Mansfield Park 1999

(Très) librement adapté du roman de Jane Austen, Mansfield Park, sorti en 1999, a été réalisé et scénarisé par la canadienne Patricia Rozema. Frances O'Connor, Jonny Lee Miller, Harold Pinter, Lindsay Duncan, Sheila Gish, Embeth Davidtz, Alessandro Nivola se partagent les rôles principaux.

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J'ai adoré!! Je n'ai pas lu le roman Mansfield park, donc je ne juge pas du tout de la justesse dans l'adaptation, et je sais d'après ceux qui ont lu le roman que le film n'est pas du tout fidèle au roman, mais n'empêche que j'ai beaucoup beaucoup aimé le film; j'ai adoré l'atmosphère et la légèreté de la mise en scène et surtout l'humour très présent; si le film n'est pas fidèle au roman, il est fidèle au ton ironique des romans d'Austen;

et puis j'adore Francès O'Connor!! je me souviens l'avoir regarder d'une traite sans voir le temps passé!

J'ai découvert le film de Patricia Rozema sur les conseils de Damien, et je dois dire qu'il fait désormais partie de mes adaptations austeniennes préférées : je lui ai donc mis 5 étoiles, même si je suis consciente que c'est un film qui comporte quelques imperfections et que cette adaptation assez libre peut choquer.

Mansfield Park est le roman de Jane Austen que j'aime le moins, à cause de ses longueurs et de la personnalité de l'héroïne, Fanny Price ; pourtant, cette adaptation récente m'a presque réconciliée avec le livre, qui m'avait beaucoup déçue à la lecture.

Avoir enrichi la personnalité de Fanny Price avec celle de Jane Austen est à mon sens une idée de génie, la fusion se révélant extrêmement heureuse.

Par ailleurs, c'est peut-être le film qui a su le mieux retranscrire l'ironie austenienne : à cet égard, la scène de présentation des Crawford est un moment d'anthologie !

Le film me plaît aussi parce que dès le générique, il superpose trois plans :

- le plan littéraire (Fanny Price, comme jane Austen écrit) ;

- le plan sentimental (Fanny Price, tout au long du film, apprend à devenir une femme) ;

- le plan social (Fanny Price dépend de Sir Thomas, dont les revenus sont assurés par une politique esclavagiste).

Le film raconte l'histoire d'une émancipation au sein d'une société patriarcale. Pour l'illustrer, Patricia Rozema a recours à plusieurs images : la traite des nègres, et l'oiseau d'abord enfermé qui finit par prendre son envol.

Le casting, très éclectique, est impeccable : une des qualités de cette réalisation, c'est que tous les acteurs jouent extrêmement bien !

Pour apprécier le film, je crois qu'il faut le concevoir comme la réalisatrice le concevait elle-même, c'est-à-dire comme une oeuvre expérimentale. Car il ne s'agit pas uniquement, comme dans certaines adaptations austeniennes, de nous montrer de beaux intérieurs, de beaux costumes, et des scènes plus ou moins attendues :

- la maison dans laquelle a été tourné le film est vide et froide, pour montrer, je pense, que les racines de la fortune de Sir Thomas sont malsaines ;

- les costumes de certains personnages du film sont, quant à eux, plus modernes, sans doute pour montrer leur degré d'émancipation : je pense en particulier à Mary Crawford ;

- enfin, la scène de la bibliothèque et celle du bal sont, je trouve, extrêmement réussies, parce qu'elles sont riches de significations : la première constitue le noeud du film, avec la lecture d'un passage de Laurence Sterne, la deuxième, très sensuelle, explicite, grâce à tout un jeu de scène, les sentiments des différents personnages.

Quant à la musique de Lesley Barber, c'est bien simple, je l'adore.

Je trouve original d'avoir choisi de présenter Fanny qui est une héroïne un peu fade dans le rôle de Jane austen elle-même, c'est le parti pris de la réalisatrice mais malheureusement elle s'éloigne beaucoup trop du roman. je n'ai pas très bien compris ce que venait faire l'histoire de l'esclavage...
Bon je dois ajouter que j'ai vu ce film doublé en espagnol, c'était un massacre , je n'ai peut-être pas un avis objectif à cause de cela!!

Pour moi, ce sera 4 étoiles ! J'avoue ne pas être une très grande fan du roman Mansfield Park (enfin, tout est relatif, ça reste du Jane Austen quand même ) mais j'ai été vite séduite par cette adaptation très libre.
D'ailleurs, je me demande si on peut vraiment parler d'adaptation dans le cas de ce film car il est quand même sacrément éloigné de l'oeuvre originale ...
Rozema a insufflé quelque chose de sulfureux au récit et ce n'est pas pour me déplaire. Fanny est très différente de celle du roman, plus volontaire, plus ambitieuse aussi. En fait, ce n'est plus vraiment Fanny Price. C'est un croisement entre le personnage doux et réservé du roman et la jeune femme de lettres vive et ironique qu'est Jane Austen.
Ce qui est intéressant c'est que même si le scénario de Rozema s'éloigne volontiers du roman, il en garde le plan (et là, je ne peux que plussoyer ce qu'a dit Popila avant moi ).
Donc, en bref, même si ce film s'avère plus un commentaire libre du roman qu'une véritable adaptation, il n'en est pas moins une réussite pour moi. Je l'ai trouvé très inspiré !

Franchement, les ami(e)s, vous etes atroces : j'ai déjà une pile à lire monstrueuse, une liste à lire dantesque, et à cause de vous, je commence une liste à voir !
Vous pourriez pas avoir pitié, et éviter de ressortir des adaptations réussies de bouquins que j'adore ? (non, en fait, continuez, j'aime ça ! :albino: )

5 étoiles pour moi aussi

J'ai vu la version ITV avant de voir celle-ci, et j'ai eu peur d'y retrouver les mêmes défauts... Que nenni !
Déjà, la relation entre Fanny et Edmund est plus longue et mieux introduite. Ce qui fait qu'on est deja quelque peu préparés à sa déclaration à la fin. Autre point fort : on ressent bien le net changement dans les sentiments de Henry Crawford envers Fanny. Là encore tout est très bien mis en place. Je vais vous avouer un petit truc : j'ai préféré le Henry Crawford de cette version à celui du livre (enfin que dans sa relation avec Fanny) : je l'ai trouvé plus compréhensif... Il a compris que Fanny était amoureuse de Edmund, mais ce n'est pas grave. Il lui aurait à l'aimer au fil du temps.

Côté personnages, la tante Norris est beaucoup plus proche du livre. Elle est plus que détestable, et son antipathie envers Fanny est bien mieux mise en avant. Elle lui fait bien sentir qu'elle n'est là que par bonté d'âme... Sir Thomas fait peur... Même à son retour d'Antigua, il n'est pas aussi "gentil" que dans le livre. Une scène le concernant a été ajoutée dans le film, et elle m'a particulièrement choquée... disons que je ne vois pas ce qu'elle apporte à l'histoire, si ce n'est qu'elle renforce le caractère désagréable de Sir Thomas...
Edmund est lui aussi plus proche de celui du livre. Il est gentil, attentionné envers Fanny, il la défend dans les moments opportuns, et là encore, aveuglé par son amour envers Mary - mais moins que dans la version ITV.
Quant à Fanny... elle est tout simplement Fanny. Elle est cruche et "soumise" quand il le faut, mais elle peut aussi être "forte" quand l'occasion se présente. J'aime bien la voir évoluer, prendre confiance en elle, devenir plus sûre d'elle, au point de répondre à sa tante Norris!

Dans Mansfield Park, en dehors de Fanny et Edmund, tous ne pensent qu'à l'argent, le rang, l'amusement... Tout n'est que mensonges et antipathie entre les personnages. Et là encore, Patricia Rozema nous le fait bien sentir. La réalisation est beaucoup plus sombre. Dans tous les sens du termes : que ce soit la lumière ou même l'ambiance. Chez Patricia Rozema, Mansfield Park a l'air d'une demeure totalement délabrée, il y a peu de meubles, de lumière. On n'a pas l'impression que les Bertram sont riches... Mais bon, d'un certain côté, ça renforce la noirceur de l'atmosphère. Et c'est flagrant à la fin : tout est beaucoup plus clair, lumineux. Même les robes de Fanny : pendant tout le film, elle portait des vêtements sombres, et lorsqu'elle part de Mansfield Park pour aller s'installer avec Edmund, les couleurs de ses robes deviennent plus claires. On sent bien qu'elle est heureuse....

Patricia Rozema a fait une adaptation originale et intelligente. Je ne sais pas d'où lui est venue l'idée, mais ce qui est certain c'est que le pari est réussi

3 étoiles...

Parce que c'est l'une des rares adaptations austeniennes que je n'ai vu qu'une seule fois et dont je n'ai pas envie de revoir L'ambiance était trop sombre pour moi, les personnages ont un côté un peu pervers du coup (Mary et Henry, mais même Fanny) mais je ne saurai pas dire pourquoi.

Enfin quand même, certaines prises de vue sont très belles, et la musique aussi.

Je suis tout à fait d'accord avec Popila . En même temps je lui avais chaudement recommandé l'adaptation.

Selon moi ce film est l'un des rares à avoir su rendre l'ironie mordante de Jane Austen. Les scènes de présentations des personnages, la mort de Mr Norris sont pour moi des moments particulièrement réussis. Fanny Price en voix-off distille un humour féroce, alors qu'à l'écran les images sont en décalage, ou accentue le cynisme des commentaires.

Rozema, qui a parfois été accusée de n'avoir pas lu le roman, a fait un énorme travail de recherche sur Jane Austen. Son scénario est très riche. Le film reprend Mansfield Park mais également la correspondance de l'auteur et des extraits des récits de jeunesse dont Amour et amitié (que j'adule totalement ). J'aime d'ailleurs tout particulièrement la scène où la jeune Fanny Price raconte à sa petite sœur des récits totalement romanesques et absurdes.

Le film est émaillé de références critiques : la question de la traite des noirs par la famille Bertram a fait l'objet de nombreuses thèses, l'influence de Sterne (la métaphore de l'oiseau qui est enfermée dans une cage tout comme Maria est enfermée dans son mariage), les figures ambigües des Crawford.

J'aime également beaucoup certains partis pris comme la sobriété des décors, voir leur froideur qui évoque, comme l'a dit Popila, l'absence de morale de la famille. Il me semble que c'est également une manière d'éviter de trop mettre en avant les beaux paysages, les beaux costumes, et les beaux décors pour se concentrer sur l'humour acerbe, ou la critique sociale. Bien entendu l'un n'empêche pas l'autre, mais c'est un choix intéressant.

Tout à fait d'accord avec toi, Damien, et en particulier avec le dernier passage de ton intervention qui rejoint ce que disait Fearles un peu plus haut.

Fearless a écrit:

La réalisation est beaucoup plus sombre. Dans tous les sens du termes : que ce soit la lumière ou même l'ambiance. Chez Patricia Rozema, Mansfield Park a l'air d'une demeure totalement délabrée, il y a peu de meubles, de lumière. On n'a pas l'impression que les Bertram sont riches... Mais bon, d'un certain côté, ça renforce la noirceur de l'atmosphère.

J'ai lu une analyse de ce film qui mettait en lumière l'aspect gothique de la réalisation, dans le sens où l'action se déroule dans un château labyrinthique et délabré, et que ce genre de motif est monnaie courante dans les romans gothiques du XIXème siècles rédigés par Horace Walpole et Ann Radcliffe. C'est une dimension particulièrement flagrante entre le moment où Fanny veille sur le frère aîné d'Edmund et le moment où elle fait irruption dans la chambre où se trouvent Henry et Maria.

Je n'ai pas revu cette adaptation depuis que j'ai lu le roman mais je me souviens que je l'avais adorée... en tant que film.
Je lui ai mis quatre étoiles parce qu'en tant qu'adaptation ça me semble rajouter quelque chose au roman de Jane Austen et en cela le trahir. C'est à la fois plus drôle plus sombre, plus moderne. En fait, ça me plaît beaucoup, parce que j'ai souffert à la lecture de Mansfield Park ^^, mais c'est une adaptation très libre finalement .

Disons que ce film pose des questions intéressantes sur la notion d'adaptation. Je pense que Rozema a voulu s'approprier l'œuvre de Jane Austen pour en faire quelque chose de très personnel. Du coup elle change la vision de la société proposée par Jane Austen.

4 étoiles.

Au début j'ai été un peu décontenancée des libertés prises avec le roman, mais au bon du compte ça ne m'a pas vraiment gênée. Ce que j'ai apprécié surtout c'est le dynamisme de cette adaptation, grandement servie par l'actrice principale!

Je suis tombée l'autre jour sur un album photos facebook très fourni :  Ca donne envie de se concocter un petit look !

En effet!! Il y a de chouettes photos!

Je suis un peu partagée, je n'aurais pas dû le regarder juste après ma lecture du roman, parce que ce n'est en effet pas une adaptation.

Déjà, il y a des choses que je n'ai pas aimées : au départ, il y a trop de caméra à l'épaule, ce que je ne supporte pas parce que ça me donne mal au coeur et en plus, je trouve que cela fait affreusement daté aujourd'hui.
Ensuite, avoir James Purefoy dans un film et ne s'en servir que pour qu'il passe son temps à vomir, c'est du gachis !
Je ne trouve pas le thème de l'esclavage inintéressant, mais je le trouve mal exploité dans le film.
Enfin, je n'ai pas aimé ce que devient Henry Crawford et surtout le fait que Fanny / Jane accepte la proposition et dise non le lendemain, parce que cela lui donne une excuse

Spoiler:

Sinon, j'ai beaucoup aimé le casting et notamment dans les seconds rôles : Harold Pinter   Je n'ai jamais aimé Embeth Davitz donc je la trouve très bonne en Mary Crawford. J'ai trouvé Hugh Bonneville excellent en Rushworth.
Le mélange Fanny / Jane ne m'a pas trop dérangé.

Je me retrouve beaucoup dans ton avis.

Citation :

Je suis un peu partagée, je n'aurais pas dû le regarder juste après ma lecture du roman, parce que ce n'est en effet pas une adaptation.

Zut, si j'avais su que tu avais l'intention de voir le film juste après avoir lu le roman, j'aurais essayé de t'en dissuader    J'ai découvert le film avant le roman pour ma part, je ne sais pas si je l'aurais autant apprécié si j'avais fait le contraire ...

Citation :

Ensuite, avoir James Purefoy dans un film et ne s'en servir que pour qu'il passe son temps à vomir, c'est du gachis !

A qui le dis-tu   ...

Shelbylee a écrit:

Ensuite, avoir James Purefoy dans un film et ne s'en servir que pour qu'il passe son temps à vomir, c'est du gachis !

C'est pas faux !   

Qu'est-ce que tu as pensé des deux acteurs principaux ?

Je les ai bien aimés. Frances O'Connor était très bien. J'ai préféré Johnny Lee Miller là que dans Emma.

Je suis donc la seule à ne pas avoir aimé cette "adaptation"?
Plus que "pas aimée", je l'ai détestée.

Pourquoi s'appeler Mansfield Park quand on est si loin du livre, si loin de son héroïne, si loin de tout à mon sens.
Fanny n'est pas du tout cette fille décidée et pleine de vie. D'accord c'est plutôt Jane Austen ou l'idée que la réalisatrice s'en fait.
Adapter ne veut effectivement pas dire respecter à la virgule près, mais là tout de même, sérieusement!
L'interprétation est très bien rien à dire et c'est même plutôt bien réalisé. J'ai aimé la froideur de la demeure notamment.

Quant à la question de l'esclavagisme, peut être, sans doute même... mais moi quand je regarde un period drama, surtout un Jane Austen, je n'ai pas envie de voir ça. De même que je n'ai pas envie de savoir que les personnages étaient sans doute racistes et antisémites, ou que le capitaine Wentworth va peut être périr à la guerre ou encore que Lizzie ou Emma vont probablement mourir en couches très vite après leur mariage...
Je suis sans doute une incorrigible sentimentale et j'ai une conscience politique, assez aiguisée même, mais je n'ai pas envie qu'elle vienne se nicher là, là où je m'évade et rêve...

Je viens de regarder Mansfield Park version 1999 dans le cadre du challenge Costume Drama.

J'ai mis 4 étoiles car j'ai apprécié le visionnage (vu sur yout***e en Anglais sans sous-titre j'ai compris sans difficulté ), mais pour moi ce n'est pas vraiment une adaptation de Mansfield Park, c'est une plus une variation de Mansfield Park. Il y a effectivement la trame globale qui est respectée, l'orpheline Fanny Price qui est hébergée par son oncle Lord Bertram et l'on suit son évolution. Mais effectivement il y a un véritable partis pris de la réalisatrice (et j'aime ça) d'avoir voulu proposer sa vision de Mansfield Park, pour moi c'est plus "que se serait-il passé si Fanny Price avait été une héroine forte, si elle avait été un peu plus comme on imaginait J.Austen.

J'ai trouvé la réalisation très léchée, de vrais partis pris dans les décors (une demeure lugubre des Bertram qui part littéralement en morceau, très dépouillée, très loin de l'image d'une demeure du 18ème siècle, la maison des Price m'a fait carrément fait penser à du Dickens et aux bas quartiers de Londres), des partis pris sur les jeux de lumière (la demeuer inquiétante, un grenier poussiéreux où on "place" Fanny à son arrivée, Lord Bertram qui apparaît toujours sur l'osbcurité, par derrière, il y a quelque chose d'assez mystérieux et menaçant dans le personnage).

Il y a des plans savoureux, et j'ai complètement retrouvé l'ambiance et l'ironie mordante du livre, peut-être plus marquée même que dans le livre d'ailleurs.

Spoiler:

J'ai beaucoup aimé une scène en particulier

Spoiler:

Il y a d'autres inserts que j'ai peut-être moins apprécié dans le visionnage: le rajout de sexe (scène où l'on voit Mary Crawford qui caresse Fanny qui est trempée jusqu'aux os, ce n'est que sous-entendu mais plutôt marqué j'ai trouvé), l'extrait des lettres de J.Austen dictées face caméra par Fanny, j'ai trouvé ça un peu lourd (à force d'être répété, carle procédé est répété 3 ou 4 fois si je ne me trompe pas et une fois aurait été suffisant).

J'ai trouvé l'ensemble du casting impeccable, avec une mention plus pour les Crawford, que j'ai trouvé du coup moins vénéneux que dans d'autres versions (Marie Crawford de 2007 m'avait semblé plus directe), j'ai trouvé Hugh Bonneville parfait en aristocrate crétin, par contre je dois avouer avoir été un peu déçu de l'actrice qui joue Maria Bertram (qui jouait Mrs Forster d'O&P de 1995 si je ne m'abuse), je ne la trouve pas très avenante alors que dans le livre, elle est décrite comme réellement belle à qui Fanny ne peut faire aucune ombre...

J'ai plutôt passé un agréable moment, le plus gros changement pour moi c'est bien sûr Fanny en elle-même, elle est belle, indépendante, limite féministe par moment, c'est peut-être comme cela qu'on imaginerait une Fanny Price de nos jours, voilà pourquoi j'ai mis 4 étoiles

Merci pour ce compte-rendu très intéressant !
J'aime bien le terme que tu utilises au sujet de ce film, c'est vrai qu'on peut davantage la considérer comme une variation que comme une adaptation en tant que telle.
En tant que variation justement, le film offre des pistes de lecture intéressantes sur le roman et propose une vision de l'oeuvre originale qui donne matière à discussion. Pour ma part, cette vision m'a convaincue mais je peux comprendre qu'elle déplaise.
Je suis d'accord avec tout ce que tu dis au sujet de la mise en scène. Il y a de belles idées même si certains effets peuvent paraître maladroits.
J'aime beaucoup le Henry Crawford de cette version (le meilleur à ce jour pour moi). Il faut dire que j'ai un faible pour Alessandro Nivola dans ce rôle.
Quant à Mary, même si je l'aime bien aussi dans cette adaptation, ma préférence va à Hayley Atwell.

J'aime beaucoup ce film. Il est très particulier, a une empreinte bien personnelle et on pourrait dire qu'il est bizarre mais comme disait Baudelaire, le beau est toujours bizarre et c'est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement Beau.
Il est assez sombre pour du Jane Austen mais le roman l'est autant à mes yeux, et c'est ce qui me fait l'apprécier personnellement.

La musique est sublime, surtout le thème principal, qui est utilisé lors du bal. Ce dernier est par ailleurs vraiment réussi : la musique, les personnages qui se déplacent et s'expriment avec grâce, se tournent autour avec lenteur, le mouvement des caméras, les danses sensuelles... Une scène parfaite en tous points.

Le casting en particulier est excellent.
Edmund n'est pas swoonant à proprement parler mais c'est le personnage qui veut ça, et l'acteur a ici le mérite de le rendre absolument adorable. Au lieu d'être un pasteur moraliste assez rigide, il oppose ici ses valeurs et bons principes de moralité aux dévoiements de son entourage.
Par ailleurs, le film évite un écueil primordial en rendant Edmund amoureux de Fanny dès le début, même s'il n'en a pas conscience : la conclusion de l'intrigue avec leur couple en est rendue tout-à-fait naturelle.

J'ai beaucoup apprécié la fratrie Crawford. Ils détonnent clairement dans la société d'époque, sont particulièrement modernes et même provocants : ils donnent même l'impression d'être les éléments perturbateurs du récit lors de l'épilogue.

La tante Norris est quant à elle parfaite, et la scène de la mort de son mari est extrêmement savoureuse, digne de l'humour parfois cruel de Jane Austen.
Maria manque malheureusement de beauté pour être digne du roman, c'est dommage. Il me semble que Julia est l'interprète de Molly dans Femmes et filles non ?

La jeune Fanny est très convaincante et attachante, et la Fanny adulte me plaît beaucoup. Elle est peu fidèle à l'héroïne du roman, puisque inspirée de l'autrice mais le résultat final rend très bien, est très créative, d'autant que la réalisatrice, forte de sa connaissance de l'autrice, intègre les œuvres de jeunesse de Jane dans son film.
Elle fait d'ailleurs l'objet d'une opposition entre la beauté et l'esprit, élément important du film : alors que tout le monde commence à valoriser sa beauté, elle semble humiliée d'être considérée sous ce seul aspect plutôt que d'être appréciée pour son esprit. Elle fait un parallèle amer et criant de vérité entre la condition féminine et l'esclavage, et la scène de lecture de Crawford illustre la lutte de Fanny, avec l'oiseau qui cherche à se libérer. Toutefois elle ne cherche à renverser l'ordre établi ou à détruire les rôles prescrits par la société, seulement à améliorer sa situation dans certaines limites : en cela elle m'évoque fortement Jane Austen, qui restait Tory malgré tout. Le parallèle me semble plus fort encore avec la demande en mariage acceptée sans amour un jour et rejetée le lendemain après une nuit de réflexion.

Concernant les aspects plus sombres du film, cette adaptation fait une part plus importante à l'esclavage que dans le roman et le montre sans fard, bien que cette réalité semble bien éloignée des salons anglais du XIXème siècle. Sir Thomas est d'ailleurs montré sous un jour cruel et les dissipations de Tom trouvent une justification. La position nuancée des personnages à ce propos me semble d'ailleurs assez crédible : Edmund, sans défendre cette pratique, fait remarquer qu'ils en vivent tous.
Portsmouth est aussi montré sans complaisance : non seulement la maison est petite, peu meublée et sombre, mais en plus elle est extrêmement sale, au point d'avoir des insectes.

Mansfield Park est quant à lui à moité délabré, assez dénudé et tout ça, couplé au personnage de Lady Bertram qui passe son temps à dormir sous l'effet du laudanum, donne une atmosphère assez éthérée et hors du temps et de la société.

En bref un film que je recommande, qu'on ait vu ou pas le roman. Certes ce n'est pas l'adaptation la plus fidèle, elle prend de grandes libertés avec l'oeuvre originale, mais le travail réalisé est extrêmement intéressant et intelligent.