Souvenirs de la marée basse de Chantal Thomas

Le dernier roman de Chantal Thomas, sorti en cette rentrée littéraire, a été un coup de coeur

Citation :

Nager. Nager pour fuir les contraintes, pour échapper aux vies imposées, aux destins réduits. Nager pour inventer sa sensualité, préserver sa fantaisie. C'est ce qu'a sans doute ressenti Jackie toute sa vie, commencée en 1919 et menée selon une liberté secrète, obstinée, qui la faisait, dans un âge bien avancé, parcourir des kilomètres pour aller se baigner sur sa plage préférée, à Villefranche-sur-Mer. Entre-temps, elle s'était mariée, avait quitté Lyon pour Arcachon, puis, devenue jeune veuve, avait échangé le cap Ferret contre le cap Ferrat, avec sa mer plus chaude, son grand été.
Qu'a-t-elle légué à sa fille Chantal ? Quelque chose d'indomptable, ou de discrètement insoumis, et cette intuition que la nage, cette pratique qui ne laisse aucune trace, est l'occasion d'une insaisissable liberté, comme lorsque jeune fille, au début des années 30, Jackie avait, en toute désinvolture, enchaîné quelques longueurs dans le Grand Canal du château de Versailles sous l'oeil ahuri des jardiniers.

Ce roman met en scène un flux émotionnel et sensuel, porté par les souvenirs d’enfance de Chantal Thomas, dans les années 50. L’auteur n’a pas voulu écrire un roman psychologique mais un récit gracieux, fait de sentiments et de sensations physiques et charnelles. Composé de chapitres courts, il nous révèle petit à petit, telle la marée qui dévoile peu à peu la plage, les impressions fugitives, fugaces ou éternelles qu’elle a connues sur les rivages de sa jeunesse (Arcachon essentiellement mais aussi sur la Côte d’Azur), auprès d’une mère affectueuse mais évanescente, obstinée et mystérieuse. L’auteur évoque aussi, avec la même délicatesse, une amitié qui a beaucoup compté pour elle, et qui l’a défini, elle et et son œuvre. Une amitié fugace mais importante avec une petite compagne de jeu, sur la plage, avec laquelle elle a construit un puissant imaginaire.
Souvenirs de  la marée basse est une oeuvre pudique et intime, un roman sensible, à la beauté intense et fragile que j’ai pris un immense plaisir à lire. A travers ses pages et l’écriture sobre et ciselée de son auteur, on a l’impression de sentir les « parfums mêlés d'iode et de varech, de résine et d'aiguilles de pins » et de ressentir, par procuration, le goût de s'abandonner avec volupté à la douceur des flots et au plaisir de la nage. Un ravissement


PS : Je crois que je vais profiter de la sortie de ce livre pour ouvrir un sous-forum à l'auteur

Il fait partie des romans de la Rentrée Littéraire qui me tentent beaucoup.
Ton avis confirme cette impression.

Merci Emjy

Pour moi c'est le livre parfait, 
Je le relirai souvent, je n'ai d'ailleurs pas ete étonnée de sa qualité littéraire.

Mon avis sera purement  subjectif et personnel, déjà je nage souvent et la justesse avec laquelle elle évoque ce plaisir de nager en mer est jubilatoire, pour la nageuse que je suis 
A la fois en terme de sensatîons comme  l'évoque si joliement Emjy , mais aussi en terme de technicité et d'apprentissage. On sent à quel point la passion de la natation pour la mère Jackie etait une source pour la fille de se rapprocher de la mère. 


C'est aussi un grand roman sur la relation mère fille, et ses zones ombres, le personnage de Jackie m'a beaucoup émue et nul doute que j'aimerai m'egarer sur les plages de villefranche sur mer.

Après avoir lu l'avis d'Emjy et entendu Chantal Thomas ce week-end, j'ai vraiment envie de découvrir son nouveau roman. J'apprécie beaucoup la délicatesse de sa plume.