sur les préraphaélites, c'est tellement rare que c'est à ne pas rater !

Et tu as déjà lu d'autres titres de Marika Doux ?

Je proposerais bien une LC de ce roman

Emjy a écrit:

Et tu as déjà lu d'autres titres de Marika Doux ?

Je proposerais bien une LC de ce roman

Pas dans cette collection mais chez Henry Dougier il y a aussi la collection "Autobiographie d'un mythe" que j'aime beaucoup (là c'est un auteur qui se met dans la peau d'une figure de la mythologie grecque ou de la Bible et qui raconte son histoire, le tout agrémenté de reproductions de tableaux de différents courants et époques sur ce sujet) et j'ai lu Moi, Vénus écrit par Marika Doux, qui était très sympa : elle imagine la déesse vénus de nos jours qui raconte sa vie pour expliquer pourquoi elle est encore si connue aujourd'hui et comment sa place  a évolué au fil des siècles.

Je suis volontiers partante pour une LC de ce roman !

Je pense que je le lirai aussi, mais je les trouve super court, c'est dommage.

Bon, pas eu le temps de proposer une LC mais j'ai lu ce texte il y a quelques jours et je l'ai beaucoup aimé 

La littérature autour du courant artistique préraphaélite en français se réduit à un tout petit nombre de titres. Et pourtant, il y a de quoi dire ou plutôt écrire... Lorsque j'ai appris qu'un ouvrage consacré à Dante Gabriel Rossetti et à Elizabeth Siddal allait être publié dans la collection "Le roman d'un chef d'oeuvre " des Ateliers Henry Dougier, j'ai toute de suite été très tentée de le découvrir. 

Ce court roman dans lequel le peintre Rossetti prend la parole pour s'adresser à la femme qu'il a aimée et peint mêle adroitement narration historique et récit romanesque.
Le lecteur est plongé dans l'évocation du passé d'un artiste, profondément nostalgique, réfugié à Kelmscott Manor dans un état proche de la dépression.
Grâce à une écriture intense, presque onirique, et qui épouse à merveille l'aura mystérieuse des préraphaélites, Marika Doux redonne vie avec talent aux débuts de ce mouvement artistique anglais. Et à travers lui, à la relation si emblématique et passionnelle qui a uni Rossetti à sa défunte épouse et modèle Elizabeth Siddal. Toute à la fois muse, poète et artiste, elle y apparaît plus vivante que jamais. Cette figure, belle et rebelle, vient hanter les nuits de l'artiste qui en vient alors à revisiter ses tableaux. Rossetti est plongé dans une sorte de crise mystique et exhume peu à peu les souvenirs chers et douloureux qui le rattachent à la femme qui l'a le plus inspirée. La jeune femme, héroïne tragique et romantique, connut une existence tourmentée tandis que Rossetti n'eut de cesse, jusqu'à sa mort, de poursuivre un idéal de beauté féminine qu'elle a sans doute le mieux réussi à incarner (jusqu'à en perdre la vie).
Ce court récit, aux allures de chant d'amour, est ponctué de belles références médiévales et littéraires (notamment à Dante Alighieri).

Un beau et court roman qui met en scène de façon très inspirée et émouvante la mythologie préraphaélite. 


Très envie de lire d'autres livres sur ce mouvement maintenant. Ca tombe bien, j'en ai plusieurs dans ma PAL !

Je joins mon avis élogieux à celui d'Emjy car j'ai adoré ce roman

Marie, Lizzie, lumières d'amour se caractérise tout d'abord (et c'est ce qui fait l'un de ses gros atouts) par la poésie de son écriture : Marika Doux emploie un langage empreint de douceur, de passion amoureuse et de références à la littérature médiévale (essentiellement Dante Alighieri) pour raconter l'histoire d'un des couples les plus célèbres du mouvement préraphaélite. Cela rend cette lecture vraiment très agréable, on se délecte des mots et des phrases de l'autrice et cela colore cette histoire d'une note très "préraphaélite" et mélancolique.
D'autre part, ce roman nous fait (re)découvrir l'histoire du couple Rossetti / Siddal à travers deux tableaux du peintre anglais, L'Annonciation et Beata Beatrix. Si je connaissais bien le second, ce n'était pas vraiment le cas du premier donc j'ai beaucoup aimé en apprendre plus sur cette oeuvre, sa création et les secrets qu'elle renferme. On découvre aussi au fil de la vie de ces tableaux le mouvement préraphaélite et ses principaux contributeurs (Morris, Hunt, Millais, Burne-Jones...), c'est très appréciable car on sent que l'autrice s'est documenté pour écrire ce roman et cela donne envie d'en apprendre plus sur ce courant artistique et ses membres. Concernant la relation entre Dante Gabriel Rossetti et Elizabeth Siddal, là aussi on sent que le propos est documenté mais en même temps l'histoire est romancée juste ce qu'il faut : j'ai aimé la manière dont Marika Doux présente le couple, comme des Dante et Béatrice anglais, vivant une relation passionnelle et idéalisée mais néanmoins compliquée, où la communion d'idées et l'énergie créatrice côtoie une certaine rivalité artistique et amoureuse avant de s'achever dans les ténèbres du laudanum.

Je conseille vraiment ce roman à qui veut découvrir Rossetti et les préraphaélites mais aussi à ceux qui (comme moi) apprécient ce mouvement et cet artiste.