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| Le thème de la Tour d'Ivoire au cinéma ou le traitement cinématographique de la solitude | |
| | Auteur | Message |
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Pickwick Swoon addict
| Sujet: Le thème de la Tour d'Ivoire au cinéma ou le traitement cinématographique de la solitude Mar 10 Jan - 18:20 | |
| Certains films ont pour thème la solitude, voire le retrait du monde, volontaire ou subi, mais surtout volontaire et subi à la fois. Certains de ces films mettent en scène le retrait du monde progressif mais définitif de leur protagoniste. C’est le cas de Citizen Kane, le chef d’œuvre d’Orson Welles et probablement l’un des plus beaux films que j’ai jamais eu le plaisir de voir. Le film s’ouvre sur la mort de Charles Foster Kane, un magnat de la presse qui vit reclus depuis des années dans son immense palais, Xanadu. Alors qu’il exhale son dernier soupir, Kane souffle le mot Rosebud. Sur les traces d’un reporter, nous partirons à la découverte de la vie fascinante de Kane afin de tenter de déterminer la signification de ce dernier mot si énigmatique. Nous suivrons les interviews des anciens amis et ennemis de Kane (les premiers devenant souvent les seconds) ou de ses ex femmes. Nous assisterons à la fascinante ascension de Kane dans le monde de la presse, son talent, sa force, son charme; nous le verrons manipuler l’opinion, se lancer en politique, réussir et choir; partir à l’assaut du monde … puis renoncer. Citizen Kane est un tourbillon incroyable, un film d’une maestria quasi inégalée. Welles y démontre le talent de l’un des meilleurs metteurs en scène de l’histoire du cinéma. Le film fourmille d’idées, de chocs visuels, d’images cultes qui ont façonné notre œil de cinéaste et que je trouve très émouvant de voir dans leur première utilisation. C’est enfin l’histoire d’un homme à l’appétit de vie et de reconnaissance insatiable qui, déçu par le monde, décidera finalement de s’en retirer. Ce film montre le détachement du monde par la création de cette vaste monstruosité qu’est la propriété de Kane: Xanadu. Sorte de palais gothique qui passera tour à tour du manoir de play-boy à la maison monde, pour finir dans la solitude glacée des grandes demeures gothiques à l’anglaise. Si vous ne la connaissez pas, je vous laisse le bonheur de vous laisser émouvoir par la fin très poétique de ce monument du cinéma. Citizen Kane a marqué le monde du cinéma et a notamment donné naissance à de nombreux films qui reprendront la représentation graphique de la solitude. Je pense en particulier au très beau There Will be Blood dont la parenté avec Citizen Kane est évidente. Encore une fois, il s’agit du retrait du monde d’un homme qui pourtant aura réussi à le conquérir. J’ai notamment aimé retrouver ce cheminement de celui qui finalement se recroquevillera sur lui-même, isolé dans son château/prison dorée. C’est aussi l’occasion d’observer Daniel Day Lewis au sommet de sa forme et de son art. Certains autres films comme The Social Network montrent l’ascension d’un homme vers une solitude qui parait encore plus subie et d’autant plus affreuse. Je pense que vous connaissez tous le synopsis de cette libre adaptation de la vie de Mark Zuckerberg, le créateur de facebook. S’il porte en lui tout ce qui le conduira à s’enfermer dans une tour d’ivoire, la prise de conscience des conséquences de sa réussite et de son élévation sociale vertigineuse n’en seront pas moins poignantes et dévastatrices pour lui. Je pense notamment aux dernières images du film et à son échange avec la jeune avocate qui l’a accompagné tout au long du film. Partant d’une idée de fond somme toute assez similaire, soit la réussite vertigineuse d’un homme, The Social Network nous montre cette tour d’ivoire sans se référer à l’aspect graphique de l’immense propriété fermée au monde. David Fincher préfère figurer l’isolement de façon virtuelle, comme l’absence possible de toute interaction naturelle, par l’enfermement dans une bulle et l’impossibilité de communiquer avec autrui sans intermédiaires, qu’il s’agisse d’avocats ou d’un écran … Certains films montrent une figure d’isolement encore plus volontaire. Une sortie du monde qui est un retour vers la nature. C’est notamment Into the Wild the Sean Penn. Plus que l’enfermement d’un homme à la réussite trop vertigineuse, à l’ambition trop dévorante, c’est le choix de ne pas partir à l’assaut du monde humain, mais plutôt de s’en retirer immédiatement, d’aller se dissoudre dans l’immensité de la nature. Enfin, et c’est là un grand classique du Western, ce mouvement d’enfermement peut s’inverser. Je pense notamment à deux films de Clint Eastwood : Impitoyable et Gran Torino. Ces films s’ouvrent sur un héro vieillissant et retiré du monde. Ils montreront tous deux le retour de ces hommes fatigués dans la sphère des hommes. Mieux vaut rester chez soi … Et vous, connaissez vous d’autres films qui parlent de l’isolement progressif d’un homme, de réussite ou de déchéances si vertigineuses qu’elles conduisent au ban de l’humanité ? |
| | | Popila Bookworm
| Sujet: Re: Le thème de la Tour d'Ivoire au cinéma ou le traitement cinématographique de la solitude Mar 10 Jan - 19:03 | |
| J'aime bien Citizen Kane ; c'est le 1er film que j'ai vu en dvd, alors forcément, ça marque ! Je pense qu'il faudrait que je le revoie ; j'en avais beaucoup entendu parler avant que je le voie, et je en suis pas sûre d'avoir saisi toutes les subtilités du film. Une image qui m'a marquée cependant, c'est celle de la boule avec la neige qui tombe et le traineau à l'intérieur (enfin, je crois que c'est ça, je n'en suis plus trop sûre). Je trouve le thème que tu as choisi vraiment très intéressant, Pickwick ; je trouve qu'il permet de relier des films très différents esthétiquement. Le seul qui me vienne à l'esprit présentement, c'est The Truman Show avec Jim Carey, où un homme évolue dans un monde qui s'avère n'être qu'un décor télévisé destiné à alimenter un programme suivi par le monde entier. Le personnage est enfermé dans un monde en carton pâte et est filmé en permanence, mais n'en a pas conscience. Bien que mondialement connu, il est en réalité très seul et n'a pas conscience que ses rapports aux autres sont faussés, puisque ce sont des comédiens payés par la télévision. Cela va très loin, puisque sa femme est une actrice payée pour jouer ce rôle. C'est en tombant amoureux d'une jeune figurante aperçue dans une bibliothèque que ses yeux vont se déciller et que le personnage joué par Jim Carey trouvera le courage de sortir de la prison dorée créée par l'homme de télévision qui diffuse ce programme, pour vivre une relation enfin authentique avec les autres et la femme qu'il aime. Le film n'est pas forcément un chef d'oeuvre, mais les thèmes qu'il traite sont vraiment intéressants. _________________ |
| | | Pickwick Swoon addict
| Sujet: Re: Le thème de la Tour d'Ivoire au cinéma ou le traitement cinématographique de la solitude Mar 10 Jan - 19:06 | |
| Je me rappelle l'avoir vu au cinéma et l'avoir beaucoup aimé. J'ai toujours eu envie de le revoir ! Et merci pour tes éloges |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le thème de la Tour d'Ivoire au cinéma ou le traitement cinématographique de la solitude Lun 5 Nov - 19:53 | |
| Autre personnage de frappadingue reclus dans sa demeure gothique : Le Comte Zaroff, tapi dans la jungle de son île, tel le citoyen Kane dans son Xanadu. Chef-d'oeuvre fondateur, culte, hallucinant, mythique du cinéma mondial, La Chasse du Comte Zaroff ( souvent intitulé par erreur "Les Chasses du comte Zaroff") est tiré d'une nouvelle de Richard Connell (qu'on trouve dans un des célèbres recueils présentés par Alfred Hitchcock). Un navire fait naufrage (pas exactement par hasard) sur les côtes d'une île encerclée de brisants... Après avoir échappé aux tempêtes, franchi marais et pièges de lianes , l'unique survivant, le célèbre chasseur Robert Rainsford arrive en vue d'une étrange forteresse, frappe avec le surprenant, l'inquiétant heurtoir de la porte... ... et fait son entrée chez le comte Zaroff, qui vit retiré du monde, à pratiquer son sport favori: la chasse. Seulement, désormais, un seul gibier l'intéresse. Rainsford ne va pas tarder à comprendre de quel gibier il s'agit. Moiteur expressionniste, vapeurs délétères, marécages et sables mouvants, tropiques empoisonnées... Entre l'ogre du Petit Poucet (pour la poursuite), Barbe-Bleue (pour la collection de trophées), le Zaroff d'Ernest Schoedsack emprunte également aux chefs-d'oeuvres noirs de la littérature gothique, aux récits de naufrageurs du XIXe siècle, à L'ïle du docteur Moreau, Au coeur des ténèbres de Conrad, au Nemo de Jules Verne, au Hyde de Stevenson... bref, à toutes ces grandes figures de fêlés misanthropes, de cinglés solitaires du récit d'aventures fantastiques. Thriller claustrophobe, The Most dangerous game laisse son souffle vénéneux pénétrer nos inconscients et nos imaginaires à jamais. Hunger Games , et quelques autres, lui doivent tout. Pour l'anecdote, Zaroff et King Kong ont partagé les mêmes décors et la même équipe de la RKO. Leslie Banks est un terrifiant comte Zaroff. Il fut également un des principaux interprètes de la première version de L'Homme qui en savait trop by Hitchcock (1934). Joël Mc Crea est un des beaux gosses du vieil Hollywood que j'affectionne particulièrement. Il est, ici, résolument parfait. Quant à Fay Wray... ma foi, connue pour être une solitaire elle aussi, à sa façon... Pas exactement assise dans sa tour d'ivoire.... Plutôt dans la grosse patte de King Kong ! (des mêmes auteurs ).
Dernière édition par Juniper Sling le Mar 6 Nov - 14:36, édité 1 fois |
| | | Haydée Star-crossed lover
| Sujet: Re: Le thème de la Tour d'Ivoire au cinéma ou le traitement cinématographique de la solitude Mar 6 Nov - 7:39 | |
| Ah Zaroff ! C'est quelqu'un ce type ! Le reclus c'est une figure assez fréquente dans les films fantastiques, voire même le moteur, non ? Ce qui est logique. Un personnage découvre la folie d'un type dans son île, et ça fait Zaroff, Moreau... ça me fait penser à la Bête qui, elle aussi, vit à l'écart du monde.Pour d'autres raisons, bien sûr ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le thème de la Tour d'Ivoire au cinéma ou le traitement cinématographique de la solitude Mar 6 Nov - 11:06 | |
| - Haydée a écrit:
- Le reclus c'est une figure assez fréquente dans les films fantastiques, voire même le moteur, non ? Ce qui est logique. Un personnage découvre la folie d'un type dans son île, et ça fait Zaroff, Moreau...
ça me fait penser à la Bête qui, elle aussi, vit à l'écart du monde.Pour d'autres raisons, bien sûr ! ] Oui, tu as raison, Haydée. ... Sans oublier Dracula , évidemment ! Auquel Zaroff , par ses bonnes manières cruelles, sa figure d' "hôte" élégant et carnassier, fait également penser. Ce film a une force hypnotique, je dirais. |
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| Sujet: Re: Le thème de la Tour d'Ivoire au cinéma ou le traitement cinématographique de la solitude | |
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| | | | Le thème de la Tour d'Ivoire au cinéma ou le traitement cinématographique de la solitude | |
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