Mme de Sévigné : ses lettres

Citation :

Madame de Sévigné, célèbre sans avoir jamais rien publié, demeure sans doute l'écrivain français le plus cité et le moins connu.
Le mariage de sa fille, en 1670, avec le comte de Grignan, le départ de cette fille idolâtrée pour la Provence marquent le début d'une correspondance qui veut d'abord et surtout combler le vide de l'absence.
En marge du Grand Siècle et de ses œuvres d'apparat, les Lettres de Madame de Sévigné sont un peu la conscience intime de son temps. En même temps, au fil des années s'approfondit un de nos plus grands écrivains du " moi ", qu'il n'est pas injuste de placer entre Montaigne et Stendhal. De la mode à la Mort, de Dieu à l'argent, tout se glisse dans la lettre à travers le prisme d'un amour à la fois sombre et lumineux. La raison des classiques y côtoie une imagination souvent fantastique ; la sagesse s'y mêle à la folie, le besoin de séduire à celui de se dire.

Je suis extrêmement déçue de cette lecture. J'en suis rendue à la moitié et le crois que je vais rester là.
Je trouve que sa correspondance n'a pas d'intérêt, qu'elle passe sa vie à regretter sa fille, ce que je pourrais prendre pour un signe de tendresse mais étant très terre à terre, je pense juste que sa fille avait bien de la chance de ne pas avoir le téléphone à l'époque parce que sa chère maman l'aurait à coup sur appelé quatre fois par jour et ça lui aurait sans doute fait péter les plombs. D'ailleurs, j'ai trouvé fort intéressant une note de la préface qui disait que sa fille étonamment (ou pas selon moi) n'était pas venue à son chevet sur son lit de mort.

De plus, elle est médisante (ce qui sans doute était la seule chose à faire l'époque).

Bref, je laisse tomber mais je serai très intéressée de connaître l'avis de celle qui ont aimé.

Moi, j'ai beaucoup aimé. Je précise que je n'ai lu que des extraits de sa correspondance, qui, sinon, est très très très longue.
Les médisances sur la cour de l'époque m'ont assez ennuyée aussi : j'aurais peut-être été amusée si j'avais reconnu les gens, mais entendre des commérages sur des gens que je ne connais ni d'Eve, ni d'Adam, .
En revanche, ses relations avec sa fille m'ont passionnée. Justement parce qu'elle sont complexes et douloureuses. Ce n'est pas une relation simple, bien au contraire, et tout en s'adorant elles ne peuvent pas se côtoyer plus de quelques jours.
J'ai trouvé ça très beau et assez douloureux de lire ces lettres d'une mère à qui sa fille manque terriblement, mais qui ne peut pas passer une semaine en sa compagnie sans se détester mutuellement.

Si on fait le parallèle avec l'époque moderne, c'est sûr que la marquise semble exactement le type de mère à appeler 4 fois par jours (on dirait la mienne ). Mais c'est que la séparation est extrêmement brutal : dès son mariage, sa fille part à l'autre bout de la France, et elles ne se revoient plus que quelques fois, et à chaque fois pour des temps très limités. Ça devait être terrible d'abandonner les siens de cette manière...

C'est peut être parce que j'ai choisi la version "dense" que j'en ai marre.

Bon pour moi, cette lecture est terminée et elle m'a vraiment assommée. Je ne sais pas ce qui m'a le plus désespéré, voir que j'ai du le lire en 4ème (j'ai vu mon nom à l'intérieur marqué 4èmeB à côté) et que je m'en souvenais plus ou ne pas réussir à trouver de l'intérêt à cette lecture. Mme de Sévigné aurait été une personne qui ne m'aurait pas plus, je pense, et radio potin que l'on trouve dans toute ces lettres m'a assommé. Bref, je suis déçue et contente d'en avoir terminé.

J'ai lu les lettres de Madame de Sévigné qui datent de 1671, donc qui suivent le mariage de sa fille et son départ pour la Provence. J'ai trouvé cette lecture très intéressante ; certes, certaines lettres ne présentent pas beaucoup d'intérêt au niveau du contenu, mais les deux femmes s'écrivent régulièrement (deux fois par semaine, sachant que la poste ne fonctionne pas toujours bien à cette époque et que certaines lettres sont perdues), et elles n'ont pas toutes les semaines des foules de choses intéressantes à se raconter.

La relation qui les lie est complexe, comme l'a dit Akina avant moi, et aux propos de laquelle je plussoie :

Akina a écrit:

En revanche, ses relations avec sa fille m'ont passionnée. Justement parce qu'elle sont complexes et douloureuses. Ce n'est pas une relation simple, bien au contraire, et tout en s'adorant elles ne peuvent pas se côtoyer plus de quelques jours.
J'ai trouvé ça très beau et assez douloureux de lire ces lettres d'une mère à qui sa fille manque terriblement, mais qui ne peut pas passer une semaine en sa compagnie sans se détester mutuellement.

C'est très étonnant d'entrer ainsi dans l'intimité d'une famille, sachant que l'on n'aura jamais accès aux lettres de la fille de Madame de Sévigné (même si le lecteur peut par moment en imaginer le contenu et le ton). C'est par moment de véritables déclarations d'amour qu'elle lui adresse, très lyriques, et c'est surprenant dans la bouche d'une femme qui vit à l'époque classique, où les écrivains ne sont pas spécialement réputés pour leurs épanchements sentimentaux (à part Racine, peut-être, mais qui pratique l'art de la litote et de l'ellipse). Madame de Sévigné m'apparaît presque comme Romantique avant l'heure.  

Certains aperçus sur la cour, la Bretagne, la Provence, sont très amusants ; tantôt Madame de Sévigné vit en solitaire, tantôt elle fréquente le monde. Elle peut être extrêmement drôle, même si c'est parfois aux dépends des autres (rarement, ceci dit ; je m'attendais à pire). Son fils, qui mène la vie d'un débauché, m'avait l'air d'être un sacré numéro ; ses conversations avec sa mère valent leur pesant d'or. On côtoie Louis XIV (de loin), Madame de La Fayette, Monsieur de La Rochefoucauld, et quelques autres. On découvre les lectures de Madame de Sévigné, ses goûts littéraires. On approche au plus près de l'intimité de sa personne. C'est quelqu'un qui connaît la vie, qui a fait de sa fille le centre de son univers, et qui vit mal son départ (je peux me tromper, mais j'ai eu le sentiment que Madame de Sévigné, au fond, vivait très bien son veuvage, qui la laisse assez libre).

En somme, cette immersion dans ses lettres (merveilleusement écrites) constitue une expérience littéraire unique et enrichissante.

@Popila: je suis d'accord avec ce que tu dis. J'avais beaucoup aimé ces lettres et l'écriture de Mme de Sévigné.