Sarnia de G.B Edwards

Je viens de terminer Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates et je suis tombée sous le charme de l'ouvrage et des personnages, mais également de l'île de Guernesey. Du coup, j'ai fait une petite recherche rapide pour trouver d'autres textes qui ont cette île pour décor et je suis tombée sur un roman et un auteur que je ne connais pas du tout : Sarnia de G.B Edwards

Apparemment, ce roman aurait dû être le premier d'une trilogie que l'auteur n'aura jamais le temps de terminer. Sarnia serait d'ailleurs le seul ouvrage publié de l'auteur si j'en crois les infos que j'ai trouvé. Et l'auteur aurait demandé à ce que tous ces autres documents soient brûlés. Sarnia a été publié cinq ans après la mort de son auteur.

Voici un petit résumé trouvé sur internet :

Ebenezer Le Page n’a jamais quitté l’île de Guernesey. Aujourd’hui, sa fin approche. Sur un cahier d’écolier, il raconte son histoire et celle de son île. Il décrit cette île étrange, ni française ni britannique, cette terre où Victor Hugo vécut l’exil, avec son lot de querelles et de rivalités familiales, nous parle des personnalités qu’il a connues, ses rapports d’amitié, d’amour, ou d’indifférence. Il faut dire que ce paysan-pêcheur est un drôle de bonhomme. Misanthrope, misogyne et mauvais coucheur, Ebenezer est au fond un grand sentimental. Observateur implacable des travers des autres, il n’épargne personne. Son œil vif et son jugement acéré nous plongent dans un microcosme d’humanité grouillant et coloré.

Et un court extrait trouvé sur Wikipedia :

Je voudrais pouvoir écrire l'histoire de cette île telle que je l'ai connue et vécue pendant près d'un siècle. Je ne pense pas avoir beaucoup changé ; mais, à mon avis, tous les autres, eux, ont changé. Les jeunes d'aujourd'hui ne savent pas et ne peuvent même pas imaginer à quel point la vie à Guernesey autrefois était différente de ce qu'elle est maintenant. Un grand fossé s'est creusé entre la génération actuelle et la mienne. Je voudrais pouvoir le combler ; mais c'est trop espérer. Les seuls qui pourraient partager ma façon de voir sont morts, ou alors ce sont des vieux comme moi, qui n'ont plus les idées très claires ni une mémoire très sûre.

Remarquez bien, ça n'est pas moi qui irai prétendre que la vie à Guernesey du bon vieux temps était un vrai lit de roses. Je trouve que la vie en ce bas monde, c'est l'enfer sur terre la plupart du temps pour la plupart d'entre nous...

Personnellement, ça me donne très envie de découvrir cet ouvrage. L'un(e) d'entre vous connaît-il/elle ce roman ?

Merci pour ce topic, Somnambule ! J'ai l'impression que tu as fait là une sacrée trouvaille ! Je ne connaissais pas du tout ce roman mais ta présentation me donne sacrément envie de le découvrir, ainsi que la couverture de l'édition Points Seuil :





Sinon, voici quelques avis fort enthousiastes trouvés sur amazon :

Citation :

Injustement méconnu, ce roman est un de ceux qui m'a le plus marquée ces 5 dernières années.
A lire le synoptique, l'histoire peu paraître quelque peu insipide : la vie d'un insulaire, Ebenezer Le Page. Quel intérêt pour l'histoire d'un misanthrope qui n'a jamais quitté son île? Et pourtant.. le personnage qui nous narre sa propre vie n'a pas son pareil pour lui donner du relief, en s'appuyant sur des jugements sans concession et un humour caustique.
Désagréable à souhait, touchant dans son histoire d'amour qu'il n'a pas voulu reconnaître, émouvant dans sa quête d'un hériter, où il nous réserve une surprise, j'en garde un souvenir ineffable, comme celui d'un compagnon qu'on a aimé avec tous ses travers et ses bons côtés.
A fil des pages bien écrites, on apprivoise le personnage et son environnement, on « devient » Ebenezer ; On ne s'ennuie jamais et lorsque la dernière page sera tournée, son personnage vous accompagnera encore longtemps.

Citation :

Ebenezer LE PAGE , héros fictif , de ce livre nous raconte en toute simplicité sa vie quotidienne sur 80 ans , son enfance , ses amours , l'occupation pendant les deux grandes guerres ,mais surtout la vie d'un guernesien dans sa petite île où il ne s'ennuie jamais . Et cela se lit comme un roman et l'on est un peu triste quand on tourne la dernière page qui est aussi la dernière page de la vie d'Ebenezer.
Descendant des LE PAGE par ma grand mère paternelle , j'ai parcouru chaque coin de l'île que je connais bien sur les talons d'Ebenezer.

Citation :

Ce livre ne ressemble à aucun autre. Il est d'une densité extraordinaire. On ne peut résumer ce récit-confession extraordinairement fouillé. L'émotion est toujours présente ce qui n'empêche nullement un humour discret mais omniprésent. On a du mal à croire à une fiction tellement cette histoire paraît véridique !
Bref, un livre monumental et inoubliable qui nous offre de belles et grandes heures de lecture
INDISPENSABLE !

Je l'ajoute de ce pas à ma PAL virtuelle !

Je n'avais pas lu ces avis, merci Emjy ! Je le note également. Pour l'année 2013 !

Merci pour cette présentation, Somnambule ; tu me donnes très envie de découvrir ce livre, moi aussi. Le passage que tu as posté est très alléchant.

Je note la référence, merci Somnambule!

Je suis contente que ce topic soulève autant d'enthousiasme (même si je n'ai pas lu le roman !). Je pense que ce sera un de mes premiers achats et une de mes premières lectures de 2013 ! Je m'en réjouis déjà ! J'espère que nous aurons de beaux échanges.

Je ne peux pas vous en parler, ma lecture est beaucoup trop ancienne, mais je peux au moins vous dire une chose,

j'ai adoré et chez moi ce n'est pas si fréquent

J'ai très envie de découvrir ce roman!

J'ai craqué , je l'ai acheté hier ! Mon avis dans quelques semaines

Oh oui, il a l'air bien ce roman. Je crois même qu'il est la bibliothèque. Il faudra que je m'en souvienne pour mon prochain passage. Merci pour la découverte.
Sinon, Somnambule, si tu veux retourner un peu à Guernesey, je peux te proposer un magnifique roman qui s'y passe en partie (mais pas que, après on a droit à un merveilleux voyage en bateau, je crois que c'est mon passage préféré du roman et puis une partie en Nouvelle Zélande) : Le pays du dauphin vert d'Elizabeth Goudge. Il est édité chez Phébus et je pense qu'on peut encore facilement le trouver. On en parle ici si tu veux jeter un œil.

@ Emjy : je me réjouis d'avoir ton avis ! Même si je sais que je craquerai de toutes façons, c'est prévu sur ma liste de bonnes (ou bien mauvaises, c'est selon) résolutions !

@ Séverine : je te remercie pour ce conseil. Si je le trouve, je ne manquerai pas de découvrir ce roman. (J'avoue que je n'aime pas le titre et que j'aurais fait l'impasse si ton message ne titillait ma curiosité.)

Guernesey, Guernesey, Garnsai, Sarnia, qu'ils disent. Enfin, moi, je ne sais pas trop. Plus je vieillis et plus j'apprends, plus je sais que je ne sais rien, moi.

Ce roman sera mon premier gros coup de coeur de l'année De son vivant, GB Edwards s'est heurté au refus de plusieurs éditeurs. Heureusement pour nous, ses amis Edward et Lisa Chaney (à qui l'auteur dédia son roman) ont réussi à le faire publier après sa mort, en 1981. L'auteur anglais William Golding l'adorait et le qualifiait non pas d'oeuvre de grand talent mais de génie ! Je suis complètement d'accord avec lui. Sarnia est une sublime oeuvre littéraire. Elle est singulière, poignante et inoubliable. Son héros et narrateur, le dénommé Ebenezer (qui donne son nom au roman, dans sa version originale, The Book of Ebenezer Le Page) est un observateur lucide de l'âme humaine. Sous son regard perçant, intelligent, pénétrant, tout un microcosme se révèle : celui de son île, Guernesey, Sarnia en latin. Tout au long de sa vie, de 1880 à 1960, cet homme a traversé les générations et vécu deux guerres mondiales. A travers ces 630 pages, Ebezener Le Page égrène ses souvenirs avec une générosité, une sensibilité et une puissance évocatoire sans pareilles. Arrivé à la fin de sa vie, il décide de consigner dans trois gros cahiers la somme de ses mémoires, de ses impressions et de ses vicissitudes existentielles. Mais plus qu'une autobiographie ou que des simples chroniques, cette oeuvre profondément intime et personnelle révèle l'ambivalence et la sensibilité d'un homme à la mélancolie clairvoyante. Ebezener n'est pas un misanthrope grogon (ou en tous cas pas seulement ), c'est aussi quelqu'un de sentimental et d'attachant.

Ses écrits sont d'une richesse incroyable et se lisent avec délectation. Le récit navigue entre des petites anecdotes truculentes, des bribes de vie, et des réflexions d'une acuité, d'une émotion et d'une poésie désarmantes. Tout au long de ce roman, on a réellement l'impression de vivre auprès d'Ebezener et de tous les gens qu'il a pu croiser dans sa vie, ceux qu'il a haï ou méprisé mais plus encore ceux qu'il aimé car lorsqu'il aime, ce n'est pas à moitié.

Je ne pourrai pas évoquer ici tous les passages qui m'ont le plus remuée ou touchée car ils sont bien trop nombreux. Mais en rédigeant ce message, je repense (en vrac) aux moments d'amitié partagés avec Jim, à la tendresse d'Ebezener pour son fragile cousin Raymond, à son amour passionné pour l'orgueilleuse Liza, aux incesssantes querelles entre ses tantes Hetty et Prissy, à la journée où la statue de Victor Hugo a été érigée, à tous ses souvenirs liés à l'Occupation et surtout à son humour empreint de mélancolie et de clairvoyance dans les moments les plus graves et solennels de sa vie.

C'est un gros roman enchanteur, un brin dépaysant et surtout tendre et grave. On ne s'ennuie jamais et une fois la dernière page tournée, on sait qu'on a quitté un roman éblouissant et un personnage qui nous accompagnera encore longtemps.

Je remercie Somnambule d'avoir attiré notre attention sur ce bijou. Sans elle, je serais certainement passée à côté.

Bon, allez hop ! je le note

Tu fais bien ! Ce roman est d'une beauté

Emjy a écrit:

[i]Je remercie Somnambule d'avoir attiré notre attention sur ce bijou. Sans elle, je serais certainement passée à côté.

Avec plaisir Il est temps que je me le découvre aussi d'ailleurs ! Après ton commentaire, il n'y a plus d'hésitations ! Je l'ai justement cherché en librairie cette semaine, mais il n'y était pas. Mais il fera partie de mes prochaines commandes, c'est sûr !

J'ai moi aussi très envie de le lire!! Ton avis donne vraiment envie!!

J'ai hâte d'avoir vos avis, les filles. Très sincèrement, c'est un des plus beaux textes que j'ai pu lire. Je ne pense pas l'oublier de si tôt !

J'ai terminé ce roman et je n'ai qu'une chose à dire

Ce livre est vraiment très bien écrit, c'est une langue oralisee et pourtant, c'est une langue subtile. L'auteur joue sur les sous-entendus, les non-dits pour faire de son récit un récit poignant, et utilisant souvent des touches d'humour qui soulignent l'aspect cocasse de certaines situations. l'écriture des auteurs contemporains auraient utilisé des termes plus crus, ou plus sanglants pour décrire certaines situations alors qu'ici, c'est suggéré, c'est au lecteur de lire entre les lignes... Inutile d'utiliser beaucoup d'artifices, tout repose sur la simplicité de la langue qui met en valeur la puissance évocatrice du langage. L'auteur parvient à créer un style qui correspond à sa vision du monde (de son île)...

Je me permettrais d'ailleurs de faire une comparaison entre cette simplicité, cette beauté de la langue et l'île elle-même: en effet, pour le narrateur, l'île était belle dans sa simplicité, les artifices employés par le secteur du tourisme n'ont fait que l'enlaidir, ce que déplore le narrateur.... Je ne sais pas trop si vous voyez ce que je veux dire, mais j'ai l'impression que le style de l'auteur appuie cette idée.

Sarnia, c'est aussi toute une galerie de personnages secondaires excellents, amusants, émouvants : les deux tantes, son ami Jim, la vieille Mme Rehel, Neville, Adèle...

Des passages extraordinaires : le prisonnier, l'occupation allemande, les rapports avec sa sœur, le coucher de soleil, et le dernier chapitre

Le narrateur: Ebenezer se livre à nous en essayant d'être le plus sincère possible, ne cachant rien de ses défauts et de ses qualités.

Et puis, l'île dont les descriptions sont magnifiques.

C'est aussi une réflexion sur l'ancien et le moderne, sur les ravages de l'automobile ou de la télévision sur les esprits...

Et une jolie histoire d'amour très émouvante!

Et bien, tu l'as dévoré ! En même, je te comprends temps, Sarnia fait parti de ces romans qu'on a du mal à délaisser une fois commencés

Citation :

Je me permettrais d'ailleurs de faire une comparaison entre cette simplicité, cette beauté de la langue et l'île elle-même: en effet, pour le narrateur, l'île était belle dans sa simplicité, les artifices employés par le secteur du tourisme n'ont fait que l'enlaidir, ce que déplore le narrateur.... Je ne sais pas trop si vous voyez ce que je veux dire, mais j'ai l'impression que le style de l'auteur appuie cette idée.

Je n'y avais pas pensé mais le point que tu soulèves me paraît très juste.

Qu'as tu pensé du dénouement et de la

Spoiler:

Il faudrait qu'on trouve d'autres romans sur Guernesey maintenant ! Mais je doute qu'il en existe d'aussi beaux que celui-ci ...

En effet, il m'a fallu une semaine!!

Je suis du même avis que toi pour le dénouement! C'est sublime! Et puis cette visite m'a profondément émue, j'en avais les larmes aux yeux...
En tout cas, je ne m'y attendais pas...

Miss Virginia a écrit:

Et puis cette visite m'a profondément émue, j'en avais les larmes aux yeux...
En tout cas, je ne m'y attendais pas...

C'est la meilleure fin possible, je trouve.

Est-ce que quelqu'un connaît d'autres romans sur ou se passant à Guernesey ?

Il y a un autre roman qui passe à Guernesey: Les roses de Guernesey de Charlotte Link mais je ne l'ai pas lu.

Je viens de passer trois ou quatre semaines avec Ebenezer et ce fut un véritable plaisir. Ce temps de lecture peut paraître long, mais j'ai volontairement fait traîner cette lecture tellement je me sentais bien à Guernesey avec ce vieux et attendrissant bougon. J'ai aussi délibérément choisi de ne le lire qu'en w-e ou lorsque j'avais vraiment le temps de m'y plonger, jamais quelques pages à la va-vite en rentrant du travail. Ebenezer méritait toute mon attention et je voulais à tout prix la lui accorder. Puis chaque évasion à Guernesey en sa compagnie était une bouffée d'oxygène et de joie dans une quotidien un peu morose et pesant pour l'instant. J'ai tout aimé, les personnages, le décor, le récit... et la fin que vous avez déjà évoquée que j'ai trouvée Je suis tellement sous le charme de ce roman que je me suis trouvée un peu perdue hier : impossible de passer à une autre histoire tout de suite. Du coup, comme j'avais quand même envie de lire, j'ai pris un petit ouvrage de réflexion, court et facile à lire. Je ne me sens pas capable de m'attacher à de nouveaux personnages et de m'envoler ailleurs tout de suite. Je pense d'ailleurs qu'il me faudra quelques jours avant d'y parvenir...

Vous me donnez très envie avec ce Sarnia! J'avais adoré visiter Guernesey, donc une raison en plus pour lire ce livre

Hier avait lieu la dernière séance de l'année de mon club de lecture : on y fait un petit bilan de l'année, on réfléchit au programme de l'année suivante et on échange des suggestions de lecture pour l'été. Perso, j'y ai présenté deux livres

1) Sheila Levine est morte et vit à New York
2) Sarnia

Autant vous dire que j'ai fait l'éloge du second. Je pense que tout le monde en a pris note ! J'espère qu'il fera son chemin et que j'aurai de bons échos à la rentrée ! Je n'arrête pas de parler de ce livre et j'ai envie de l'offrir à tout le monde