Maison des rumeurs de Colm Toibin

Présentation de l'éditeur : Après le sacrifice de sa fille, une mère fomente la mise à mort de l’assassin. Enragée, elle crie sa joie de venger son enfant. Puis son fils est enlevé et passe des années en exil où, dans un douloureux monologue intérieur, il revit le meurtre de sa soeur. Au foyer, il ne reste qu’une fille, obsédée jusqu’à la folie par la place démesurée qu’occupent les disparus dans le coeur de leur mère.
Clytemnestre, Oreste, Électre. Ils mêlent leurs voix en un choeur tragique pour raconter ce drame : l’assassinat d’Iphigénie par son père en échange d’une victoire à la guerre.
Dans des paysages sauvages qui rappellent les contrées isolées d’Irlande, Colm Tóibín donne aux héros et aux héroïnes du mythe grec une humanité bouleversante, inattendue, qui nous hante longtemps.


J'ai découvert ce roman complètement par hasard, assez intriguée par le sujet qui me rappelait les romans de Madeleine Miller. Et je pense justement que c'est là que le bât blesse : je m'attendais à quelque chose d'aussi excellent que Circé ou Le Chant d'Achille et malheureusement Maison des rumeurs souffre de la comparaison. D'autre part, j'ai encore quelques souvenirs de l'Électre de Jean Giraudoux étudiée au lycée et je trouve que le roman de Colm Toibin y ressemblent beaucoup par moments, notamment les passages où on suit Électre. C'est dommage car je pense que Maison des rumeurs aurait gagné à jouer plus la carte de l'originalité, à revisiter ou apporter une touche plus personnelle à ce mythe grec. Bon et je n'ai pas du tout vu la comparaison avec l'Irlande évoquée par l'éditeur, mais passons (les résumés des éditeurs font souvent des parallèles bizarres).

Colm Toibin propose cependant ici un postulat intéressant, celui de suivre alternativement les points de vue de Clytemnestre, Oreste et Électre et avoir ainsi une vue d'ensemble des événements, connaître les pensées de chacun et dans le cas des enfants, voir comment ils vivent ces événements tragiques. La manière dont l'auteur dépeint les ravages et les horreurs de la guerre est un autre atout, tout comme celle de montrer comment des enfants témoins et victimes des actes de leurs parents sont marqués par cela (c'est surtout le cas chez Oreste). Du coup, c'est vraiment dommage que l'auteur n'ait pas plus joué la carte de l'audace en développant plus son roman sur ces aspects.

@Sandie
Merci pour cette présentation, même si je ne vais pas forcément le lire. Et puis j'aurais le même problème que toi, j'aurais  moi aussi envie de le comparer aux livres de Madeline Miller  
C'est dommage car j'aime bien cet écrivain, Brooklyn m'avait beaucoup plu.

Citation :

Puis son fils est enlevé et passe des années en exil où, dans un douloureux monologue intérieur, il revit le meurtre de sa soeur

Le côté "monologue" ne m'attire pas du tout.

Citation :

La manière dont l'auteur dépeint les ravages et les horreurs de la guerre est un autre atout, tout comme celle de montrer comment des enfants témoins et victimes des actes de leurs parents sont marqués par cela (c'est surtout le cas chez Oreste).

Cela me paraît être l'aspect le plus intéressant de ce livre.

Diana a écrit:

@Sandie
Merci pour cette présentation, même si je ne vais pas forcément le lire. Et puis j'aurais le même problème que toi, j'aurais  moi aussi envie de le comparer aux livres de Madeline Miller  
C'est dommage car j'aime bien cet écrivain, Brooklyn m'avait beaucoup plu.

Pareil, j'avais adoré Brooklyn donc j'étais hyper enthousiaste pour celui-ci et finalement, ça n'a pas marché outre mesure.

Diana a écrit:

Citation :

Puis son fils est enlevé et passe des années en exil où, dans un douloureux monologue intérieur, il revit le meurtre de sa soeur

Le côté "monologue" ne m'attire pas du tout.

En relisant la quatrième de couverture, je me rends compte que ce passage est complètement faux... Ou du moins je ne vois pas vraiment à quoi cela fait référence dans le roman
Il y a certes toute une partie où Oreste est en exil dans deux autres garçons mais il ne pense pas particulièrement à Iphigénie, plutôt à ce qui s'est passé dans sa famille en général mais surtout à sa relation à des garçons en particulier. Du coup, c'est dommage de l'avoir présenté comme ça car c'est à la réflexion mon passage préféré du roman et je ne l'aurais pas du tout décrit comme ça.

J'ai bien aimé ce livre de Colm Toibin sans que cela ne soit un coup de cœur.

Le côté assez froid du style et des personnages m'a un peu déstabilisée au début.
On commence abruptement avec Clytemneste qui vient assassiner Agammemnon et ses souvenirs de la mort de sa fille Iphigénie.
L'auteur nous fait vivre son ressenti quand elle arrive auprès de son mari avec Iphigénie pour ce qu'elles croient être le jour du mariage de cette dernière avec Achille avant le commencement de la guerre de Troie.
Le récit des jours et des heures précédents la mort de sa fille est bien écrit, mais mélé de sentiments de vengeance qui m'a empeché de ressentir de la tristesse pour Clytemneste.

Les chapitres où on la suit à Mycène m'ont paru plus intéressants, notamment avec le personnage d'Égisthe et sa relation avec lui.
Sa relation avec ses enfants est aussi intéressante car elle se rend compte qu'Electre lui en veut pour la mort de sa soeur, mais ne fait pas l'effort de lui expliquer ce qui s'est passé.

De façon surprenante, ce sont les chapitres consacrés à Oreste qui m'ont le plus plu et que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt.
Connaissant peu le personnage, je ne connaissais pas du tout son sort après le retour de son père et j'ai été surprise de son exil/kidnapping avec les enfants et petits enfants des Elders (je ne sais pas comment cela a été traduit en VF).
J'aime beaucoup sa relation avec Leander et Mitros et le fait qu'ils vivent ensemble au loin pendant plus de 5 ans sans que personne ne les trouve.
Son retour est aussi très bien rendu, notamment ses retrouvailles avec sa famille et la méfiance de tous les autres.

Electre m'a un peu moins intéressée, surtout quand on se rend compte, avec Oreste, qu'elle se comporte comme sa mère assez rapidement.

@Sandie
As-tu été surprise par la fin du roman?

Spoiler:

@ Diana : c'est vrai que cette fin est très bizarre, car elle finit un peu en laissant pas mal de choses en plan...
Je n'avais pas plus frustrée que ça cependant car j'ai eu l'impression que l'auteur s'intéressait surtout aux relations entre Electre, Oreste et leur mère Clytemnestre. Du coup, ça m'a semblé assez logique que le roman s'achève sur

Spoiler:

@Sandie
Cette fin que je considère bâclée m'a gênée car je trouvais le personnage d'Oreste très intéressant, donc ne pas savoir ce qu'il advient m'a un peu énervé..
Je suis toute de monde contente de l'avoir lu, il m'a tout de même bien plu.

Par contre, les parallèles, s'ils existent, avec l'Irlande, me sont passés au dessus de la tête Je n'ai rien remarqué..