La relieuse du gué -Anne Delaflotte-Mehdevi

"Un matin, un homme, mystérieux et massif, frappe à la porte de l'atelier du gué. Il vient confier pour rénovation un livre ancien, une curiosité, relié à l'allemande. Dans une ruelle de Dordogne qui fleure bon les mots de Cyrano, la jeune relieuse tombe sous le charme du livre. Et du messager qui lui a porté." (source amazon)
Extrait du prologue

"Au matin, les bourrasques qui s'engouffraient dans la ruelle me réveillèrent. Toute la nuit, le vent avait soufflé à la limite de la tempête. J'ouvris les volets et me penchai pardessus le garde-corps. L'air animé que je respirais m'absorba d'emblée tout entière. Le ciel était parcouru de courants parés de toutes les nuances qu'un vent peut porter, chamarré comme une musique de couleurs. Sur le fond de ciel qui s'éclaircissait, s'avançaient en bataillons des nuages noirs et épais, inquiétants eux, de constance et de lenteur. A sept heures, j'étais descendue de mon appartement à l'atelier juste au dessous, au rez-de-chaussée. J'aurais pu me lever plus tard mais j'aimais avoir l'atelier rien qu'à moi jusqu'à huit heures et demie, l'heure d'ouverture. Ce n'est pas que j'aie tant de visites, mais j'ai une enseigne qui flotte au vent et une porte offerte au passant. Je vis et travaille tout le jour avec, face à moi ou dans mon dos, cette porte qui ne m'appartient pas.Toujours intriguée par le vent, je ne tardai pas à sortir dans la ruelle pour retirer les volets de bois rouge qui font rideau sur la mise en scène de ma vitrine : livres désossés, fibres de bois, bouts de peau, pigments d'indigo et une feuille d'or.C'était un temps rare, un temps qui arrête les hommes sur le seuil de leur maison, qui leur fait humer l'air, interroger le ciel, comme l'animal au seuil de son terrier. Moi qui connais si peu le milieu marin, il me semblait que c'était un temps de bord de mer et que ma petite ville tranquille de l'intérieur des terres de Dordogne s'agrippait ce matin-là à une falaise.Le vent pressant me poussait vers ce bras de rivière en contrebas de la ruelle, au pied du gué gonflé des pluies de la nuit. Je ne lui ai pas cédé et j'ai choisi comme chaque matin de m'offrir ce moment dans mon atelier, la porte encore close. Une heure et demie de solitude choisie, de soudure avec le jour. D'ailleurs la pluie redoublait. J'allais prendre mon café.Je prends mon petit déjeuner entourée des livres que je restaure, ce n'est pas sage, je suis relieuse."


Un sacré coup de coeur littéraire du mois de Juin. Je suis tombée , au hasard, sur ce livre (mis en avant par la bibliothèque de ma ville). La quatrième de couverture a été intrigante, ainsi, que le titre et ça parle de livres et de Cyrano de Bergerac. Donc un sacré cocktail et un court roman (dommage d'ailleurs parce que je suis restée sur ma faim).L'auteur vit à Prague depuis 1993 et elle est , à la fois, romancière et relieuse.

Merci pour cette présentation. Je suis tentée.

Mais de rien   . C'est , toujours, un plaisir de découvrir et de faire découvrir des nouvelles lectures. J'oubliais le livre est publié sur un papier spécial neige. J'ai su, en faite, que ce type de papier permettait une meilleure lecture (évite la réverbération).

Merci pour cette présentation, Catherine ; je note précieusement la référence : le passage que tu as posté (comme c'est bien écrit ! ) m'a mis l'eau à la bouche.

 

Un livre et un style simple comme j'aime.

C'est noté   , j'aime beaucoup la pièce de Cyrano, je connaissais l'auteure mais pas ce roman:)

De plus, les éditions Gaia, soignent la présentation des romans qu'ils publient, j'ai quelques romans d'Herbjorg Wassmo et des romans islandais, toujours un plaisir de les lire   

Je me suis procuré l'ouvrage ; j'espère le commencer prochainement.

@Popila: je te souhaite une bonne lecture , alors.

Eh bien voilà, j'ai terminé la lecture de La relieuse du gué hier soir !


J'ai bien aimé ce 1er roman.   

La relieuse du gué met en scène une jeune femme Mathilde, qui a décidé de laisser tomber une carrière prometteuse dans la diplomatie pour ouvrir un atelier de reliure dans le Sud Ouest de la France. Cela correspond pour elle à un nouveau départ, et elle s'épanouit doucement au sein d'un voisinage constitué d'artisans, comme elle : André le boulanger, M. Roche l'horloger, Sébastien le cordonnier, et tant d'autres. Un jour, elle reçoit la visite d'un inconnu qui lui demande de réparer un livre assez étrange, puisqu'il ne comporte aucun texte : juste des aquarelles représentant une forêt locale, et en son sein, un ancien temple gallo-romain. Lorsque le jeune homme décède dans un accident en se rendant à la gare, Mathilde, bouleversée, décide de mener l'enquête.

L'auteur réussit, malgré quelques maladresses mineures ici ou là, à nous embarquer très facilement dans son histoire ; l'écriture est fine, sensible et délicate. Les passages sur l'art du relieur sont très beaux, jamais pédants, et puis de toute façon, on pardonne tout à une héroïne qui aime à ce point Cyrano de Bergerac. Bref, auteur à suivre.

Merci à Catherine Morland pour cette belle découverte.

@Popila: contente que tu es appréciée cette lecture. J'aime partager mes lectures et encore plus ici, où je me sens bien    

J'aime beaucoup la couverture de l'édition Babel. je ne sais pas si elle correspond au roman, mais elle est intrigante.

Contente que tu te sentes bien ici Catherine Morland   

@Shelbylee: la couverture de Babel est intrigante mais correspond bien au livre (mais je ne fais pas de matraquage pour que tout le monde sur le forum lise ce livre   , ce n'est pas mon genre).

Merci pour ton avis Popila! C'est bien tentant!