Vous le savez peut-être,
Les 101 Dalmatiens, avant d'être un succès de Disney, a été un roman écrit par l'anglaise Dodie Smith en 1956. On doit également à cet auteur
I Capture the castle (
Le Château de Cassandra).
Je crois qu'il n'est pas utile de poster un synopsis de ce roman. J'imagine que tout le monde ici connaît son histoire ...
Je vais donc de suite poster mon avis ! Je préfère vous prévenir, il est assez long. Je ne pensais d'ailleurs pas que j'aurais autant à écrire sur ce roman !
On ne peut pas dire que Disney sache ce que fidélité à l'oeuvre originale signifie. En témoigne la quasi totalité de leurs adaptations de contes et autres romans pour la jeunesse. Pourtant, en refermant le roman de Dodie Smith, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'en adaptant, en 1961,
Les 101 Dalmatiens, ils avaient fait un travail absolument remarquable.
Ceci dit, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. C'est un livre charmant, plein de verve, d'humour et d'émotion. Il se présente avant tout comme un roman d'aventure efficace, avec de nombreux rebondissements à la clef mais il est aussi et peut-être avant tout une fable drôle et touchante où l'auteur a très certainement souhaité exprimer son amour des chiens.
Sa plume est encore une fois très élégante. On reconnaît sans mal la puissance de l'imagination et la fantaisie qui caractérisait déjà
I Capture the castle, écrit 7 ans plus tôt. Même si ce roman s'adresse assez clairement à un public jeune, les lecteurs adultes peuvent aussi y trouver leur compte.
Bien que l'adaptation ait selon moi réussi à garder l'esprit du livre, elle diffère néanmoins sur pas mal de points :
Attention : spoilers !- la charmante scène d'introduction où Pongo regarde par le fenêtre les passants sur le trottoir d'en face et où, le spectateur remarque, amusé, que les chiens ressemblent beaucoup à leur maître ne figure pas dans le roman
- les Dearly se connaissent déjà au début du livre. Le lecteur n'assiste donc pas à leur rencontre. C'est un peu dommage, c'est une scène tellement adorable dans le film
(et puis, que Pongo en soit l'auteur était une sacrément bonne idée !)
- Il y a pas moins de 2 Nanny dans le roman : Nanny Marmite et Nanny Plumeau. Le couple n'ayant pas voulu se séparer de l'une d'entre elles, elles vivent à leur côté et contribuent grandement à la bonne marche du ménage.
- Ici, la femme de Pongo s'appelle Missis, et non pas Perdita. En fait, Perdita est une autre chienne, une nourrice à laquelle les Dearly feront appel pour aider Missis à allaiter ses 15 petits. Il est intéressant de noter que ce personnage n'apparaît pas dans le film d'animation mais que son nom (emprunté à une pièce de Shakespeare) a été conservé.
- Mr Dearly apparaît comme bien plus riche dans le roman. Alors qu'on soulignait à de nombreuses reprises ses problèmes financiers dans le film (il est artiste), dans le livre, il n'en est nullement question !
- Cruella de Vil (Diabolo dans le roman) est marié à un petit homme insignifiant, fourreur de son état. Elle a une chatte, qui s'avèrera une alliée de poids pour nos dalmatiens un peu plus tard dans le récit. A part ça, elle est en tous points semblable à celle du film.
- Les aventures des Dalmatiens sont bien plus longues et périlleuses dans le roman. Ici, la folle équipée de Pongo et de Missis pour sauver leurs enfants et les autres petits dalmatiens s'avère plus dangeureuse. Il rencontre aussi plus d'alliés (un charmant petit garçon du nom de Tommy pour n'en citer qu'un) et d'ennemis (des bohémiens, un vilain petit garçon). Dodie Smith montre qu'elle sait à merveille nouer un drame et distiller du suspens.
- Il y a un autre aspect du roman qui m'a absolument séduite : nos héros croisent sur leur route plus d'être humains que dans le film. Certains sont vils, d'autres au contraire sont des maîtres affectionnés. D'ailleurs, la plupart des chiens les appellent "mes chéris". J'ai particulièrement aimé la scène où un vieil épagneul montre son affection à son vieux maître, un aristocrate grabataire. C'est sans conteste l'un des passages les plus touchants et réussis du roman.
MAIS (oui, il y a un mais et pas des moindres
), un aspect du roman m'a profondément gênée. Je ne sais pas trop quoi en penser. C'est pour cette raison que j'ai hâte de pouvoir en discuter avec d'autres lecteurs. Certains passages m'ont paru sexistes. Je ne plaisante pas. J'ai rapidement tiqué mais j'ai continué ma lecture en me disant que j'étais peut-être paranoïaque... Mais d'autres passages m'ont laissée cette même drôle d'impression. Je ne les ai pas notés mais ils portent tous (du moins, il me semble
) sur le couple Pongo / Missis. A de nombreuses reprises, Dodie Smith aime à répéter combien Pongo est un chien brillant et qui apprend vite et combien, à contrario, Missis est faible et assez niaise (il faut bien l'avouer). Je me souviens plus particulièrement d'une scène où elle n'arrive pas à différencier sa droite de sa gauche. Elle se voulait sans doute humoristique mais elle m'a mise mal à l'aise.
J'ai parcouru un peu le net pour voir si d'autres lecteurs avaient eu la même réserve que moi. Sur Goodreads, je suis tombée sur cet avis très critique mais qui, à mon sens, n'est pas loin de la vérité :
- Spoiler:
This was one of the most sexist books I have ever read. Worse, I first read it when I was ten or so and didn't notice the sexism, which means that its ridiculous list of 'male' and 'female' attributes went into my psyche unchallenged.
According to Dodie Smith, men and male dogs are stronger, don't feel the cold, understand both numbers and words better, have a sense of direction, possess deductive powers, are inventive, loyal and brave.
Women and female dogs can't tell their left from their right after a page of instruction in how to do so, feel proud of not getting lost while heading in a straight line, can't count - even one's own puppies, don't understand either human or dog speech as well as a male dog, get tired about four times as fast as male puppies, are jealous, vain, proud of their clothes, are hysterical, silly, distracted, and generally ridiculous. But they are pretty.
What a steaming pile of crap.
Also, there's a scene of "thieving gypsies", and one can speak either Romany or "normal". Ugh.
I really wanted to like this. It's a charming story, in parts. But it is choc full of blatant, unchecked sexism, and I am boggled that Disney seems to have done a better job than the source.
C'est drôle parce que c'est quelque chose que je n'avais pas du tout senti à la lecture de
I Capture the Castle. La version de Disney a en tous cas gommé cet aspect qui me paraît on ne peut plus suspect ...
Mon avis est enthousiaste sur l'ensemble du roman mais j'avoue qu'il y a quand même de quoi faire grincer les dents. C'est pour cette raison que j'ai mets un gros (gros) bémol sur ce roman.
Le livre est disponible chez Folio Gallimard. Il contient les illustrations d'époque qui sont absolument merveilleuses
Personnellement, j'adore littéralement celle qui figure sur la page de droite, ici :
Il n'est pas utile de le chercher d'occasion, il est encore édité
Avez-vous lu le roman ou vu son adaptation ? Qu'en avez-vous pensé ?
J'ai hâte de pouvoir en discuter avec vous !