Belle du Seigneur, Parties 6 et 7

Voici la fin de notre lecture commune de Belle du Seigneur, avec un peu de retard, j'en suis désolée.

Comme la dernière partie est très courte, je propose qu'on en parle en même temps que de la 6ème.

6ème partie :
La sixième partie début à Paris, où Solal essaie de retrouver son statut social d'autrefois. Hélas, ses anciens amis lui ferment la porte. Il se retrouve à errer dans Paris, à s'enfermer dans sa chambre d'hôtel où il se coupe de plus en plus du monde.
Lorsqu'il retrouve Ariane, celle-ci lui fait une confession : elle a eu un amant avant lui, et sortait de ses bras quand elle l'a retrouvé au Ritz. Solal en devient fou de jalousie. Il ne peut plus voir, toucher Ariane sans penser à l'amant. Sa "Belle" est définitivement salie par cette liaison. Il devient très violent, très agressif avec elle. Elle ne parvient pas à s'enfuir, et ils finissent en errant d'hôtel en hôtel.



7ème et dernière partie :
Un an s'écoule entre la fin de la partie 6 et la partie 7. Ariane et Solal vivent toujours ensemble, dans des hôtels. Mais leur amour ne se soutient plus que par la drogue et la débauche. On les retrouve dans une chambre de l'hôtel du Ritz de Genève, drogués à l'éther. Ariane porte encore le déguisement de petite fille perverse qu'elle avait mis pour aguicher Solal.
Ils se suicident ce matin là.

Pensez-vous que le couple d'Ariane et Solal était voué à échouer (à cause de l'égoïsme de Solal et la frivolité d'Ariane) ? Ou que les circonstances historiques qui entrainent la déchéance de Solal et le rejet du couple de la "Bonne Société" joue également un rôle dans leur destinée ?
La confession d'Ariane a-t-elle jeté un nouvel éclairage sur son comportement lors de la première partie ?
Que pensez-vous de la fin ? Est-ce que vous vous y attendiez ?

Pas de souci pour le retard Akina, c'est déjà très gentil de ta part d'avoir animé cette lecture de groupe


Pensez-vous que le couple d'Ariane et Solal était voué à échouer (à cause de l'égoïsme de Solal et la frivolité d'Ariane) ? Ou que les circonstances historiques qui entrainent la déchéance de Solal et le rejet du couple de la "Bonne Société" joue également un rôle dans leur destinée ?

Je pense que oui, leur relation était vouée à l'échec : tous deux avaient une trop grande opinion de l'autre. C'est assez visible quand on analyse les relations amoureuses d'Ariane : les homms qu'elles méprisent (Adrien et le chef d'orchestre) la rendent un peu heureuse, alors que Solal qu'elle adore la traite comme une moins que rien et l'infantilise.
Mais il est évident que les circonstances historiques et le rejet de la "Bonne Société" ont joué : Ariane a besoin de se sentir aimée pour être heureuse et que les gens aient une bonne opinion d'elle. Par conséquent, lorsqu'elle est rejetée à cause de son attitude envers Adrien et parce que Solal est juif, cela contribue à la rendre malheureuse (bien qu'on ait l'impression qu'elle ne s'en rend pas trop compte).


La confession d'Ariane a-t-elle jeté un nouvel éclairage sur son comportement lors de la première partie ?

Je comprend un peu mieux pourquoi elle n'a pas voulu céder à Solal tout de suite et pourquoi elle a aussi mal réagi lors que celui-ci est apparu déguisé en vieillard.
Par contre, je trouve qu'une fois de plus, Solal a horriblement mal réagi lorsque Ariane lui fait cette confession : cette violence dans ses paroles c'était tout bonnement inhumain Surtout que lui était assez placé pour parler, étant donné qu'il avait la vieille comtesse avant de connaître Ariane : il était exactement dans la même situation qu'elle. Par contre, peut-être que dans sa mentalité de dominateur, lui a le droit d'avoir de vieilles maîtresses mais pas Ariane...


Que pensez-vous de la fin ? Est-ce que vous vous y attendiez ?

J'ai beaucoup aimé la fin, même si elle est assez glauque : étant donné la descente aux enfers qu'ont connu Ariane et Solal et vu le ton du roman par rapport à la déchéance liée à la vieillesse, je me doutais bien qu'il n'y aurait pas de happy end (je crois même que cela m'aurait déçue). Cela fait entrer Solal et Ariane dans la catégorie des amants maudits.

Spoiler:

m'a cependant un peu surprise, mais avec le recul c'était prévisible : il me semble que dans les premières pages du roman Solal se regarde dans un miroir et songe qu'il serait dommage de laisser la beauté se flétrir avec l'âge et que mieux vallait mettre un terme à sa vie avant que ce moment arrive.

Je dois avouer que depuis Belle du Seigneur, j'ai lu pas mal d'autres livres et mon souvenir n'est plus si net.

Je crois aussi que ce couple était voué à l'échec : déjà par le simple fait, qu'ils ne formaient pas vraiment un couple, ils passaient plus leur temps à paraître qu'à aimer. Une histoire basée sur une telle hypocrisie ne peut durer selon moi. Toujours être parfaits, ne vivre que par et pour l'autre, s'isoler dans sa bulle... D'ailleurs, Solal le ressent très vite. Il se ment lorsqu'il dit l'aimer, il ne veut juste pas risquer de perdre la seule personne qui accepte encore de le fréquenter. Quant à Ariane, elle s'aveugle pcq elle refuse d'admettre qu'elle s'est illusionnée et que ce magnifique amour n'est finalement qu'un décor de carton-pâte. Évidemment, être rejetés de la "Bonne Société" joue dans cet échec, mais Solal et Ariane n'ont jamais vraiment voulu se mêler "ensemble" à cette Société.

En ce qui concerne la confession d'Ariane, j'avoue qu'elle m'a surprise. La réaction de Solal m'a outrée, mais ne m'a pas étonnée. Un homme a tout les droits, une femme se doit de n'avoir qu'un amour, qu'un amant. Il devait être l'unique. Son ego se trouve frappé de plein fouet par cette révélation. Pour le reste, j'avoue que je ne peux en dire plus, je me souviens trop peu de la première partie pour réaliser une analyse plus précise. Tout ce que je peux dire, c'est que la violence de cette épisode et l'inertie d'Ariane m'ont dérangée.

Je ne m'attendais pas à la fin, mais elle m'a parue finalement la seule issue possible en y réfléchissant. Très glauque comme disait sandie, mais finalement d'autres moments de ce roman était déjà glauque ou très limite, et ce n'est qu'une conclusion logique...