Ce film, présenté lors de Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, en 2014, est la suite du film
Hope & Glory, sorti en 1987 et nominé aux Oscars. Je n’ai pas encore eu l’occasion de le voir mais cela ne m’a pas empêchée d’apprécier celui-ci.
Dans
Queen & Country, nous suivons le parcours de Bill (Callum Turner), l’alter-ego de John Boorman, le réalisateur, 10 ans après les évènements relatés dans
Hope & Glory, alors qu’il est engagé dans un camp d’entraînement pour la guerre de Corée. Nous sommes alors en 1952.
Bill habite avec sa famille sur une île de la Tamise. C’est un jeune homme un brin romantique et désabusé. Il a 18 ans lorsqu’il est appelé à rejoindre les rangs de l’armée. Il n’a aucune conviction particulière mais doit effectuer 2 années de service militaire en tant qu’instructeur dans ce camp. Il y fait la connaissance de Percy, un farceur et un bout en train rebelle et sans principes, dont la personnalité semble être aux antipodes de celle plus réservée mais non moins passionnée de Bill.
Les conditions de vie dans ce camp d’entraînement sont extrêmement dures, il faut savoir composer avec le psychorigide sergent Bradley (formidable David Thewlis) et les autres officiers aux personnalités souvent inénarrables (on retrouve quelques « gueules » du cinéma britanniques telles que, pour ne citer qu’un exemple, Richard E. Grant).
Il faut préparer les jeunes recrues à partir en Corée. Mais la guerre n’est pas la seule à briser la vie des recrues, la vie en camp militaire, faite d’humiliation, d’enfermement et de discipline peut très bien s’en charger aussi. Heureusement, les 2 jeunes hommes (surtout Percy) ont plus d’un tour dans leur sac pour comploter et ainsi faire tomber de son piédestal leur bourreau.
Lors de trop rares sorties, ils font la connaissance et tombent amoureux de jeunes femmes rencontrées au cinéma. Alors que la pétulante Sophie (Aimee-Ffion Edwards, Esme dans
Peaky Blinders) n’a d’yeux que pour Bill, celui-ci est envouté par la mystérieuse Ophélie, sorte de figure Hitchcockienne irrésistible et insaisissable (Tamsin Egerton).
Queen & Country dresse le portrait d’une Angleterre en évolution (on y assiste, notamment, au couronnement de la Reine Elizabeth), dans laquelle la jeune génération (incarnée par nos 2 héros) essaie tant bien que mal de s’affirmer face à l’autorité de vieux briscards. C’est un film historique mais aussi un récit d’apprentissage cynique et mélancolique
John Boorman met en scène son histoire avec un ton léger pour mieux affronter la violence du réel. Le résultat a un petit goût suranné un peu étrange mais charmant, qui marque notamment par sa palette de registres contrastés. Il l’a réalisé à l’âge de 81 ans mais revient sur ses 18 ans avec une jeunesse, une fraîcheur et une insolence qui pourraient faire rougir bien de jeunes metteurs en scène.