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Ouâh... Première fois que j'ouvre un sujet. Espérons que ça marche et apparaisse sur l'écran !)L'HOMME QUE J'AI TUE ( en V.O. BROKEN LULLABY)
Un Lubitsch différent de ses "tubes". Ce n'est pas une comédie, c'est un mélodrame, et il est superbe.
La Grande Guerre vient de se terminer. C'est L'Armistice. Un jeune homme, un jeune Français, reste seul, prostré dans l'église qui s'est vidée de ses fidèles...
Le regard hanté, il se confesse au prêtre qui le découvre effondré entre les prie-Dieu. Le jeune homme revient de la guerre.
Il y a tué un homme. Il a tué un jeune soldat comme lui, un soldat Allemand. Il n'arrive pas à oublier. La confession ne le soulage pas. Ni les paroles apaisantes du prêtre (
"C'était la guerre, vous avez fait votre devoir", etc). Rien ne peut lui ôter le poids de l'atroce culpabilité.
Pourtant, rien ne le disposait à tuer. Il est musicien. La musique ne tue pas. "
La musique, c'est la vie". Mais , lui, il a donné la mort. Il ne joue plus (d'où le titre original
Broken Lullaby). Il ne peut plus.
Philip Holmes
Le prêtre lui suggère de se rendre en Allemagne, d'y retrouver la famille de ce jeune soldat qu'il a tué dans les tranchées. La famille lui pardonnera forcément quand il expliquera, quand il racontera ...
Notre jeune homme, empli d'espérance, de crainte et de tourments, se rend donc en Allemagne où, dans l'humiliation de la défaite, le sentiment anti-Français est à vif !
Mais le jeune homme, malgré lui emporté par un malentendu qui va s'amplifier, perdurer et devenir impossible à dénouer, sera accueilli et demeurera dans la famille de sa victime... Sans oser avouer qu'il est celui qui a causé la mort du fils bien-aimé.
Pire même: on va l'aimer. Le considérer comme un autre fils. Comme un autre fiancé...
Philip Holmes, Lionel Barrymore, Nancy Carroll
Ce beau film est l'histoire d'une rédemption. Celle aussi du retour à la vie d'une famille que le deuil avait figée. C'est l'oeuvre d'un humaniste et d'un pacifiste.
Une oeuvre admirable, où la
Lubitsch touch est bien présente même s'il ne s'agit pas d'une comédie. La patte du maître, ici, sert à la densité du drame et certaines scènes sont poignantes : la main secourable qui aide la main ensanglantée d'un soldat mourant à achever sa signature au bas d'une lettre, le panoramique sur les visages pleins d'espoir du père, de la fiancée, de la mère, les feuilles mortes sur les tombes de soldats, le portrait du fils sur le bureau du père vu de dos par le meurtrier, la scène du violon , etc... C'est bouleversant.
Et puis l'on sent cet intime plaisir qu'a Lubitsch à transposer (comme souvent) son action en Europe, en Allemagne en particulier, à reconstituer les boutiques avec leurs boutiquiers, leurs commères, les rues pavées avec l'allumeur de réverbères, les horloges, les beffrois, l' intérieur des maisons avec le poêle prussien, etc...
L'H
omme que j'ai tué est un titre fort peu lubitschien, et pour cette raison, probablement, on risquerait de s'en détourner. Ce serait fort dommage. Car ce film se classe parmi les très belles réussites de cet auteur.
La prochaine fois , je vous parle du Prince Etudiant qui est encore plus... Vooofff !!!