Ce film raconte (de façon un tantinet romancée) la vie de George Sand de sa rencontre avec Chopin jusqu'au début de leur liaison et leur voyage à Majorque en 1838, couvrant ainsi une période de deux ans environ.
Que de beau monde dans ce film ! (J'hésite à parler de biopic, ils reconnaissent eux-même que plusieurs personnages ayant réellement existé ont été modifiés pour les besoins de l'intrigue...) Judy Davis en George Sand, Hugh Grant en Chopin,
Inigo Montoya Mandy Patinkin en Musset, Julian Sands (vous savez, George Emerson dans
A room with a view ?) en Liszt, Emma Thompson dans le rôle de la duchesse D'Antan, et ainsi de suite...
Malheureusement, la qualité du résultat n'est pas vraiment à la hauteur de ce que le casting laisserait présager.
Tout d'abord, première surprise puisqu'on m'avait présenté ce film comme relatant la rencontre de George Sand et de Chopin et sa tentative à elle de le conquérir : Chopin est à peine présent pendant la première moitié du film, qui s'avère nettement plus centré sur George Sand.
Seconde surprise : le ton globalement plutôt comique du film, que je n'avais pas du tout anticipé ! Mention spéciale au personnage d'Emma Thompson, hilarante en duchesse snob qui veut tenir salon.
Le principal défaut du film d'après moi, c'est que les personnages secondaires sont à peine caractérisés : quelle déception d'avoir Delacroix si c'est pour le voir faire tapisserie pendant la majorité de ses scènes ! Même Mandy Patinkin (qu'au passage je n'aurais jamais pensé à caster en Musset... la ressemblance physique n'est pas franchement frappante), pourtant excellent, est complètement sous employé.
Judy Davis fait preuve de beaucoup d'énergie et est plutôt bonne en George Sand, mais Hugh Grant (qui est quand même, je le rappelle, la raison pour laquelle j'ai regardé le film !)... Hélas, Hugh... Déjà, je pense que le désastre capillaire de sa coiffure n'est pas loin d'égaler celui d'Evan McGregor dans Emma (je penchais d'abord pour une perruque mais pauvre Flopsy, ce sont peut-être ses vrais cheveux ?). Mais surtout, ce qu'on lui donne à jouer est d'une fadeur ! On comprend qu'il est moralement plus droit, probablement capable de plus de compassion également, que les autres artistes qui l'entourent, mais il est tellement moralisateur et coincé que ce qui devrait nous le rendre sympathique nous agace. Remarquez, voir Hugh Grant en pucelle effarouchée vaut le détour, en un sens ! Mais en dehors des moments où il est choqué, il est plutôt raide et expressif comme un poisson mort. Comme je le mentionnais ailleurs, les deux caractéristiques de son jeu sont l'accent slave abominable qu'il se sent tenu d'adopter et la toux récurrente qui le secoue à intervalles réguliers, surtout quand une femme trop audacieuse tente de le séduire, le pauvre chou. (On est loin de Daniel Cleaver, c'est sûr...)
L'autre personnage qui souffre le plus d'une simplification à outrance, c'est la pauvre Marie d'Agoult, la compagne de Liszt à ce moment là et celle qui sera la mère de ses trois enfants. Je suis loin d'être spécialiste de sa vie mais je ne peux pas croire qu'elle était la mégère jalouse, égoïste et cruelle qui est dépeinte ici. Elle est tellement unilatéralement méchante qu'on est tenté d'expliquer ses actes de la même façon que les hommes bouteilles de publicités Orangina : "Mais pourquoi est-il si méchant ? Parceeeee queeeeee !!!"
Ce qui explique sans doute pourquoi, pendant la première moitié du film, la vedette était à mes yeux sans mal volée par Emma Thompson, qui comme je l'ai déjà dit livre ici une performance comique de haute volée.
Ces détails (hélas non négligeables) mis à part, le film se laisse bien regarder... Je dirai qu'il faut le prendre comme une curiosité, par laquelle vous pouvez vous laisser tenter sur Netflix ou si on vous propose de vous le prêter, mais qui ne mérite probablement pas l'achat du DVD. Cependant, mon avis n'engage que moi car il a l'air d'avoir plu à pas mal de monde, il est même remarquablement bien noté sur Imdb. J'ai donc hâte de savoir si je suis une fois de plus la rabat-joie de service et de découvrir ce qu'en a pensé Satine, qui avait prévu de le regarder aussi, si je ne m'abuse ?