Un dimanche à la campagne, de Bertrand Tavernier

Hier soir, sur Arte, j'ai regardé (pour la première fois) Un dimanche à la campagne, de Bertrand Tavernier, avec Louis Ducreux, Sabine Azéma et Michel Aumont. Le film date de 1984. J'ai été embarquée peu à peu dans ce récit et  j'ai été très touchée par l'histoire de ce vieux peintre. Les relations familiales et le temps qui passent sont évoquées avec beaucoup de justesse. Est-ce que certain(e)s d'entre vous l'ont vu également ?

@ Miss Artemis Holmes : Je me suis permise d'ouvrir un topic à Un dimanche à la campagne à partir de ton message. C'est un film que j'aime beaucoup . Malheureusement, j'en garde un souvenir trop flou pour en parler de manière précise et je n'ai pas pris le temps de le revoir hier soir. Snif 
J'essaierai de réparer cela prochainement et je reviendrai poster dans ce topic ! Je garde toutefois le souvenir d'un très joli film qui ressuscite la Belle Époque. On se croirait presque dans un tableau de Renoir.  

J'en profite pour poster l'affiche et le synopsis du film, pour les éventuels curieux :

Citation :

Un dimanche de la fin d'été 1912.
Mr Ladmiral est un peintre sans réel génie, au crépuscule de sa vie. Depuis la mort de sa femme, il vit seul avec Mercédès, sa domestique. Comme tous les dimanches, il accueille Gonzague, son fils, un garçon rangé, épris d'ordre et de bienséance, accompagné de son épouse, Marie-Thérèse, et de leurs trois enfants, Émile, Lucien et Mireille. Ce jour-là, Irène, la sœur de Gonzague, jeune femme qui se libère en ce début de XXe siècle, personne énergique et anticonformiste, vient bousculer ce paisible rituel, remettant en question les choix artistiques de son père.

Merci pour l'ouverture du topic, Emjy !   J'en profite pour en parler un peu plus alors.

Emjy a écrit:

On se croirait presque dans un tableau de Renoir.  

Oui, absolument. La scène de la guinguette (entre autres) m'y a d'ailleurs fait penser...



C'est un film qui invite à prendre le temps, à retrouver le rythme de vie d'il y a plus d'un siècle maintenant. Bien sûr, il est assez lent, mais il apporte aussi une réflexion sur notre propre quotidien (le film date de 1984, et le questionnement sur le rythme de vie est encore plus valable aujourd'hui).

De plus, par le sujet traité - un déjeuner familial le dimanche dans la maison du grand-père -, c'est notre propre rapport à la famille qui résonne. Le film ne prend pas partie et on se met tour à tour dans la peau de chacun des personnages. Du côté du grand-père (Louis Ducreux, que j'ai trouvé incroyable), veuf, vieux peintre au style classique, dans sa belle maison à la campagne, c’est la peur de se retrouver seul, le plaisir d’avoir sa famille qui vient égayer son quotidien, mais aussi les petites contrariétés qui y sont liées (car on n’est pas dans un monde idéalisé, et les qualités comme les défauts des uns et des autres sont là, de manière réaliste). Le film évoque aussi les relations au sein de la fratrie, soit entre les (petits-)enfants, soit entre les adultes : Irène (Sabine Azema, un tourbillon de fraîcheur et d’énergie), qui se veut libre, qui vient rarement aux déjeuners dominicaux, mais dont la présence manque à son père et Gonzague, beaucoup plus classique, mais présent.

Il n’y a pas de jugement, ce sont les relations et les comportements qui sont mis en lumière. Les personnages sont décrits avec beaucoup de justesse, mais avec toute leur complexité, ce qui laisse toute latitude au spectateur de s'interroger, de choisir de sentir plus ou moins proche de l'un ou de l'autre, mais aussi de faire le parallèle avec son parcours et sa famille.

C’est aussi une réflexion sur la vieillesse, le temps passé, sur les différences de générations/les rapports entre générations, sur les choix de vie...

J'espère que d'autres auront l'occasion de le voir (ou le revoir - Emjy, je serais ravie d'en discuter avec toi) et que nous pourrons alors en parler ensemble, car il y a encore beaucoup à en dire (la représentation de l'époque, la dimension artistique, les costumes, etc.)...  

Bref, je l'ai vraiment beaucoup aimé

Merci pour ton avis qui donne très envie. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de le voir bientôt mais je le note.

N'hésite pas à ouvrir un topic, surtout vu la façon dont tu nous donnes envie avec tes coups de coeur

J'essaierai de trouver un moyen de revoir ce film bientôt pour partager mes impressions. Ce que tu écris, Miss Artemis, me rappelle vraiment de beaux souvenir de cinéma.

Je crois que le film est adapté d'un roman mais je ne l'ai jamais lu.

Shelbylee a écrit:

Merci pour ton avis qui donne très envie. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de le voir bientôt mais je le note.
N'hésite pas à ouvrir un topic, surtout vu la façon dont tu nous donnes envie avec tes coups de coeur

Emjy a écrit:

Je crois que le film est adapté d'un roman mais je ne l'ai jamais lu.

Oh, je ne savais pas, mais tu as tout à fait raison ! Il s'agit de Monsieur Ladmiral va bientôt mourir de Pierre Bost (1901-1975) et qui a été publié en 1945. Wikipedia me dit que l'auteur était aussi scénariste, en collaboration avec Jean Aurenche (Le Diable au corps, La Traversée de Paris et plus tard deux films de Tavernier, L'Horloger de Saint-Paul et Le Juge et l'Assassin).

Gallimard.fr a écrit:

« Quand il avait quitté Paris, dix ans plus tôt, pour venir habiter à Saint-Ange-des-Bois, Monsieur Ladmiral avait fait savoir, pour vanter la maison qu'il achetait, qu'elle était à huit minutes de la gare. C'était presque vrai à cette époque. Par la suite, et à mesure que Monsieur Ladmiral vieillissait, la maison avait été à dix minutes, puis à un bon quart d'heure de la gare. Monsieur Ladmiral n'avait constaté ce phénomène que très lentement, n'avait jamais su l'expliquer et, pour mieux dire, ne l'avait jamais admis. Il était entendu qu'il habitait toujours à huit minutes de la gare, ce qui n'était pas fait pour simplifier la vie ; il fallait jouer avec les pendules, faire de faux calculs, prétendre que l'horloge de la gare avançait, ou que l'heure du train avait été changée sournoisement ; Monsieur Ladmiral, dans le temps où il allait encore à Paris, avait même manqué des trains, héroïquement, pour qu'il ne fût pas dit qu'il habitait à plus de huit minutes de la gare. »
Monsieur Ladmiral va mourir, et par petites touches, Pierre Bost livre un récit intimiste et pur, qui exhale tout au long de ses pages une fraîcheur presque douloureuse à force de tendresse implicite, d'extrême bonheur, mais également de résignation aux décrets irrévocables de la mort.

A lire le résumé, il semble que le scénario soit assez fidèle...

Réédité dans la collection L'imaginaire en plus ! C'est sûrement très bien, je le note ! Merci pour ces précisions 

Il est disponible jusqu'au 8 juillet sur Ciné + donc je vais pouvoir le regarder.