Noces de faïenceL’action s’ouvre sur la révolte d’une jeune femme, qui vit dans une communauté chrétienne dirigée d’une main de fer par son grand-père. Le régime est totalitaire, les femmes sont des souillons taillables et corvéables.
Silencieuses, soumises et terrorisées. Ce n’est pourtant pas une secte, juste une famille qui refuse le monde moderne et vit totalement en autarcie dans l'Angleterre des années 60.
Cressy part donc et trouve un travail chez un antiquaire. Elle tente de naître à la vie, découvrant les restaurants, les voitures, l’altérité, sans se douter que le monde moderne, c’est aussi la duplicité derrière les sourires…
Parallèlement à cela, le roman se focalise sur une veille dame, Midge, qui vit avec un de ses fils et qu’on pourrait qualifier de lionne possessive. Le fils, David, est journaliste. Il voyage, travaille, court la prétentaine mais retrouve la chaleur du foyer maternel dès que possible. Sa mère se sent pourtant très seule, vieillissante et présente tous les signes d’une dépendance pathologique à son fils (qu’elle ne s’avoue pas).
David tombe amoureux de Cressy et là, l’éblouissant tissage de relations humaines commence. Entre Cressy, gentille, rêveuse et très naïve, David, tétanisé à la moindre responsabilité et Midge, très lucide sur l’ignorance de sa belle-fille arrièrée, il y a comme un fluide pernicieux.
Midge emprisonne les deux jeunes gens dans une vraie toile d’araignée, apparemment tissée de soie, mais aussi lourde qu’une chaîne de fer.
Ainsi, où est passée la force de Cressy ? Ce caractère altier qui a su braver l’interdit familial pour aussitôt tomber sous l’influence d’une belle-mère carnivore ?
Et David, divaguant entre une maîtresse usée et une jeune femme inadaptée ? Lui, cet esprit curieux et corrosif, devient comme un pantin entre les mains de ces bonnes femmes (poliment) déchaînées.
De quoi jaser sur l’éternelle adolescence masculine…
Il y a tous les ingrédients qui plaisent au lecteur : subtilité (Midge cache bien son jeu !), hypocrisie, ironie.
On croit assister à une pièce de théâtre. On aimerait soulever les masques.
ET m’évoque à la fois Nancy Mitford et Jane Austen. L’écriture est très souple et la galerie de personnages pittoresques.
Un très bon moment.