Ce documentaire est parfois visible sur OCS (pas en ce moment) et est disponible dans le coffret Screwball Comedy des Editions Montparnasse.
Il est réalisé par Clara et Julia Kuperberg qui réalisent de très nombreux et merveilleux documentaires sur le cinéma de l'âge d'or.
Il y a 3 intervenants principaux, spécialistes de l'histoire du cinéma : Joseph McBride, Molly Haskell et Vivian Sobchack.
Le genre de la screwball comedy correspond à des films tournés entre 1934 et la Seconde Guerre mondiale.
Le terme de screwball vient du baseball. Il s'agit d'une balle qui a une trajectoire qui semble ratée, puis prend une direction inattendue pour au final arriver à l'endroit désiré.
J'ai toujours entendu que New-York - Miami de Capra serait la première, mais ils évoquent ici Train de luxe d'Howard Hawks avec Carole Lombard (sorti aussi en 1934) que je n'ai pas vu.
Plusieurs caractéristiques sont évoquées pour définir le genre.
- Les films reposent sur des dialogues extrêmement rapides, des scènes avec de la comédie physique (chutes, coups, acrobaties...), des situations parfois loufoques et des personnages assez excentriques.
- Elles reposent sur une opposition entre un homme et une femme qui sont souvent le contraire de l'autre. Ce ne sont pas des comédies sentimentales, elles reposent sur une opposition parfois une lutte, ce qui fait qu'il y a même une difficulté à croire au Happily ever after (je crois que c'est Joseph McBride qui dit que souvent on se demande comment ils vont faire pour être mariés sans s'entre-tuer
ce qui est très vrai)
- Le rôle de la femme est très important. Il y a une remise du modèle traditionnel du mariage et de la vie domestique. Il n'y a pas d'enfants. Les femmes ont souvent des métiers traditionnellement réservés aux hommes (caractéristique de la femme hawksienne, qui n'est jamais femme au foyer). Elles ont très peu souvent de mères, mais seulement un père auquel elles s'identifient notamment par rapport à leurs métiers. Si la mère est montrée, elle représente le rôle domestique traditionnel avec lequel la fille entre en opposition.
- L'homme est mis en position d'être manipulé, notamment pour le faire tomber amoureux. Il est parfois vu comme émasculé, travesti, mais l'un des intervenants disait justement que Cary Grant même avec des habits de femme gardait toute sa masculinité.
- Il y a souvent une opposition sociale entre les deux protagonistes. L'un d'eux vit souvent dans une grande maison notamment dans les premières du genre, ce qui faisait rêver les spectateurs qui subissaient les effets de la Grande Dépression.
- Il faut des actrices avec une personnalité affirmée, un sens de la comédie physique et un côté assez atypique : Katharine Hepburn, Carole Lombard ou bien Barbara Stanwyck
De nombreux exemples sont cités (Train de luxe, New-York-Miami, My Man Godfrey, La joyeuse suicidée, Uniformes et jupon court, The lady Eve...) ainsi que de nombreux réalisateurs : Lubitsch, Capra, Sturges, McCarey, Hawks...
C'est vraiment un documentaire très intéressant que je reverrai avec plaisir parce que je suis sûre que je n'ai pas eu le temps de tout noter.