Perspective(s) de Laurent Binet

Citation :

Florence, 1557. Le peintre Pontormo est retrouvé assassiné au pied des fresques auxquelles il travaillait depuis onze ans. Un tableau a été maquillé. Un crime de lèse-majesté a été commis. Vasari, l’homme à tout faire du duc de Florence, est chargé de l’enquête. Pour l’assister à distance, il se tourne vers le vieux Michel-Ange exilé à Rome.
La situation exige discrétion, loyauté, sensibilité artistique et sens politique. L’Europe est une poudrière. Cosimo de Médicis doit faire face aux convoitises de sa cousine Catherine, reine de France, alliée à son vieil ennemi, le républicain Piero Strozzi. Les couvents de la ville pullulent de nostalgiques de Savonarole tandis qu'à Rome, le pape condamne les nudités de le chapelle Sixtine.
Perspective(s) est un polar historique épistolaire. Du broyeur de couleurs à la reine de France en passant par les meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, chacun des correspondants joue sa carte. Tout le monde est suspect.

Le livre est sorti aujourd'hui et il est très tentant.

Très tentant en effet ! La forme épistolaire m'intrigue beaucoup !

Je suis ultra tentée aussi : je résiste rarement à un livre historique qui se déroule en Italie pendant la Renaissance et j'ai adoré les deux précédents romans historiques de Laurent Binet (HHhH et Civilizations).

De mon côté je vais essayer de l'emprunter, Civilizations m'était tombé des mains, sinon Oui c'est l'un des romans qui m'attire le plus de part sa thématique.

J'ai travaillé sur Pontormo pour ma maîtrise, je crois que l'achat de ce roman est quasiment une obligation pour moi !

Titine75 a écrit:

J'ai travaillé sur Pontormo pour ma maîtrise, je crois que l'achat de ce roman est quasiment une obligation pour moi !

Absolument J'attends ton retour avec impatience !

Emjy a écrit:

Titine75 a écrit:

J'ai travaillé sur Pontormo pour ma maîtrise, je crois que l'achat de ce roman est quasiment une obligation pour moi !

Absolument  J'attends ton retour avec impatience !

Pareil !

Ah effectivement, il est pour toi Titine

Je l'ai vu hier en rayon et j'ai hésité à le prendre car le sujet me tente beaucoup. Je vais le faire acheter à ma bibliothèque je crois

J'ai profité que Laurent Binet était au salon littéraire de ma ville le week-end dernier (j'ai pu lui parler rapidement car il y avait du monde, il a été très sympa ) pour lire ce roman et sans grande surprise, j'ai adoré


L'intrigue est très érudite et nous propose une plongée fascinante dans la Florence du milieu du XVIe siècle, entre tractations politiques et émulation artistique mais toujours avec le spectre de l'intolérance religieuse en arrière-plan (on invoque souvent l'ombre de Savonarole dans les lettres qui composent ce roman). On croise par ailleurs du beau monde entre Giorgio Vasari, Catherine de Médicis, Michel-Ange ou encore Benvenuto Cellini. Moi qui adore cette période, j'ai été ravie et captivée par cette histoire mais si ce n'est pas votre cas, n'ayez crainte ! Il y a une très utile liste des personnages en début d'ouvrage

La forme épistolaire est un excellent choix pour raconter cette intrigue mi-policière, mi-espionnage, mi-artistique : le roman se lit très bien, on a l'impression de faire partie de cette histoire (voire de mener soi-même l'enquête) mais surtout on se régale de l'humour de cette histoire. J'ai en effet trouvé très drôle de voir comment plusieurs personnages racontent successivement leur version d'une même histoire (chacun l'arrangeant à son profit bien sûr) mais aussi le cynisme voire l'hypocrisie d'autres dans leur manière de sympathiser ou de compatir avec un correspondant pour le trahir dans la lettre suivante (Catherine de Médicis apparaît comme la championne à ce jeu-là d'ailleurs). Il y a par ailleurs des rebondissements assez savoureux dans Perspective(s), sans parler du ton employé dans certaines lettres (très XVIe siècle donc parfait pour l'immersion, mais aussi avec un savoureux décalage entre la langue soutenue et le comique des situations évoquées). J'ai même eu la surprise d'y découvrir au détour d'une lettre une référence au jeu vidéo Assassins Creed, qui une fois passé la stupeur (je ne m'attendais pas du tout à ce genre de référence dans un roman de la rentrée littéraire ) m'a fait mourir de rire !

Le roman livre enfin une très intéressante réflexion sur l'art et ses chefs-d'œuvre, à travers la figure du vieux sage qu'est Michel-Ange, que tout le monde s'arrache (pour les puissants) ou souhaite égaler ou copier (pour les artistes). Mais aussi sur le fait que des œuvres qui nous paraissent aujourd'hui incontournables et inoubliables pour l'histoire de l'art (la chapelle Sixtine notamment) ont à leur époque fait l'objet de débats mouvementés et auraient pu disparaître.

Bref, si vous aimez les romans policiers épistolaires autour de l'art (et qui se passent à Florence), Perspective(s) est fait pour vous Je ressors pour ma part avec une furieuse envie de lire d'autres romans sur Pontormo et les autres artistes croisés ici mais aussi sur les Médicis et sur l'histoire de Florence à cette époque !