Un forum dédié à la culture anglaise (et donc à son cinéma) ne saurait pour moi être complet sans évoquer la trop rarement citée Miranda Richardson, cette actrice ô combien british, née le 3 mars 1958 à Southport, Lancashire, qui ne possède pas une filmographie aussi longue et prestigieuse que certaines de ses consoeurs telles que Emma Thompson ou Helena Bonhman Carter mais mérite qu'on s'arrête un moment sur certaines de ses prestations.
Elle fait ses débuts sur les planches en 1981 et au cinéma en 85 dans
Dance with a Stranger de Mike Newell, un film noir se situant en 1953 où elle incarne Ruth Ellis, une entraîneuse de night club vivant une liaison tumultueuse avec un jeune homme avant de l'abattre.
En télévision, elle interprète la reine Elisabeth Ier dans la série humoristique
Black Hadder (La vipère noire) avec Rowan Atkinson.
Mais je l'ai personnellement découverte dans
Sleepy Hollow (1999) de Tim Burton
- Spoiler:
dans son rôle ténébreux et duplice de Lady Van Tassel, sorcière prête à tout pour mettre la main sur un héritage qu'elle considère lui revenir de droit, quitte à couper quelques têtes par l'intermédiaire du cavalier qui cherche à retrouver la sienne
:
Et à propos de couper des têtes, Miranda (vous permettez que je vous appelle Miranda, my dear ?) incarna justement une Reine de Coeur hautaine dans une adaptation (assez médiocre) d'
Alice au pays des merveilles de Nick Willing la même année :
Il faut dire que la dame est souvent appelée à jouer des personnages de "méchantes" (un registre qui semble beaucoup l'amuser) grâce à une voix aux intonations terrriiiiibles qui convient bien à cet emploi. Elle prête d'ailleurs son imposant organe pour des films d'animation tel que
Chicken run par exemple, où elle double l'effrayante Mme Tweedy, chez qui les poules ne font pas de vieilles plumes :
Notons encore sa présence dans des films tels que
The Hours (2002) de Stephen Daldry (où elle joue Vanessa Bell, la soeur de Virginia Woolf) et
Spider (2002) de David Cronenberg (en mère du schizophrène Dennis alias Ralph Fiennes).
Le jeune public la connaît surtout sous les traits de l'extravagante reporter Rita Sketter dans
Harry Potter et la coupe de feu (2005) où elle retrouve le réalisateur Mike Newell et
Harry Potter et les reliques de la mort de David Yates :
Miranda Richardson fait partie de ces actrices (et acteurs) loin d'être considérées comme des stars à paillette ou faisant la une de la presse people. Simplement une
comédienne au charme discret mais pour moi indéniable, à la beauté diaphane que l'on pourrait qualifier de classique qui n'est certes pas pour me déplaire.
Et comme beaucoup de ces confrères masculins en Albion (de Jeremy Brett à Anthony Hopkins, en passant par Tim Roth), elle possède cette capacité à composer, avec un savant mélange de retenue et d'exubérance, des personnages "bigger than life" sans tomber pour autant dans la caricature.